9. K&P

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Paolo est passé prendre Klara vers 20h45 et ils vont sûrement rentrer tard.
Je décide donc de me reposer puis je passe un appel à Jordi qui commence à me manquer.

— Bonsoir Petite! Tu nous manques ici tu sais, surtout au vieux crouton que je suis.
Dit il en riant.

— Vous me manquez aussi, il me tarde de reprendre le boulot avec vous.

— Bon, des nouvelles?

J'avais parlé à Jordi de certains passages de mon passé et surtout de ce que je cherchais en venant ici, en répondant à ses confidences à propos de Tina.

— Tellement de choses... du flou, beaucoup de flou.
Je te raconterai tout en détail en arrivant.
Je souffle dans le combiné puis je lui demande
Dis, l'autre soir j'ai pensé à quelque chose. Le couple d'amoureux qui se trouvait dans le parc le soir où Tina a disparu, on les a questionnés?

— Oui, et moi aussi je t'expliquerais le tout à ton retour, il y a la déposition de l'homme ici.
En tout cas, tu penses à nous même à des kilomètres et ça me touche, Petite.

Nous nous saluons, je lui demande de passer le bonjour à Mariella et Carlie puis je raccroche.

Je commande une pizza que je dévore d'un trait puis je veille devant un film jusqu'à l'arrivée de ma meilleure amie.

— C'était top! Dit elle en passant une lingette demaquillante sur son visage.
Il est absolument génial, ce mec. Beau gosse, drôle, gentil, viril, attentionné, bosseur, cultivé... Le sourire qu'elle avait sur son visage s'efface d'un coup.
Je vais faire comment en France?

— T'en fais pas Klara... Si vous êtes faits pour être ensemble, votre relation résistera à la distance. Et tu n'es qu'à une heure d'avion.

Je la rassure un moment et nous nous couchons.

La nuit, un cauchemar vient troubler mon sommeil.
Je suis dans le petit chemin de Santa Cruz et je cours à toute haleine. Cette fois ci je ne suis poursuivie, non, là c'est moi qui cherche à l'atteindre. Je cours après l'homme que j'aime. L'homme que je n'ai pas revu depuis 08 ans. Celui qui me hante et que je recherche.
Lorsque j'arrive à son niveau, je lui attrape l'épaule puis le tourne vers moi. Et une boule grossit dans mon estomac. Ce n'est plus lui, le regard, c'est toujours le même. Mais l'homme qui me fixe est un peu plus jeûne et il ne me regarde pas de la même façon.
Tout d'un coup, il m'attrape, me plaque au sol et crie:
Attention, seniorita!
C'est une énorme pierre qui passe au dessus de nos têtes et quand je regarde d'où elle provient, je me fige. Papa.

Un sursaut me réveille. Je suis toute tremblante et j'ai du mal à comprendre que je suis dans ma chambre d'hôtel avec ma meilleure amie et que je viens de faire un énième cauchemar.
Je me lève pour boire un verre d'eau et je réfléchis au jeune homme qui à bouleversé ma journée d'aujourd'hui, d'hier puisqu'on est en pleine nuit.
Ce serait bien trop beau qu'il ait un lien avec lui. Pas une coïncidence non, une évidence.
Il lui ressemble tellement et puis la façon dont il m'a fixée n'est pas anodine, Klara l'a elle même constaté sans même savoir.
Et quand d'un réflexe je me suis levée, il a disparu comme par magie, en un claquement de doigts. Comme s'il avait voulu me fuir. Il y a donc bien quelque chose, à moins que je ne devienne parano, ce qui est fort possible aussi.

Je sens une présence derrière moi et des bras m'enlacent.

Encore un cauchemar? Klara me demande en se frottant les yeux.

Hm, et celui-là il était balaise.

Je le lui raconte en détail et lui parle de mon ressenti vis à vis du garçon de tout à l'heure.

— Bien-sûr qu'il y a forcément un lien, c'était vraiment intriguant la façon dont il te regardait. Et puis si tu dis que tu es sûre que c'est le même regard, il y a un truc.

Elle se lève, regarde dans notre petit tiroir qui nous sert de garde manger en cas de fringales puis le referme, visiblement embêtée. Elle regarde l'heure et prend le téléphone fixe de la chambre.

— Bonjour Madame, alors je voudrais un mix de pains au chocolat et croissants, deux chocolats chauds, et deux pancakes au sirop d'érable s'il vous plait!

Je la regarde, hallucinée.

Klara, il est cinq heures quarante huit du matin! Je lui lance d'un air exaspéré, me tenant le front avec un sourire moqueur.

Ah, c'est pour ça qu'elle m'a dit que ce ne serait prêt que dans un quart d'heure, alors !
Dit elle en faisant mine d'ignorer ma moquerie.

Non seulement elle est barge, mais en plus c'est un estomac sur pattes.

À six heures passées du matin nous savourons notre copieux petit déjeuner puis après avoir débarrassé, nous nous rallongeons devant un film. Et sans avoir le temps de s'en rendre compte, on s'assoupit.

Lorsque j'ouvre un oeil, je m'aperçois que le radio réveil affiche 13h.
Je file à la douche et quand je ressors, Klara se réveille en silence.
Elle se prépare à son tour et nous sortons sur la côte.
Malgré notre petit déjeuner nocturne nous avons faim toutes les deux et nous nous arrêtons dans un restaurant sur la plage.

Nous choisissons un petit plateau de palourdes à partager ainsi qu'une coquille Saint-Jacques gratinée chacune.

Après notre festin nous nous baladons sur la plage tranquillement.
En discutant nous nous rendons compte qu'il ne reste que deux jours avant notre retour en France.

— Je vais embarquer Paolo dans ma valise, je crois. Dit Klara en faisant la moue, les bras croisés.

— Allez, je t'ai dis, ça ira! Il en pense quoi lui?

Un petit sourire gêné se feint une place sur son visage.
— Ben euh... il dit que ça marchera, que nous nous verrons tous les week-ends, il est prêt à faire la moitié des déplacements, voir plus.
Je ne vois vraiment pas pourquoi tu t'inquiètes dans ce cas. Paolo est quelqu'un de bien et je pense qu'il est sincère avec toi.

— Merci. Elle me répond timidement.

A mon tour je me mets à parler de la personne qui fait vibrer mon coeur.
Et tout d'un coup, j'ai une idée. Qui ne tente rien n'a rien. Et si quelqu'un le met au courant de mon retour, que ce soit par les habitants de Santa Cruz que par le jeune homme qui lui ressemble, bien que je n'ai pas de preuves qu'ils aient un lien, s'il sait que je suis revenue, il aura peut être la même idée que moi.

Je vois que Klara se prépare pour sortir et elle me le confirme, ils vont au ciné avec Paolo.

Je prends alors la décision qui va peut-être changer ma vie. Ou pas.
Je m'habille chaudement, un jean avec un gros pull et mes baskets.
J'enfile mon bonnet et mes gants puis je sors à mon tour.

L'effet MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant