L'effet Miroir

12.Tina

En rentrant, je fais un somme puis je sors mon ordinateur et je consulte le blog. Un petit rond bleu apparait.

• Message •

Bonjour, je vous remercie pour votre message aussi rapide.
En effet, j'ai longuement hésité avant de vous contacter et finalement, j'aimerai vous rencontrer.
J'étais là ce jour là. Le jour de la disparition de la petite fille. J'avais quatorze ans aux moments des faits et je ne sais pas si ce que je souhaite vous raconter va vous aider ou a le moindre lien mais ne sait-on jamais.
Je ne peux pas garder ça pour moi.
Vous trouverez ci joint mes coordonnés personnelles.
Cordialement,
Mlle Brenac.

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Je décide donc sans tarder de la rappeler.

— Bonjour, Mlle Jones, je vous appelle suite à notre échange concernant la disparition de la petite Tina SALES. Quand pourrions nous nous rencontrer?

— Je serai dans la région d'ici quelques jours, je vous appelle à ce moment-là pour nous rencontrer disons, autour d'un café?

— C'est parfait, j'attends votre appel. Merci, bonne soirée.

Après cette conversation j'appelle Jordi et lui fait part des évènements. Il à un grain de joie dans la voix et se laisse aller à un peu d'espoir. J'espère tellement qu'on arrivera à retrouver sa trace, un jour.

Le lendemain je me lève un peu tôt, reposée. Avec une tasse de café fumant dans la main, j'observe les lampadaires éclairer la rue et je sens les vitres trembler aux quelques moteurs de voitures qui ronronnent en passant.

J'ouvre mon petit carnet et sors mon stylo plume en constatant que j'ai le temps de coucher un peu mon ressenti sur le papier.

• Journal •

Du nouveau concernant l'affaire SALES, une dame qui nous à contacté via le blog. Elle va nous rappeler d'ici quelques jours pour nous rencontrer, afin de nous parler de quelque chose d'important selon elle.
J'espère que ça a bien un lien, même elle disait ne pas en être sûre.

Toujours pas de trace de toi, mon amour.
Où es tu?
Entends tu le désespoir de mon coeur? L'appel qu'il te lance et comme il se déchire quand mes pensées vont vers toi?
Je t'en supplie, reviens moi.

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Une heure plus tard je me retrouve avec Jordi penchée sur un dossier d'il y a une dizaine d'années, très compliqué et doté de nombreuses zones d'ombres.

La journée se passe tranquillement et quand je rentre je constate un nouveau mail.
Je prends une douche, je m'attable sur le bar de ma petite cuisine en mangeant une tartine de confiture et je l'ouvre.

• Mail •

Chère Mila,
Klara m'a parlé de l'affaire SALES et de ton dévouement à ce sujet.
Elle m'a expliqué votre difficulté à obtenir certaines choses au vu du dossier fermé et comme je le lui ai dit, je vais t'aider. Cette petite mérite tout le dévouement du monde.
Je m'occupe de ce portrait robot et reviens vers toi au plus vite, même si tu le sais, cela prendra quelques semaines.
Envoies moi des photos de Tina et quelques infos à ajouter comme description quand le portrait sera prêt à être diffusé.

A bientôt, Paolo.

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Ils sont géniaux, mes amis.
On avance, doucement mais sûrement.
Je lui envoie donc en retour les photos et le remercie fortement.

Je vais cette fois laisser la surprise à Jordi et attendre de pouvoir lui montrer le portrait vieilli de sa petite fille directement.

Après ça je me repose devant un film et je grignote un peu avant d'aller me coucher, fatiguée.

Quelques jours plus tard alors que je suis au boulot mon téléphone sonne, en voyant le numéro s'afficher je me rapproche de Jordi et j'active le haut parleur.

— Bonjour, c'est Mademoiselle Brenac, je suis là pour trois jours et je suis disponible pour vous rencontrer quand vous le souhaitez.

Jordi me prend le téléphone des mains et répond:

— Bonjour Madame, je suis le papa de Tina. Vous êtes disponible aujourd'hui? Il demande avec hâte.

— Non, mais je le suis à partir de demain sans problème.

— Très bien, va pour demain alors. Retrouvez nous au café français vers dix heures si cela vous convient.

— Parfait à demain, bonne soirée.

Jordi est tout excité et ne tient pas en place tout le reste de la journée. Que va t'on apprendre demain?
J'espère que ce sera fructueux, je n'ai pas envie de voir mon collègue de travail préféré déçu.

Le soir il m'invite à dîner et nous rentrons ensemble alors que sa femme nous attend avec un apéritif.

Nous lui faisons part de notre rendez-vous prévu avec Mademoiselle Brenac et on se demande bien ce qu'elle a à raconter.

Après le délicieux rôti et le fondant au chocolat de Mariella dégustés, je rentre chez moi.

Je me fais une tasse camomille et je me perds dans mes pensées.

*Flashback*

Je dors paisiblement quand de gros coups frappent à ma porte. J'essaie de les ignorer mais ceux ci s'intensifient, faisant presque trembler le sol. Sans un bruit, je me lève et sur la pointe des pieds je me dirige vers la porte. Je regarde par le judas. Deux hommes s'y trouvent. Le premier est Fernando, l'ennemi juré de mon père. Je ne vois pas le visage de celui qui se trouve derrière lui.
Un nouveau coup dans la porte me fait sursauter et reculer d'un pas.

— Allez John, je sais que tes là, ne m'obliges pas à défoncer ta porte.

Je repense à ce qu'il s'est passé l'autre jour et je n'ai pas la moindre envie d'ouvrir cette porte, terrifiée. Heureusement que le jeune était là. Je n'ai pas compris pourquoi il m'avait pris dans ses bras et m'a soutenu tout le temps de la bagarre. Il est de leur côté, et puis il est reparti sans dire un mot en me lâchant comme si je n'étais qu'un vulgaire bout de tissu. Incompréhensible.

Alors que ça tambourine toujours à la porte, j'entends de nouveau une  voix.

— Stop, ça suffit, tu ne vois pas qu'il n'y a personne? Avec son culot il aurait déjà ouvert! Allez, laisse tomber.

Cette voix. La même qui me murmurait à l'oreille de rester calme et tranquille, cette voix qui m'a soufflé que je n'étais pas seule. Ce qui ceci dit en passant est faux.

Je regarde à nouveau dans le judas et mon coeur se fige. Il est là, le garçon aux yeux perçants.

Mon coeur s'accélère et je fais un énorme effort pour réguler ma respiration afin qu'ils ne m'entendent pas.
Et au bout d'un moment, ils s'en vont.

• Fin du flashback •

Je me rend compte que déjà à cette époque inconsciemment, il m'intriguait. Sans le savoir ni me l'avouer j'étais éprise de lui. Pourtant tout nous séparait.

Je m'endors ensuite avec la télé en sourdine, persuadée de faire un nouveau cauchemar cette nuit, tant j'ai cogité avant de me coucher.
Quoi qu'il en soit, il faut que je me repose. Demain, nous rencontrons Mademoiselle Brenac et il faut que je sois en forme.
Je m'imagine tout scénario possible et me demande ce qu'elle a à nous apprendre quand au bout d'un moment, le sommeil me prend et je m'endors profondément.
Et étonnamment, je ne cauchemarde pas de la nuit, je dors même comme un bébé.