5. Découvertes

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Le lendemain, il fait un temps pluvieux et je décide d'aller dans la vieille bibliothèque/ librairie jouxtant la place du marché de mon quartier.
Quand j'arrive, je me sens immédiatement apaisée par l'atmosphère calme et l'odeur des bouquins. Un vrai refuge.
Je jonche les allées doucement, à la recherche des livres qui pourraient éventuellement me servir.
À l'accueil, je trouve de jolis calepins larges et en cuir rouge, à vendre. J'en achète un sur un coup de tête, me disant qu'écrire pourrait être une bonne thérapie.

Arrivée chez moi, je me prépare un toast de confiture de mûres et une tasse de lait chaud sucrée puis je m'attable au dessus de mes achats et consulte la carte d'Espagne. Je remonte le sud avec mon doigt et je ferme les yeux, là, juste pile à l'endroit. Je soupire longuement et prend un marqueur rose pour surligner notre parcours avec Klara, lors de notre prochain voyage.

Je repense au dossier de la petite Tina et je me demande où elle peut bien se trouver sur la surface du globe terrestre. Est elle encore vivante? Et le saura t'on un jour?
Il faudrait que je questionne plus sérieusement Jordi à ce sujet, au vu de son comportement à l'égard de cette histoire, il doit la connaître sur le bout des doigts. Et puis, si l'on calcule, il devait être dans la police déjà à cette époque et doit donc avoir des souvenirs bien réels à ce sujet.
Ceci dit, cela risque de ne pas être chose simple d'aborder le sujet.

Je décide de chasser les idées sombres de ma tête et de profiter de mon weekend.
L'après-midi, je choisis de la déco via internet pour mon appartement, celui-ci n'étant pas très décoré depuis mon arrivée. Me sentir dans une atmosphère agréable me semble important.

Le lendemain, le temps est toujours aussi gris et nous allons regarder un film au cinéma avec Klara.
À la sortie, nous passons à la crêperie pour nous restaurer et nous réchauffer. C'est moi qui passe la commande des deux viennois, de la crêpe nutella banane et du pancake au sirop d'érable.

Quelques semaines sont passées et rien de fou ne se passe, mis à part la date de notre futur voyage qui rapproche petit à petit. Plus que 8 semaines.
Nous sommes au mois de décembre et la neige recouvre le toit des maisons, la route, les voitures. L'ambiance des fêtes de fin d'année se fait ressentir et cela me rend nostalgique, sans famille vers qui me rapprocher. Mais j'adore la magie de Noël malgré tout.
Alors je décore mon petit appartement, j'ai choisi un vrai sapin, j'aime l'odeur qu'il dégage dans mon petit chez moi.
J'ai mis des guirlandes lumineuses sur les balcons, ai accroché toutes sortes de déco de Noël aux portes et mis de la bombe à neige sur les vitres des fenêtres.
Je suis fière de moi en regardant le tout et ne regrette pas les couleurs blanches, dorées et rouges sur mon sapin.

Pour Noël, je passe mon 25 décembre chez les parents de Klara, comme chaque année. Cela me fait toujours si chaud au coeur qu'ils pensent à moi et me traitent comme leur véritable fille.

Carlie à préparé des sablés au sucre glace, et toute sortes d'autre gâteaux qui ont régalés tout les services du commissariat.
Jordi s'en est limite gavé et toutes les deux nous nous moquions de ce fin gourmet.
Nous avons lui et moi, une certaine complicité et confiance l'un en l'autre. Je suis sa petite, et c'est mon "oncle Jordi". Je souris en imaginant sa tête si je l'appelait comme ça.

Un jour, il se lève en me voyant arriver et se dirige directement vers la petite vitrine. Sans un mot, il le pose devant moi et se rassiet en face, sur son fauteuil de bureau.
Il ouvre son tiroir, en tire un dossier contenant deux photos et les ajoute au dossier qui se trouve devant moi.

Un jeune homme brun, au visage hispanique et une magnifique brune souriaient devant l'objectif. Je reconnus immédiatement le visage de l'homme, bien que celui-ci ait changé, et puis mes yeux se tournent sur la deuxième photo et je me fige, un frisson glacé me parcourant le dos.

Quand je comprends ce qu'il en est, je reste abasourdie. Ma gorge se serre et je ressens une peine immense.
Il ne mérite tellement pas ça. Il aurait été un père parfait, un père rêvé, le bon papa gâteau et coriace dont tout le monde voudrait.

Sur la seconde photo se trouvait le même couple que sur la première, accompagné cette fois de la magnifique petite brune...Tina.

Je le regarde et souffle dans une murmure:

- Je suis désolée...

Puis je le prend dans mes bras et notre étreinte dure un certain temps, lui au manque de sa fille, et moi au manque du père que je n'ai jamais eu, le mien m'ayant octroyé les pires souffrances.

Je décidai et me fis alors la promesse après ça de chercher Tina, et de la retrouver quoi qu'il en soit.
À commencer par refaire un portrait vieilli de Tina, ce qui n'avait plus été fait depuis quelques années. Ce qui allait demander un certain temps étant donné que nous menons l'enquête en secret et que le dossier n'est pas officiellement réouvert.
Je consulta aussi les enlèvements et crimes d'enfants dans les alentours dans ces années là.
Jordi voulut me présenter à sa femme et m'invita à diner un soir.
Elle était brune, et je constatais la ressemblance avec sa fille.

C'était une femme agréable, simple, mais triste.
Elle me raconta le récit de la disparition a vive voix, le meme recit que javais consulté quelque mois plus tôt en lisant sa déposition dans le dossier.
La différence, c'est l'émotion dans la voix d'une mère qui recherche désespérément sa fille, et le récit est encore plus poignant.
J'apprend ce soir là que Jordi est entré dans la police quelques années après le drame et a tout donné pour retrouver Tina, et qu'il a pu se trouver cette place aux affaires non classées par la suite, sur sa fin de carrière. Ne voulant pas attirer les soupçons de collègues mal intentionnés qui le dénoceraient, un proche de victime ne pouvant pas avoir accès direct au dossier, il n'en avait jusqu'ici parlé à personne. Au vu de son surnom, Jordi, personne n'avait fait le lien plus de vingt ans après.

Le soir, je sors de mon placard le carnet rouge que j'avais acheté quelques semaines plus tôt sans jamais ne m'en être servie par la suite.
Je commence à griffonner quelques mots,
mais une fois de plus je ne parviens à aligner aucune phrase sur ma page blanche et après un énième essai, je lâche l'affaire,en vain.

Quelques semaines plus tard, le jour tant convoité, je me retrouve dans la chambre d'hôtel que je loge avec Klara, en Espagne.
Les heures de route ont été relativement longues et fatiguantes, nous décidons donc de rester au calme pour ce soir et montons juste dîner sur la terrasse du restaurant de l'hôtel, celle-ci ayant une vue imprenable la côte.
Après une dégustation de fruits de mer et de tapas, nous allons nous coucher.
Demain est un autre jour. Et il risque d'être fort en émotions.

L'effet MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant