Chapitre 16: Première année

13 1 0
                                    

La première année de CO a été rythmée par une nouvelle passion dévorante, les récits horrifiques et policiers. Je me retrouvais dans une classe que je ne connaissais pas, et qui était composée de manière tout à fait standard, un groupe de ce que j'appellerai des putes au courant de l'année, une outsider en plus de moi et le reste des élèves aussi intéressants que des moules accrochées à un rocher. 

J'ai l'air hautaine et médisante mais je ne vois pas trop comment décrire cette première année autrement, c'était juste tellement lourd... 

Ainsi, je me retrouvais dans cet environnement que je ne connaissais pas, avec seulement quelques indications de base, ma classe, la bibliothèque, les toilettes et le secrétariat. Ce qui est drôle, c'est que pendant les deux autres années du CO, je me perdrai beaucoup plus alors que j'ai tout de suite trouvé mon chemin durant toute cette première partie de ma scolarité au Cycle d'Orientation. 

Il y a certaines choses dont je ne me souviens plus bien concernant cette année, mais je sais qu'elle a un caractère particulièrement léger sur plusieurs points mais un lourd engagement sur d'autres. Alors, pour commencer, durant l'été, j'avais fait une journée dans un refuge pour les chiens de traineau, les groenlandais, les huskies etc... Il y avait aussi un terre-neuve au crâne aussi gros que celui d'un veau !

Et à la fin, les deux propriétaires m'avaient proposé de rester, mais c'est encore dans un chapitre à venir (bah ouais, je vais pas tout faire dans l'ordre non plus, je suis une saleté de punk, quand même !!!). 

Donc pour la rentrée, j'avais déjà commencé mon travail (soit venir une fois de temps en temps pour m'occuper d'une chienne particulièrement timide), et j'étais fière de ma petite protégée qui se montrait toujours plus démonstrative envers moi. 

Les premiers cours sont toujours les plus mémorables dans une année, et ceux de celle-ci étaient teintés d'une toute nouvelle organisation que j'avais mise en place à base de couleurs, de fourres et de fiches de tâches à faire pour que mon bureau ne devienne pas le foutoir habituel. Mais vous savez sûrement ce que l'on dit "Chassez le naturel et il revient au galop", c'est exactement ce qu'il s'est passé. 

Nous en étions au premier mois, tout avait une sensation nouvelle et je m'habituais à ce bâtiment très propre et a l'air beaucoup plus moderne que ceux de primaire que j'avais fréquenté. C'est alors que j'avais fait la rencontre d'un étrange personnage, Kevin, il était plutôt grand, pas très beau, ni très intelligent d'ailleurs. Ses cheveux avaient une couleur étrange, entre le blond, le brun et le roux, il avait aussi une grosse passion pour les voitures, presque aussi grosse que celle que j'avais pour Patricia Cornwell. Il était venu me parler alors que je lisais "ça" de Stephen King dans la cour de l'école, au lieu de passer du temps avec d'autres de mes camarades de classe. 

Ce jour-là, il pleuvait des cordes et je m'étais installée contre une des colonnes de pierre, serrée contre moi-même, avec le livre entre les mains, protégée du vent et de l'eau mais pas du froid qui semblait trouver la moindre faille pour s'immiscer dans mes habits et me faire frissonner. 

Au début, il s'était moqué gentiment du fait que je préfère lire, ce à quoi je ne lui avais rien répondu, étant trop absorbée par ce que je lisais. Alors il s'était assis à côté de moi, sans savoir que c'était exactement le genre de comportement qui mènerait à ce qui allait se passer quelques secondes plus tard soit... que je lui mette mon poing dans le visage par réflexe. 

Kevin avait fait deux choses que je haïssais par-dessus tout, s'approcher trop près, car non seulement il s'était assis à côté de moi, mais en plus, nos épaules se touchaient et son souffle trop chaud revenait sur mon visage mais surtout, c'était un troisième année et je ne savais rien de ses attentions. S'ajoutait à cela le fait qu'il lisait le livre en même temps que moi.

Je me souviens qu'il ne s'était pas énervé, il avait même rigolé, et le midi même, il m'introduisait au reste de sa bande d'amis, tous plus vieux que moi de quatre ans. Nous avions beaucoup parlé, j'avais tout de suite accroché avec Gavin et Diego. Gavin était dans le genre grand dadais avec un sourire plein d'innocence, toujours perdu dans ses rêves, toujours très doux et qui jouait encore aux Yu-Gi-Oh. 

Diego, lui, était le frère de ce qui serait plus tard une amie et une aide précieuse, il était plus robuste, rêvait de l'armée, dessinait beaucoup, bien plus que moi, était de bon conseil mais froid et se vantait assez souvent de n'être plus vierge. Pourtant il avait toujours cette espèce de compréhension au fond des yeux qui me faisait dire que je savais que ce garçon ne pourrait jamais tuer qui que ce soit. Passionné par la franchise Metal Gear Solid, il s'amusait à leur donner vie dans des dessins variés, à en parler pendant des heures avec Dylan et Kevin mais surtout, il avait une formidable créativité et écrivait sa propre bande-dessinée. 

Comme une obligation, je restais pourtant toujours un peu plus vers Kevin, malgré mon instinct qui me disait de me méfier, je voulais savoir pourquoi il était comme ça, car il n'était ni un outsider comme moi, ni un rêveur comme Gavin et encore moins une personne normale. Le jeune homme était quelque chose à part, que je n'avais jamais vu, et j'en étais venue à me demander ce qui l'habitait réellement, pourquoi il parlait tant mais n'agissait que... que rarement ou alors sans que nous nous rendions compte. 

La chose était qu'avec les discussions poussées que nous avions avec Gavin, qui était celui qui me comprenait le mieux de tous, ayant aussi été harcelé et, je le soupçonne, étant peut-être un poil autiste, je finissais par passer plus de temps avec lui. Je me souviens avoir paniqué avant d'informer mes parents, que je voulais le voir en dehors des cours et pourquoi ne pas l'inviter chez nous, puisque Solène, qui à l'époque n'habitait qu'à une petite centaine de mètres, était intriguée par ce personnage dont je lui parlais assez souvent. 

Et il est venu.

Les hurlements du SilenceWhere stories live. Discover now