2.Nouvelle Vie

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Je me faufile sous la douche en actionnant l'eau bien chaude et la laisse détendre tous mes muscles.
Cette première journée est convaincante, des collègues agréables, un bon cadre de travail, et surtout ce sentiment de commencer une nouvelle vie, une vie choisie et qui me plait.
Autant que je me souvienne, j'ai toujours rêvé d'être enquêtrice, toute petite déjà je m'imaginais à résoudre les affaires les plus complexes et recoller les morceaux d'histoires.
Malgré lui, malgré ce qu'il a fait, ce qu'il m'a fait, et ce que j'ai enduré ces nombreuses années, ce sentiment de vouloir et pouvoir y arriver ne s'est jamais enlevé de mon coeur, au contraire, il s'est amplifié au fur et à mesure des années.
Si ma vie reste sauve, j'y arriverai... et j'y suis arrivée.

Je décide finalement d'appeler Klara, afin d'éviter la cogite qui s'empresse de venir hanter mon cerveau et aussi folle impatiente de partager ma joie de mon nouveau job avec elle, ma seule et unique amie, la soeur que je n'ai pas eue.

Mais la sonnerie de mon téléphone retentit avant même que je compose son numéro, et c'est justement son nom qui s'affiche sur mon écran.

- Hey, vilaine, tu ne m'appelles même pas pour ta première journée? Rit elle d'un ton se voulant offusqué.

- Trop synchros! Je m'amuse, Allez passes, j'allais justement nous commander des pizzas.

Trois quart d'heures plus tard je me retrouve sur le canapé avec Klara à déguster nos pizzas devant un bon film.

Je lui raconte tout et elle se réjouit pour moi, comme elle l'a toujours fait ces dernières années, depuis notre rencontre à mon arrivée en France suite au périple de ma vie.
Elle sait tout, connait mon vécu, ma douleur, la violence que j'ai vue et vécue et c'est bien la seule.

Après son départ, je décide d'aller me reposer, avec cette nuit éprouvante et cette journée riche en émotions qui m'ont épuisée.

Et cette fois-ci, aucun cauchemar, un sommeil réparateur sûrement du a ma fatigue, et à la satisfaction de mes accomplissements.

Lorsque je me réveille, j'actionne la machine à café et me dirige à la salle de bain.
Je décidé de laisser mes longs cheveux noirs détachés et met juste un trait léger de khol noir sous mes yeux.

Quand j'arrive dans notre petite pièce, Jordi est déjà penché sur un dossier qu'il scrute attentivement.
Au moment où il m'aperçois il le range soigneusement et m'accueille avec deux tasses de café latte.

Nous sommes sur un dossier, une affaire datant de 1950 que les petits enfants de la victime ont réussi à relancer suite à de nouveaux éléments.
C'est un crime qui a à l'époque défrayé la chronique, une femme d'une trentaine d'année retrouvée morte et cela me passionne.
J'apprécie vraiment ce que je fais, et Jordi est vraiment super, c'est un très bon formateur et un vrai passionné, comme moi. Il me raconte quelques anecdotes d'affaires qu'il a pu traiter ces dernières années et j'avoue que je suis impressionnée par ce que l'on peut voir dans une carrière d'enquêteur et suis excitée à l'idée de vivre la mienne.

Voici 03 mois qui sont passés et tout se déroule pour le mieux, que ce soit dans ma vie professionnelle que dans ma vie personnelle, quoi que celle-ci soit on ne peut plus platonique, je l'avoue. Mais je préfère ce calme plutôt que la tempête infernale du passé. Et je compte bien continuer à aller de l'avant.

Concernant l'affaire familiale datant de 1954, il s'avérait que le meurtrier fût être le beau-frère de la victime, celui-ci ayant essuyé un refus de sa part, et étant donné qu'il était marié à la sœur de la victime ceci était resté totalement secret pendant plus de 60 ans. Jusqu'à ce que les petits-enfants de la victime trouvent une lettre dans la maison de leurs grands-parents suite au décès de leur papi.
Cette lettre provenant du tueur, mêlant déclarations d'amour, menaces, haine, et tristesse.
Celui-ci étant décédé peu de temps avant la réouverture du dossier, il avait été jugé et reconnu coupable par défaut pour crime passionnel, ceci aidant toutefois la famille à comprendre ce mystérieux meurtre resté inexpliqué pendant des décennies, et à enfin en faire le deuil.

C'est mon jour de repos et il est vrai que j'aimerai en profiter pour m'occuper un peu de moi, ça fait quelques temps que j'ai besoin de m'acheter quelques vêtements et je propose donc à Klara de m'accompagner.

Attablées dans notre crêperie préférée et nos nombreux achats à nos côtés, mon amie prend notre commande habituelle.

- Une crêpe Nutella banane, un pancake au sirop d'érable et deux viennois s'il vous plait, Sourit elle au serveur.

Puis, elle commence à me taquiner sur le fait que je sois une éternelle célibataire et se moque de moi gentiment en disant que cela ne peut pas durer une éternité quand je lui explique que c'est très bien comme ça.
Je n'ai ni l'envie ni le courage d'ouvrir mon cœur. Pas cette fois, et plus jamais.
Ma meilleure amie comprend de suite à quoi je pense et comme si elle avait lu dans mes pensées elle déclare:

- Je sais qu'il te manque, que tu eprouves du regret pour ce qu'il s'est passé et combien tu y penses chaque jour mais crois moi Mila, ce n'est pas de ta faute, tu n'y pouvais rien et je suis désolée mais...je suis ton amie et donc je me dois d'être franche, je pense que tu ne saura jamais exactement ce qu'il en est advenu alors... vis maintenant.

Je lui souris tendrement, et même si ça m attriste, je sais qu'elle à parfaitement raison.
Ceci dit, je ne compte pas rechercher l'amour pour autant et ma vie me convient parfaitement ainsi.

L'effet MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant