𝟷𝟹. ᴜɴ ᴄɪɴᴇᴍᴀ ᴇᴛ ᴅᴇs ғʟᴀᴍᴍᴇs

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Pour l'instant Stanislav ne m'avait pas encore tué ou retrouvé, au choix. Je pouvais donc profiter d'une seule chose : les vacances d'hiver !

Je devrais tousser un peu et la refaire plus distinctement :
LES VACANCES D'HIVER, BORDEL DE MERDE !

Pour la peine, j'avais fait une grasse-matinée jusqu'à 14h, ce samedi de paix et de calme. Là où les étudiants pouvaient enfin reprendre leur souffle après un marathon de quatre mois implacables. Surtout pour moi.

Je me retournais dans mon lit, mes cheveux formant comme un cataclysme de boucles autour de mon visage fatigué.

Je fixais le plafond, essayais de refaire l'univers, de me détendre, mais l'image de Chevalier et Barbie me traversait toujours l'esprit. Je n'en avais encore parlé à personne. Juste parce que j'avais clairement peur de me faire tabasser par ce connard, s'il entendait quoi que ce soit à ce sujet ou s'il me croisait seule dans le campus.

J'éternuais brutalement. Forcément j'avais attrapé un rhume.

  - Rappel-moi de te coincer le nez avec une pince-à-linge la prochaine fois. Grommela la voix de Gaëlle de l'autre côté du loft.

Je mettais mes lunettes pour avoir un visage à l'ombre floue qui me parlait. Derrière mes verres, le nouveau pyjama en laine noire de Gaëlle apparu clairement avec sa frimousse toujours aussi belle. Même en se réveillant. Un prodige.

  -Désolée, les microbes semblent me prendre à revers juste pour m'agacer.

Gaëlle passa une main sur son crâne rasé. Elle bailla bruyamment.

  - Je croyais que tu voulais faire une vraie grasse-mat' et je te vois réveillée à 14h ? Je m'attendais à 17h au moins...

Je soupirais, si elle savait ce que mon cerveau préparait comme rêve ou cauchemar.

  - Je n'arrive pas à dormir.

J'avais l'impression d'avoir de nouveau cinq ans, me précipiter dans la chambre d'Agathe, les joues en larmes, mon écharpe-doudou dans les bras à lui demander de me réconforter et de me raconter une histoire pour me rendormir.

Oui, il m'arrivait de retomber en enfance. Malgré ma famille agaçante, je les aimais. Passer toute une année sans eux était, toujours un peu mélancolique.

  - Pourquoi ? Demanda finalement ma colocataire.

Elle s'était mise sur le côté, accoudée, visage sur le poing. Je lui faisais face à mon tour, malgré les plusieurs mètres qui nous séparaient. J'avais décidé de lui faire confiance.

  - J'ai vu quelque chose.

Je m'attendais à ce qu'elle rigole, se foute clairement de ma gueule comme lorsque je lui avais annoncé que M.Thorn était mon mannequin.

Mais non, à la place, elle se crispa comme si un trou immense venait de se créer devant ses yeux.

  - Qu'est-ce que tu as vu ? Demanda-t-elle d'une voix empressée en se relevant en position assise.

Je levais un sourcil. Elle avait quoi d'un coup ? Gaëlle était toujours calme. Toujours. Même quand il fallait parfois un peu paniquer. Je finissais par lâcher mon sac. Tant pis pour ce con.

  - J'ai vu Stanislav Chevalier et Berenilde entretenir... une relation particulièrement intime. Genre ils couchaient ensemble.

Encore plus bizarre, Gaëlle eut un grand sourire et sembla se dégonfler comme un ballon de baudruche. Elle se remit allongée comme si une fausse alerte incendie venait de retentir. Avait-elle au moins écouté ce que j'avais dit ?

DRAMA(S) ━゙LA PASSE-MIROIR✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant