Maintenant que je commençais à me faire des amis, ma personnalité refaisait rapidement surface pour mon plus grand plaisir, je devenais beaucoup plus incisive, j'étais plus sûre de moi, je ne me laissais plus faire et mieux encore, je commençais à attirer un garçon qui n'était pas pour moi mais que nombre de mes camarades féminines appréciaient... et désiraient d'une certaine manière.
C'est étrange, n'est-ce pas ? Et presque digne d'une mauvaise fiction, j'avais l'impression d'être ce personnage rejeté de tous et qui finissait par véritablement trouver un sens à sa vie au moment où toutes les épreuves avaient été franchies. Ah... ça sentait si bon d'avoir quelqu'un qui voulait de soi, d'avoir des amies, de devenir normale et de réussir à assumer pleinement qui j'étais sans avoir besoin de me travestir en quelqu'un d'autre.
Alors, comme une fille naïve, la fille que j'étais en fait, j'avais été vers ce garçon, Julien, et je lui avais dit que je l'aimais, après un moment, alors même que c'était de l'amour mais que ce n'était pas comme avec mon premier amoureux, je n'avais pas l'impression, au fond, que ce pouvait être réel, que ça venait autant de moi que de lui. Mais je m'étais lancée, en me disant que, peut-être, je pourrais me faire réellement comprendre. Si seulement je savais ce qui m'attendait.
Au bout d'une semaine, Julien m'avait présenté à d'autres de ses amis, ils semblaient tous s'être mis d'accord pour savoir qui aurait la petite amie la plus étrange et je supposais que j'obtenais le grand prix haut la main.
Je me souviens qu'il y avait Emilia, une fille un peu grosse et blonde et une autre, dont j'ai aujourd'hui oublié le nom mais qui m'exaspérait tant elle était banale.
Au début, je ne comprenais pas ce qui se passait, pour moi, celui que j'aimais voulait simplement que l'on rigole un peu tous ensemble et je ne m'étais pas méfiée, ni de ça, ni de leurs histoires de paris. Et j'aurais dû faire plus attention, mieux écouter.
La vérité était que je doutais que ce garçon m'ait jamais aimée, il voulait simplement sortir avec toutes les filles de l'école pour prouver qu'il était le plus beau et qu'il pouvait briser les cœurs aussi facilement que les ravir avec sa sale petite gueule d'ange. C'était vrai.
Ainsi j'avais continué, sans me douter de quoi que ce soit, une semaine entière, et j'avais finit par m'attacher à lui, il disait me comprendre, et j'avais l'illusion que c'était vrai. Je lui parlais sans retenue de mes problèmes, de mes peurs et de toutes les petites différences qui faisaient que j'avais du mal à me faire des amis. Alors, il me donnait des conseils pour que je me fasse des amis, ils marchaient plus ou moins mais je gardais le cercle très restreint de ses amis, plus Victoire et Olga. Ce n'était pas beaucoup, mais ça me suffisait parce que je pensais qu'ils étaient authentiques.
Maintenant, je me dis que j'étais vraiment très naïve et que je n'aurais pas du croire ses paroles, surtout lorsqu'il s'est rapproché d'autres filles, les quelques-unes qu'il n'avait pas réussit à séduire, dont une qui s'appelait Alicia. Elle était très cool et dans la classe voisine à la nôtre, ce qui faisait que je ne la prenais pas pour une menace.
Dans ma tête, j'étais persuadée que Julien n'irait pas voir ailleurs, mais je me trompais tellement que je me souviens en avoir bavé quand il m'avait simplement annoncé qu'il avait trouvé mieux. Alicia était alors venue vers moi et m'avait raconté que ce garçon n'en avait rien à cirer des filles et qu'il aimait les collectionner, les reprendre plusieurs fois en s'excusant et en les abandonnant très rapidement après, sitôt qu'il avait eu ce qu'il voulait.
Nous ne savions pas exactement ce qu'il cherchait par cette manœuvre et maintenant, je me dis que c'était probablement l'attention. M'enfin, sur le moment, une colère noire m'avait assaillie et je lui en avais voulu tellement que je m'étais rendue vers ma nouvelle amie, ensemble, nous avions mis au point un plan pour l'humilier.