Chapitre 8: Lettre à ma harceleuse.

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J'ai appris il y a peu qu'une des filles ayant majoritairement participé à mon harcèlement subissait elle-même ce genre de maux. Eh bah... Vous savez quoi ? Au début, je me suis réjouie de son malheur, j'ai adoré la voir mal, j'ai adoré entendre les nouvelles comme quoi elle se faisait insulter de tous les noms. C'est ce qu'elle méritait.

Mais si j'étais restée sur cet avis, je n'aurais pas été meilleure qu'elle. Alors commençons. 

"Chère Jaspe, 

Tu as un nom magnifique mais une personnalité qui est loin d'être ragoûtante. J'ai appris par le biais de Tammara que tu étais harcelée. Est-ce que tu te souviens de moi ? C'est Lauren ! Tu m'as mené la vie bien dure pendant des années et je devrais te traiter de pute, de salope et de bien plus encore, n'est-ce pas ? Mais je suppose que tu entends ça déjà bien assez, non ? Oui ! Bien sûr que tu entends ça. 

J'espère égoïstement que tu penses parfois à moi quand tu vois que la roue à tourné et que le karma t'es revenu dans la gueule en force. C'est vulgaire, c'est violent et c'est trop loin de ma gentillesse habituelle, cette lettre. Mais d'un autre côté, je te remercie, je te remercie parce que tu m'as fait si mal que j'ai dû me créer des amis imaginaires, que j'ai dû me réfugier dans la musique, j'ai dû écrire pour sortir mon mal. 

Grâce à toi, aujourd'hui, je suis à la tête d'un groupe de punk, je m'apprête à sortir un livre qui sort de mes tripes, je dessine et je suis bien plus heureuse que je l'aurais été en étant un mouton comme tu l'étais, comme tu voulais que je devienne. 

Je doute que tu aies compris totalement ce que tu faisais à ce moment, mais remarque, tu ne faisais que de suivre, n'est-ce pas ? La vie est plus simple quand on n'a pas besoin de réfléchir. Merci de m'avoir fait du mal, merci de m'avoir forcée à ouvrir les yeux. Tu es une des personnes les plus importantes de ma vie. 

Tu t'en fous, n'est-ce pas ? Bah ! Moi aussi je m'en fous de ce que tu es devenue, mais je voulais te montrer que peu importe à quel point tu es au fond du trou, il y aura toujours un moment où tu remonteras. Pour l'instant, j'espère que ton calvaire sera court, mais je ne veux pas non plus que tu sois heureuse. J'aimerais que tu reste "contente", que tu mènes une vie "simple" et que tu recommences à ne plus réfléchir. 

Pour moi, je pense que ceux qui réfléchissent ne seront jamais heureux, du moins, la majorité, parce que nous VOYONS là où vous FERMEZ les yeux. C'est simple, efficace, mais ça, tu ne le comprendras pas. C'est marrant, parce que je suis sûre qu'en lisant ces lignes, si tu les lis une fois, tu penseras que je suis le mouton qui suit. Tu seras persuadée d'être une marginale dans ton sens, de réfléchir et de faussement t'apitoyer sur ton sort et celui du monde alors que dès que se présentera une possibilité de recentrer ton attention sur toi-même, tu le feras. 

Telle est la nature humaine. 

Les tueurs en série sont l'avenir de l'humanité.

Le punk ne mourra pas. 

Mais les punks oui.

Je t'aime de haine et te souhaite encore au moins de longs moments de souffrance pour que tu comprennes enfin ce que ça fait. 

Avec tout mon irrespect pour la fille que tu es,

Lauren M. Marth"

Alors ? Qu'est-ce que vous en pensez ? Je suis peut-être trop brusque, je suis peut-être trop empreinte de colère pour vous. Mais vous vous trompez largement, je ne ressens aucune haine, même si je l'écris, je me fiche de cette fille aujourd'hui, parce que je me porte bien et que je suis devenue quelqu'un de meilleur grâce à la peine qu'elle m'a procuré. 
Si je n'avais pas déménagé, je n'aurais jamais connu ce que ça faisait d'être bassiste et de gueuler mes pensées, même seule dans ma chambre. C'est sympa, c'est cool, ça n'ira jamais loin mais c'est ma vie. Je suis peut-être plus malheureuse en réfléchissant, mais ça vaut la peine de vivre comme ça. 

Les hurlements du SilenceWhere stories live. Discover now