Incompatibles - TOME 2

Chapitre n°9- Plus fort que moi.

On rentra dans la chambre, et j'avais du mal à réaliser qu'il se tenait à côté de moi. Je levais les yeux vers lui et constatais que ses sourcils étaient froncés, après avoir déposé mes sacs, il sortit son téléphone en commença à pianoter dessus. Il leva finalement les yeux vers moi.

- J'ai des coups de fil à passer, ça va aller ?

Aucun mot ne sorti de ma bouche, alors j'hochais la tête. Tandis qu'il sortait, je me retournai et j'observai mes valises d'un air pensif. Où va nous mener cette nuit? J'examinai la chambre d'un coup d'oeil. Je repérai un canapé, ouf, on ne va pas être obligé de partager le même lit. Ce constat enleva un poids à mes épaules mais je restai malgré tout tendu. Entre ces attentats, dont nous n'avions aucune information concrète pour l'instant, et les retrouvailles avec Ken, chaque muscle de mon corps était douloureux. Pour calmer mes nerfs, j'allai m'enfermer dans la salle de bain pour prendre une douche bien chaude.

L'eau qui coulait le long de ma colonne vertébrale, me brulait la peau au passage. Je crois bien que quelques larmes coulèrent sur mon visage, mais je m'en rendis à peine compte car elles s'effaçaient directement sous l'eau. Je lavais mon visage pour effacer la moindre trace de maquillage.

Je restai longtemps sous le jet d'eau, sentant mes muscles se détendre peu à peu. Puis, je sortis de la douche en enroulant une serviette autour de ma poitrine. J'entendais que la télé était allumée. Ah, Ken est rentré. Je réalisai que je n'avais pas pris avec moi mes affaires de nuit, j'allais devoir aller les chercher dans la chambre. Traduction: j'allais devoir aller dans la même pièce que mon ex à moitié nue. Super.

Après avoir rassemblé mon courage, et levé les yeux au ciel plusieurs fois aussi (j'étais désespérée face à mon comportement enfantin), j'ouvris la porte précipitamment. Dans ma précipitation je ne me rendis pas compte que Ken se trouvait sur mon chemin et je le percutai tellement fort que nous tombions tous les deux à la renverse.

Confuse, je réalisai que j'étais allongée sur lui, il avait automatiquement mis ses mains sur mes hanches. Quand nos yeux rentrèrent en contact, il relâcha sa nuque et sa tête s'appuya sur le sol. On resta un moment comme ça. Personnellement je luttais contre l'envie de me jeter sur ses lèvres. Toute raison m'avait quitté, il y avait un tel courant entre nous à ce moment-là, qu'aucune pensée raisonnable ne se faisait entendre.

Finalement, ce fût lui qui prit les commandes. Il nous fit rouler pour que ce soit lui par-dessus moi, il entremêla ses doigts aux miens et plaça nos mains au-dessus de ma tête. Ma respiration se coupa. Je n'entendais plus que les battements de mon coeur retentissants dans mes oreilles.

Puis, finalement, il s'empara de mes lèvres avec les siennes. C'était un baiser si passionné mais si douloureux à la fois. Mes jambes s'enroulèrent autour de sa taille par réflexe et il en profita pour nous redresser. Il marchait, avec moi toujours pendue à son cou, sans desceller nos lèvres pour finalement s'assoir sur le lit. Notre échange devenait de plus en plus fougueux et ma serviette finit par quitter mon corps.

Je sentis du frais sur mes joues et c'est seulement quand il écarta son visage du mien que je me rendis compte que c'était des larmes. Pas les siennes, mais les miennes. Je pleurais et pas moyen de stopper cette crise de larmes. Il rattrapa la serviette et l'enroula autour de moi, un geste que j'appréciai. J'essayai de parler, tant bien que mal.

- Je... je suis... j'y arrive pas, Ken.

Son regard était si tendre, si prévenant... c'était en total désaccord avec ce qu'il m'avait fait. Il en avait rien à foutre de moi ! Pourquoi il est si gentil ? Il pressa son front contre le mien, il gardait les yeux clos.

- Julietta, gémit-il.

- Tais-toi, soufflais-je.

J'essayai de reprendre mes esprits, j'avais besoin de me concentrer. Finalement je me relevai, attrapai mon sac et retournai m'enfermer dans la salle de bain. J'enfilai ma tenue de nuit, qui, par chance, n'était pas très sexy. Je me remerciai intérieurement d'avoir pris un short et un haut et pas une nuisette. Manquerait plus qu'il pense que j'essayais de le séduire.

Mes yeux étaient toujours pleins d'eau quand je sorti de la salle de bain. Je ne cachais pas mes larmes, il m'avait déjà vu dans tous mes états, et je voulais qu'il sache ce que je vivais depuis des mois. Je voulais qu'il sache ce qu'il m'avait fait, c'était son oeuvre. Mes entrailles étaient tiraillées, comment éprouver autant de rancoeur mais aussi autant d'amour pour une seule personne ? Mes sentiments allaient finir par me bousiller.

En levant les yeux vers moi il remarqua que j'étais toujours en larmes et vint me retrouver, les bras ouverts. Je fis un pas en arrière.

- Julietta, s'il te plait.

Il avança un peu plus, je fis un pas de plus vers l'arrière.

- Laisse-moi te consoler. Je supporte pas te voir pleurer.

Il avança encore et cette fois je me retrouvais le dos collé au mur. Je brisai mon mutisme.

- Ne fais pas un pas de plus Ken. Je peux pas. Chaque fois que je te vois, je te vois avec elle. C'est plus fort que moi, c'est trop dur.

- Laisse-moi m'expliquer.

- Laisse-moi respirer Ken, t'avoir aussi proche de moi m'empêche de penser.

Il souffla, mais s'écarta. J'allai m'assoir sur le lit tandis qu'il s'asseyait sur le canapé.

- Il est peut-être temps d'avoir une discussion, tu crois pas ?

Je fixai mes pieds, impossible de lever les yeux vers lui.

- Jules ?

- Qu'est-ce qu'il y a à dire de plus ? Cette discussion va faire plus de mal qu'autre chose, épargnons-nous cette peine, tu veux ?

Il haussa le ton, ce qui me fit sursauter.

- Bon écoute on a plus 16 ans, d'accord ? Comportons-nous comme des adultes.

Je levai les yeux finalement vers lui, il avait réussi à réveiller toute la haine que j'enfouissais depuis des mois. La nuit allait être longue.