15. Problèmes

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J'apprends une fois Klara à peu près calmée que c'est Marisa qui lui a téléphoné, complètement paniquée.

Leur commissariat s'est embrasé à une vitesse folle, beaucoup de blessés et trois morts sont à déplorer.
Heureusement, Paolo fait partie des blessés seulement, mais il a été brûlé au troisième degré au niveau du bras après être tombé inconscient, ayant aspiré beaucoup de fumée. Ses poumons sont touchés et il était encore inconscient à son arrivée aux urgences de la ville.

Je décide de rappeler Marisa, quelques heures s'étant écoulées.

— Bonsoir ma chérie. Elle me répond d'un air fatigué.

— Bonsoir ma petite Marisa. Je viens aux nouvelles?

— Le docteur vient de passer à l'instant. Il a contracté un oedème pulmonaire à cause de l'asphyxie qu'il a subi. Il est actuellement dans un coma artificiel.

Je fais part de mon désolement a Marisa et je lui promets de venir au plus vite. Je lui demande de me tenir au courant et raccroche.
Comment je vais annoncer ça à Klara moi? J'inspire un grand coup puis je la rejoins dans la cuisine où elle se trouve à ses parents. Je vais raviver les pleurs de ma meilleure amie dans moins d'une minute. Génial...

Je me racle la gorge puis je commence, d'une petite voix :

— Bon, je viens d'avoir Marisa au téléphone...
Je baisse les yeux en réfléchissant à la façon de tourner ma phrase mais Klara me coupe.

— I..Il est mort? C'est ca?! Elle me demande, figée.

— Mais non, il n'est pas mort ma chérie. Par contre, il a subi une asphyxie qui a créé un œdème pulmonaire. Il est actuellement dans le coma. Marisa nous rappelle dès qu'il y a du nouveau.

Elle souffle de soulagement mais est tout de même brisée par cette annonce.
J'espère qu'il va s'en sortir.

Le soir, je reste dormir avec elle. Demain matin elle part aux aurores pour rejoindre son bien aimé et moi je ferais le déplacement ce week-end.

De gros câlins d'encouragement faits, elle prend la route et moi je passe à mon appartement me laver et me changer étant donné que je n'avais pas prévu de prendre un rechange en venant.

Au boulot, je fais part de la nouvelle à Jordi et Carlie lors de notre pause café gâteaux quotidienne.
Ils sont attristés pour Klara qu'ils ont rencontrée plusieurs fois, celle-ci venant parfois me chercher au boulot et lors du repas que j'avais fait les conviant.
Elle m'avait appelée dans la journée, Paolo était au bloc opératoire depuis plusieurs heures.
Vivement ce week-end que je puisse le voir aussi et soutenir mon amie.
Je n'imagine même pas dans quel état elle doit être.

Une fois rentrée je lui passe un appel visio et je constate son visage fatigué, ses yeux gonflés à force de pleurer et le mascara au coin de ses yeux qui a dû couler.
Ça me fait mal de la voir dans cet état.

— Ça va? Je lui demande en regrettant immédiatement ma question. Bien-sûr que non, ça ne va pas, je suis vraiment trop bête...je me rattrape en sentant mes joues chauffer.

T'inquiètes, c'est rien. Ben écoutes je suis là depuis mon arrivée et il n'y a absolument rien de nouveau. Il est parti vers 14h au bloc et depuis, rien.

Je m'aperçois qu'il est 19h, c'est vrai que ça fait long, cinq heures.

— Je sais que tu vas refuser mais tu devrai rentrer à ton hôtel te reposer, quand il y aura du neuf les médecins t'appelleront.
Marisa est avec toi?

— Elle est partie il y a un quart d'heure, elle était là depuis hier soir la pauvre. Elle va dormir un peu et revenir.

— Bien. Et tu devrais faire de même!

— Non, franchement, je veux rester au moins le temps que quelqu'un revienne, je ne veux pas qu'il soit seul au moment où il se réveillera...

Je la comprends et essaie de la rassurer. Elle me dit que les parents de Paolo arriveront ce soir,  ceux-ci habitant à plusieurs heures de route.

— Je n'aurai vraiment pas imaginé les rencontrer comme ça...

— C'est sûr que ça aurait été mieux dans d'autres circonstances. Au moins, ils verront combien tu es attachée et présente pour lui.

Nous raccrochons au bout d'un moment, en se promettant de se rappeler.

Une fois dans le calme et la solitude, je pense à l'homme que j'aime et à la blessure profonde que j'ai à cause de sa perte dans ma vie. Je pensais pourtant le garder auprès de moi pour toujours, tel l'ange gardien qu'il était dans ma vie, arrivé pour ne plus jamais repartir....

* Flashback *

Mon père est complètement saoul et sous l'emprise de je ne sais quelle drogue. Il est affalé sur le canapé dans un désordre monstre autour de lui.
À petit pas, je passe à ses côtés en enjambant sa veste au sol et minutieusement, j'ouvre la porte en coupant ma respiration.
À mon habitude, je cours sans m'arrêter. Arrivée à l'arrêt de bus, j'attends que le car arrive, incapable de me tenir tranquille, sautillant sur moi même. Quand il arrive enfin, je me réfugie au fond du bus.
Lorsque je tourne la tête à ma gauche, il est là. Le garçon au regard expressif. Et il me fixe jusqu'à ce que son regard ne puisse plus m'atteindre. D'ailleurs, je n'ai pas parlé à Papa de sa venue l'autre jour avec Francisco, ayant peur d'une crise de nerfs de sa part.
Réfugiée dans mon salon de thé and breakfast préféré, chez Marisa, j'y reste quelques heures et je rentre chez moi.

• Fin du Flashback •

Après tous ces souvenirs je décide un peu d'occuper mes pensées en m'attelant à la disparition de Tina.
Au vu des derniers événements concernant Paolo et sa brigade, le portrait vieilli va être retardé. Je suis déçue mais je pense à Paolo qui est en ce moment dans un sale état.
J'aimerai bien trouver une piste concernant l'homme dont Mademoiselle Brenac nous a parlé. Même si il n'en est peut être rien, toutes les pistes méritent d'être étudiées. Nous n'avons jusqu'ici aucun élément, le néant total comme dit Jordi.
Il faudrait donc retrouver trace de Mlle MIDORI, l'amoureuse du parc. Celle-ci a dû déménager et changer de vie, ces derniers vingt-quatre ans écoulés.
Je cherche avec son nom  sur le net et les réseaux sociaux mais ne trouve rien. J'essaie alors de composer le numéro de téléphone indiqué dans la fiche d'informations la correspondant, remplie lors de leur audition au poste.
Je m'imagine bien que son numéro à du changer aussi mais bon... Étonnamment, ca sonne. Mais je me rends compte que ce n'est pas la personne que je recherche, le numéro ayant été ré attribué.
Je souffle en me demandant ce que je vais bien pouvoir faire pour retrouver la trace de Tina.
Après ça, découragée, je laisse tomber mes recherches pour aujourd'hui et je décide de sortir faire un tour.
Dehors, le temps est sec et il est agréable de sortir le soir. Je fais un tour dans le centre ville, me fonds dans la masse. Au bout d'un moment sur une place touristique dotée de différents restaurants, pubs, et magasins, je m'arrête devant un magicien qui fait son spectacle à l'air libre. Je me trouve une petite place au milieu du petit groupe de gens attroupés à ses côtés et admire ses tours plus impressionnants les uns que les autres.
Quand il a fini, je rentre chez moi et file me coucher.

L'effet MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant