Reign | Bash & Mary | TERMINÉE

21. La sombre réalité

-Je ressens ton anxiété, mais je n'arrive pas à déterminer ce qui te rend précisément anxieuse?

-C'est parce que je ne le sais pas moi-même.

Bash se rapproche et chuchote :

-Si j'avais été lui, je ne t'aurais pas fait de mal.

Je lève les yeux, Bash croit peut-être que son aventure avec Keena, mon amie, ma confidente, ne me blesse pas autant que la manière dont Francis et moi nous nous traitons.

-Je crois savoir maintenant. Ce sont toutes ces choses dont vous m'avez caché, ces choses que vous faites qui me font sentir exclus. Francis a une maîtresse, Keena m'a mentis, tu m'as mentis. Francis est furieux de mes sentiments pour toi, et je devrais accepter qu'il se ballade devant le peuple avec sa maîtresse. Je sais qu'il le fait parce qu'il sait que je t'aime, et il veut me prouver ou bien me montrer ce que cela fait. Seulement, j'ai toujours renoncé à toi pour lui, pour le blesser le moins possible, je t'ai laissé partir. Maintenant que je t'ai ramené, je sens que Francis ne me laissera pas tranquille pour le restant de mes jours, il trouvera toujours un moyen de me le remettre sur le dos. Pourquoi me font-ils sentir coupable pour des émotions que je ne peux pas contrôler? Pourquoi serais-je la méchante alors que je cherche seulement à être heureuse? Pourquoi n'ai-je pas le droit d'être heureuse...

-Tu as le droit.

Il dépose ses mains sur mes bras et je soupire. Son simple toucher m'apaise.

-Non je n'ai pas le droit. Être heureuse ne fait pas partis de mes tâches en tant que Reine. Si je le suis, mon rôle me retombera dessus et la vie trouvera un moyen de m'en empêcher. Parce qu'il faut l'accepter, c'est ce à quoi je suis destiné.

-Je refuse de te laisser croire de telles sottises.

-Je ne t'empêchera pas de refuser ce en quoi je crois. Sauf que ça ne m'arrêtera pas d'y croire.

En cet instant même, alors que je lui déclare mes plus profonds sentiments, je découvre de la tristesse dans les yeux de Bash qui me scrute. Il sait que je suis sérieuse, et cela l'atteint, car il est concerné.

-Ne serait-ce pas suffisant d'être heureuse avec moi?

-Ce le serais, dans une autre vie.

Je m'écarte et il me laisse m'éloigner sans tenter de me retenir.

-Je suis revenu pour être avec toi.

-Je sais.

-Je ne vais pas te laisser te démolir à cause de ce qu'ils pensent. Nous aurions dû nous enfuir ensemble.

Il commence à faire les cent pas. Il est contrarié et le fait qu'il ne peut pas me réconforter en ce moment l'angoisse.

La seule alternative possible, qui me permettrait en effet d'être épanouis, serait effectivement de m'enfuir avec Bash et de ne jamais revenir. Sauf que ce n'est pas seulement mon devoir envers la France et l'Écosse qui me retiens. Je ne serais pas capable de tourner le dos à Francis, car même si nous nous détestons présentement, il est mon ami et ce serais cruel de l'abandonner alors que nous étions destinés à gouverner et nous marier depuis nos 6 ans. Sauf que je me demande si ce n'est pas le fait d'avoir su depuis toute jeune que je devais me marier et que je devais devenir reine qui m'embrouillerait les idées? Lorsqu'on nous répète étant jeune que l'on doit faire une action particulière parce qu'elle est bonne, lorsqu'on nous l'impose alors même que nous ne sommes pas assez conscients pour se rendre compte que ce n'est pas ce que l'on veut vraiment, on croit qu'on doit le faire.

L'on m'a imposé de marier Francis. Depuis mes 6 ans je le voulais, parce que c'est ce que l'on m'avait mis dans la tête. Sauf qu'après réflexion, je ne l'aurais pas voulu, car autrement je ne serais pas tombé amoureuse de Bash.

Mais maintenant il est trop tard, je tiens véritablement à Francis et je ne sais pas si je serais capable de vivre avec moi-même si je le reniais.

Je passe une main dans mes cheveux, songeuse.

-Si ton destin selon toi est d'être malheureuse, le mien est donc de remédier à cela. C'est pour ça que je suis là, et je vais te rendre heureuse, je te le promets.

Il prend mes mains et me sourit légèrement. Bash est l'homme le plus bon que j'ai connu. Je lui souris timidement en retour. Je sais qu'il réussira, il n'y a pas de doute. Sauf que ces moments risques d'être éphémères. Mieux vaut alors en profiter.

Il dépose ses lèvres sur les miennes et je ferme les yeux. S'il advenait que je le perdre... Non. Je ne laisserais jamais cette hypothèse arriver.