[CHAPITRE3]

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Son regard me trouble, J'ai l'impression de l'avoir déjà vu. Mais en même temps je me dis que si j'avais déjà vu cet homme je m'en souviendrais. Il est certes beau, mais il n'arrive pas à la cheville de l'homme de mon rêve, ou plutôt cauchemar. Je ne sais plus.

Cela fait un certain temps que je suis là, plaquée sur le mur du réfectoire, prisonnière de cet inconnu.

Il me regarde et semble dans ses pensées en même temps.

J'essaye donc de me dégager de sa prise le plus doucement possible. Mais un bruit provenant de la porte que j'ai emprunté il y a quelques temps nous provient. Le garçon dont le nom m'est toujours inconnu, resserre sa prise sur mes membre, me faisant lâcher un juron ainsi qu'un petit gémissement de douleur.

Lorsque sa tête tourne vers le bruit, des claquements de talons résonnent dans la pièce. La directrice n'a pas dû accepter le fait de ne pas être au centre de l'attention du jeune homme.

Celui-ci retourne sa tête vers moi, l'expression du visage neutre toujours aussi neutre, mais cette fois ci, je vois de l'agacement dans son regard.

Lorsque je regarde la directrice je remarque que son haut est sale et que sa veste est un peu déchirée au niveau de la jointure de la manche et de l'épaule.

Lorsque mon regard se reporte sur mon bourreau, j'aperçois un petit sourire malicieux qui orne son visage. Je remarque alors que son visage ne comporte aucune imperfection. Sa peau est légèrement hâlée et va merveilleusement bien avec le sombre de ses yeux.

Il dessert l'emprise qu'il exerce sur mes poignet et se met face à l'autre femme présente de la pièce.

Sans parler, la directrice se dirige vers son bureau faisant signe à l'inconnu de la suivre. Sans un bruit, il la suit et ils s'enfoncent tous les deux dans le corridor sombre.

Je me retrouve alors seule dans cet endroit. Je reprends alors doucement le cours de mes pensées et essaye de comprendre ce qu'il vient de se passer. Après avoir repris l'entièreté de mes esprits, je me dirige à pas lent vers la petite pièce qui me sert de chambre.

Une fois arrivée, je me dirige vers la source de lumière et regarde à travers la petite fenêtre à barreaux.

Le ciel est plus sombre que ce matin à mon réveil.

Lorsque je commence à doucement partir dans mes pensées, l'ouverture de ma porte me fait vite revenir sur terre. Habituellement, personne n'entre dans ma chambre, je me retourne et vois une surveillante se tenir à l'entrée, une valise à la main.

Lorsque je la regarde, je remarque qu'elle me regarde d'un air désolé. Avant même qu'elle n'ouvre la bouche, je comprends la situation dans laquelle je me trouve. J'ai déjà vu cette scène plusieurs fois, cette situation arriver à beaucoup d'orphelins. Je viens de me faire adopter.

Non, non, non, non, non, non, non, non, ce n'est pas possible. J'ai tout fait pour que ce jour n'arrive jamais. Il n'y a pas longtemps, la directrice m'expliquait que j'allais partir de cet enfer pour commencer ma vie d'adulte. Que j'allais avoir un studio, un travail, une vie. J'allais enfin pouvoir faire ce que je voulais et tout vient de s'écouler. En un seul regard, en une seule action.

Ça ne se peut pas, ce n'est pas possible. Pas maintenant s'il vous plaît. La surveillante voyant l'expression d'énervement sur mon visage pose doucement la grosse malle sur le matelas de mon lit et part sans faire de bruit.

Avec rage, je m'approche de la malle et trouve déjà dedans quelques vêtements ne m'appartenant pas. Ce doit être des vêtements de l'orphelinat, une sorte de cadeau de départ.

Je me dirige vers ma petite commode qui n'est remplie qu'à moitié et prend son contenue pour le mettre dans la valise. Je prends ensuite les affaires qui trônent sur mon bureau et les met soigneusement dans le deuxième compartiment de la malle.

Lorsque j'ai terminé, je fais le tour de la petite pièce pour voir si je n'ai rien oublié. Lorsque j'ai tout vérifié, je boucle ma valise et me dirige vers la porte. Une fois dans le couloir, je ne jette même pas un dernier regard à ma chambre, je ne vois pas à quoi ça servirait puisque je ne me sentait pas chez moi ici et depuis toujours, lors des changements de chambres, je ne regardais jamais derrière moi, pour ne pas rester dans le passé. Maintenant c'est un peu la même chose, mais je ne serais plus dans cet orphelinat. Je serais dans une maison, avec une famille, ma nouvelle famille. Rien que penser à cela me dégoûte.

Je chasse ses pensées et traverse rapidement les couloirs que je connais maintenant depuis presque dix-huit ans.

Je ne fais pas attention aux regards que me jette les autres enfants pour ne pas voir les expressions qu'ils affichent. Je ne veux pas savoir si mon départ imprévu les réjouis ou les tracasses.

C'est à grands pas que j'arrive devant le bureau de la directrice. Je signale ma présence en toquant à la porte. Après quelques minutes interminables pour moi, la porte s'ouvre. Un surveillant m'ouvre et me demande de laisser la valise dans le couloir, de rentrer et de m'asseoir sur une des chaise libre. Ce que je fis rapidement pour ne pas me faire reprendre par ses adultes.

Une fois fait, je remarque alors une personne assise à côté de moi.

Lorsque je remonte mon regard au sien, je n'en crois pas mes yeux.

Alors c'est cette personne qui m'a adopté et qui a foutu mes tristes plans de vie en l'air.

Je ne peux m'empêcher de montrer mon dégoût aux personnes présentes.

La directrice alterne son regard entre l'homme et moi. En ayant soit un regard rempli de désir et d'envie, soit un regard rempli de dégoût et d'amertume.

Je détourne la tête pour ne plus croiser son regard sombre. Mais je tombe sur le haut de la directrice qui, je ne sais comment s'est changée et à trouver quelque chose d'encore plus, comment dire ? Déplacé ? Court ? Décolleté ? Oui je pense que ses mots désignent parfaitement sa tenue extravagante.

Je fini par baisser la tête et je sens soudainement le regard de tout le monde sur moi, ce qui me gêne beaucoup.

Je déteste être le centre d'attention.

Je déteste venir dans ce bureau.

Je déteste voir la directrice.

Je déteste la journée de porte ouvert.

Je déteste cet orphelinat.

Je déteste les enfants de l'orphelinat.

Je déteste être sur cette terre.

Je déteste vivre la galère qu'est la mienne.

Et je déteste surtout cet homme de m'avoir adopté.

Enfaîte.

Je déteste tout simplement ma vie.

Enfin je pense ?

EldeweissOù les histoires vivent. Découvrez maintenant