𝟷𝟸. ᴄʜᴇᴠᴀʟɪᴇʀ, ᴏᴜ ᴘʟᴜᴛôᴛ ᴅʀᴀɢᴏɴ

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L’articulation entre la philosophie théorique et la philosophie pratique est la suivante : le seul usage légitime des concepts de la métaphysique  est un usage rendu légitime dans le cadre de la morale...
Écrivais-je mes doigts dansant sur mon clavier.

J'étais en cours de professionnalisme, cela tombait sous le sens, juste à côté de Danaé qui slalomait entre messages et cours.

Pourtant elle posait des questions, elle suivait les exercices en même temps et je me demandais bien comment elle faisait pour être à ce point alerte : elle avait deux cerveaux ou une paire d'yeux en plus cachée quelque part ?

Je soupirais, quoi qu'il arrive ce n'était pas mon cas et j'avais besoin d'écouter et de noter pour comprendre les devoirs et pour répondre aux futurs examens de janvier. Je ne voulais pas paniquer mais (un peu quand même) c'était dans quelques semaines à peine.

Certes, entre temps il y avait les vacances d'hiver.

Rien d'y penser j'avais l'impression de voir un transat', un jus d'orange glacé et de la crème solaire me tendre leurs bras invisibles. Même si ce n'était pas du tout le cas.

Je reprenais mes notes, concentrée non pas sur la forme en sablier de la silhouette de Mme Berenilde, dans sa robe beige, mais plutôt sur le tableau contrairement aux gars du premier rang qui valsaient entre les deux.

Le seul problème avec le professionnalisme, c'était que malgré l'utilisation d'un philosophe pour examiner, explorer, bref, illustrer le cours, à la fin il fallait appliquer tout cela sur notre futur façon de penser et d'agir dans le monde professionnel. C'était un peu comme une bombe à retardement. J'exagérai à peine.

C'était un peu difficile lorsqu'on avait des troubles de la concentration. Je baissais mon regard vers mon carnet que je gardais toujours à côté de moi. Je grimaçais : des traits, comme des sillons étaient dessinés au crayon à papier, toujours les mêmes dessins.

Oui, les cicatrices de M. Thorn.
Personne ne pouvait m'en vouloir, il m'obsédait comme une abeille et son nectar, je n'y pouvais rien.

Je ne voulais même pas parler des rêves qui le concernaient... Bien loin de l'Anastasia, effrayant. Très loin.

Là, c'était beaucoup plus érotique, rien que le toucher de sa main sur mes côtes, le métal froid de sa montre contre ma peau et son regard qui me dévorait. J'avoue que mon esprit faisait des prodiges. J'étais même dégoûtée lorsque je finissais par me réveiller quoi qu'il arrive.

Je sortais de ma rêverie, lorsque Berenilde se tourna élégamment et que ses talons aiguilles claquèrent sur le bois. Ses courbes dansant comme les vagues d'un serpent. Elle ressemblait vraiment à une hôtesse de l'air croisée à une Barbie.

  - Quelqu'un peu me rappeler qui était le model de Kant ?

Immédiatement un garçon du premier rang se leva. C'était Stanislav Chevalier, il était deuxième année.

  - Il s'appuyait sur la révolution des bases solides exprimées par Copernic.

Stanislav était un grand blond, avec un sourire acéré et un rire cruel. Pourtant son visage était très doux, ses yeux étaient d'un bleu limpide. Certains disaient qu'il avait un petit quelque chose. Personnellement je le trouvais effrayant et il me lançait toujours des regards comme s'il voulait me lacérer.

Donc oui, je le jugeais profondément malgré moi.

Berenilde s'approcha du premier rang. J'étais presque sûre que si je les voyais de face, les gars bavaient consciencesement sur leur genoux. La professeur fit glisser la manucure bleue de son index sur le bois de la table.

DRAMA(S) ━゙LA PASSE-MIROIR✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant