4. Espoir

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Je marche sur le sable, les pieds nus, appréciant les vagues aller et venir chatouillant mes pieds.
Je m'assois au bord de l'eau les jambes repliées contre ma poitrine, je regarde l'horizon quelques minutes puis je ferme les yeux et m'allonge en laissant retomber mes bras de chaque côté.
Je reste là quelques temps, à vider mon esprit, écouter le bruit des vagues et les mouettes crier.
Je me relève au bout d'un moment et je prend mon mobile pour faire une recherche internet.

Je tape son nom, une boule envahit mon ventre lorsque j'appuie sur le bouton recherche et pourtant elle ne devrait pas, j'ai déjà cherché un nombre incalculable de fois.
Et voilà, encore aujourd'hui, rien. Il n'est peut être tout simplement plus en vie Mila...

Je sors la petite photo de mon portefeuille, et je sens mes larmes couler sur mes joues. C'est un véritable torrent de gouttes salées qui inondent mon visage.
J'aimerai tant savoir ce qu'il s'est passé cette nuit là, pouvoir remonter le temps et tout éviter.
- Tu me manques tellement... m'entends je chuchoter.

Le soir, dans mon lit, je met un temps fou à m'endormir et ceci pour très peu de temps.
Encore un cauchemar.
Il est là, devant moi, presque accessible, je suis presque capable de l'atteindre avec mes doigts, quand d'un coup j'entends la voix de mon père hurler mon nom nom. Un gros «Boum» puis plus rien.

Mes draps sont trempés tellement j'ai transpiré de stress, je suis en larmes et je suffoque.
Je me lève et me fais une tisane à la camomille puis je décide de récurer la maison, en pleine nuit. C'est la seule idée qui m'est venue pour m'occuper l'esprit.

Quelques heures plus tard et une bonne douche de prise, je me retrouve sur le parking du commissariat.
Je trouve Carlie qui vient immédiatement vers moi, j'imagine à cause des cernes qui entourent mes yeux et du manque de sommeil apparent sur mon visage.
- Ma chérie, viens donc me voir, j'ai préparé des muffins comme tu les aimes! M'annonce t'elle en m'enroulant de ses bras pour m'emmener derrière l'accueil.
Carlie est adorable, c'est une perle, elle est douce, rigolote, curieuse et extrêmement intelligente. C'est un peu la maman du groupe.
Maman...
Et alors que je m'apprêtais à croquer dans un muffin, j'éclate en sanglots.
Incrédule, Carlie s'approche de moi, me prend dans ses bras et me dit que je peux me confier à elle, si j'en ressens le besoin, visiblement inquiète pour moi.
Je la rassure en lui expliquant que ce n'est rien de grave et la remercie puis je file me rincer le visage aux toilettes. Décidément, je suis une madeleine ces deux derniers jours. Et autant dire que ça ne me plaît pas. Je suis en colère contre moi même. De laisser le passé et les émotions me submerger. La carapace que je me suis forgée est tout ce que j'ai de plus cher et il n'est pas question que je la laisse se fissurer.

Quand je reviens, je trouve Jordi et Carlie en train de discuter, quand j'approche, ceux ci regardent en ma direction puis se taisent.

- Mila, comme tu le sais, nous sommes une grande famille ici, commence Jordi.

- Rentres donc te reposer, me sourit Carlie en lui mettant un discret coup de coude, il y a des travaux de votre côté du bâtiment et cela aurait été de toute façon compliqué de travailler correctement avec le bruit.

Je les regarde tour à tour, et accepte rapidement n' ayant pas la force de protester, et cela m'arrange bien, je suis crevée je dois l'avouer.
Quelle chance d'avoir des collègues aussi compatissants et à l'écoute!

Quand je me réveille, il est vingt heures passée, j'ai dormi dix heures d'affilée et cela a eu le bienfait de vider un peu ma tête.

Je me prépare un encas et mange calmement devant un roman policier comme je les aime puis passe ma soirée à réfléchir à l'affaire SALES.
Demain, je re sortirai le dossier. Il y a bien quelque chose. Une faille, un truc. Les parents de cette petite ne peuvent pas mourir avant d'avoir retrouvé leur fille.
Leur fille qu'ils ont tant recherchée, aimée... ils ne méritent pas ça.
Ils tenaient plus que tout à la présence de leur petite princesse. Tout ce que je n'ai pas connu...

La semaine à été plus que éprouvante avec trois nouveaux dossiers qui ont été réouverts. Tous plus intéressants et à décortiquer les uns que les autres, on a fait un boulot monstre. Malgré donc le surmenage de ces derniers jours, c'est de la bonne fatigue et j'adore ça! Vivre de sa passion n'est pas donné à tout le monde et j'en ai bien conscience.

Le vendredi soir, je prends une décision mûrement réfléchie, qui à vrai dire me trotte dans la tête depuis quelques temps.

J'appelle Klara.

- On sort prendre un verre à la plage, faut que je te parle d'un truc? Je demande en connaissant déjà sa réponse.
- Non je peux pas j'ai le hoquet. Me répond t'elle d'un ton grave.

Je recrache littéralement la gorgée que j'étais en train d'avaler. J'explose de rire, elle est sérieuse?

- Je serai prête d'ici 10 minutes, m'annonce t'elle pliée de rire.

- Vingt minutes plutôt, mon haut est plein de chocolat par ta faute! Je lui lance en riant.
Klara c'est un vrai rayon de soleil, avec ses blagues débiles, son grand sourire, ses petites façons de cerner et de réconforter les gens.

Assises sur la terrasse de la plage, je commande un cocktail sans alcool et Klara m'accompagne.

- Bon alors, c'est quoi ton truc, t'as rencontré un heureux chanceux qui à su casser ta carapace? Me demande t'elle très enthousiaste, un grand sourire aux lèvres.

Elle est barge, cette fille.

- T'es bête, je lui réponds en souriant. Non, sérieux, ça fait quelques temps que j'y pense, ça fait huit ans et... j'envisage d'y retourner.

- QU..QUOI? Crie t'elle avec de gros yeux écarquillés.

- Pas y vivre, Klara ! Je la regarde avec un air désespéré et me tient le front. Pour trouver des réponses, faire en quelque sorte l'enquête sur ma propre vie, quoi.

- Ah, ça oui, c'est faisable, mais tu te sens capable de raviver les blessures du passé, Mila? Y retourner après tout ce temps, pour découvrir très sûrement pire que ce que tu as laissé là-bas?

- J'en ai besoin pour avancer, même si comme tu le dis, ça risque d'être un chemin difficile. Mais je veux que tu m'accompagne, au mois de février, lors des vacances d'hiver si tu veux bien.

Ma meilleure amie accepte évidemment et nous projetons notre séjour dans mon pays natal.
Je veux des réponses, et je compte bien en avoir.

L'effet MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant