8. Complications

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C'est finalement Klara qui décide pour moi, après m'avoir longuement laissée réfléchir, en silence.

- Nous allons rentrer nous reposer, et demain matin tu prendras une décision, à froid. Rien ne sert de précipiter les choses et de risquer de mettre les pieds dans quelque chose qui pourrait empirer la situation.

Elle a pertinemment raison, nous reprenons donc le trajet direction le motel.

Le soir, Klara couchée, j'ouvre mon carnet:

• Journal •

De nouveaux éléments concernant Papa.
Il à toujours notre appartement mais il n'y est pas pour le moment.
En 2010, il n'obtient plus de soins médicaux dans la ville.

J'ai placardé des affiches partout, avec cette phrase, notre phrase.
Mon coeur prie pour que tu vois l'une d'entre elles. Mais il prie aussi pour que tu m'aimes encore.

Le lendemain matin, je ne sais pas trop pourquoi, mais chose inhabituelle, je pense à ma mère. D'habitude, je fais vite de dévier mes pensées. Mais là je m'attarde et cela faisait bon nombre d'années que je ne l'avais pas fait.

Après son départ, Mima, ma grand mère et donc sa maman, s'est beaucoup occupée de moi.
Ma Mima, c'est tout ce que j'avais de plus cher. Comme un nuage, ou de la soie, ou du coton, dans un monde robuste, coriace et poignant.
Elle remplissait mon coeur à elle seule.
Ensuite, elle est décédée et je crois que c'est là que les choses ont vraiment dérapé.

Toujours dans mes pensées, je compare ma sensation face à la disparition soudaine de ma mère de ma vie et la sensation de Mariella face à la disparition de Tina.

Je repense à son récit et le bouleversement dans son regard. Et une chose retient mon attention, ce couple d'amoureux dont elle parle dans la déposition, ont ils été entendus à l'époque? Je ne me suis pas attardée dessus même si j'avais tiqué en apprenant leur présence ce soir là.
J'en parlerai à Jordi à mon retour.

Nous passons la journée tranquillement à ne rien faire.
Le soir au moment de manger l'assortiment de beignets chinois que nous avons commandé, je suis d'humeur maussade et je le fais savoir à ma meilleure amie.

- J'en ai marre... Je n'ai absolument rien concernant la principale personne pour laquelle j'ai fait tout ce trajet.

- Ma belle, tu as des inquiétudes et c'est normal, mais te décourager, ça, ça n'est pas toi, Mila. On y arrivera. On finira bien par trouver quelque chose. Peu importe le temps qu'on devra passer à remuer le monde.

- T'es vraiment la meilleure... je lui souffle doucement.

Elle m'enlace et peu de temps après, nous nous mettons comme deux gamines devant un dessin animé avant de nous endormir.

Le lendemain, je me réveille et j'ai un sentiment en moi que je n'ai pas ressenti depuis longtemps. J'ai fait un rêve. Un vrai rêve, de ceux qui nous donnent le sourire lorsque l'on ouvre les yeux, un de ces rêves qui donnent envie de le vivre, ou de te rendormir pour le continuer.
Un vrai rêve comme ça.
Et ça me rebooste, juste ce qu'il fallait après mon épisode de lamentation d'hier.

Je pense soudain à mon égoïsme, je n'ai même pas daigné ni ne serait ce que pensé à demander à Klara comment s'était passé son rendez vous, tellement absorbée par ma propre histoire.
Je m'excuse donc et lui demande de me raconter, ce qu'elle fait avec beaucoup d'enthousiasme.

L'effet MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant