"JE T'Aime" n'est pas Un Gros Mot

Chapitre 2

Amadou: M...merci Docteur mais et ma femme ?

Le visage du docteur était impassible. Amadou n'arrivait pas à le décrypter.

Docteur: Calmez-vous Monsieur ! Votre femme est...
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Amadou: Non ne me dites pas qu'elle est morte svp. Dieu ne peut pas me faire ça quand même !

Docteur: Ressaisissez-vous Monsieur. Votre femme est hors de danger à présent. L'opération était très délicate et son coeur a failli lâcher plus d'une fois mais nous avons fait notre maximum pour stabiliser la situation et Allah est intervenu. Rendons lui grâce.

Amadou: Alhamdoulillah. Je vous remercie. Puis-je les voir ?

Docteur: Veuillez patienter un petit moment. La mère va être transférée dans une autre salle et les infirmières sont en train de donner son bain au bébé.

Amadou: D'accord Merci encore

Amadou cherchait les toilettes dans le couloir qu'emplissait une odeur d'alcool et d'autres produits. Devant une salle avec deux lits de chaque côté, il apercevait un petit être qui s'agitait car étant en train de suffoquer avec la serviette qui recouvrait tout son visage. Il étouffait et bougeait avec des gestes désespérés pour tenter de se sauver. Amadou courut vers le lit qui était la scène de ce mauvais spectacle. Il aida le petit bébé qui avait échappé de justesse à la mort juste à cause d'une négligence.
Le bébé émit un petit son qui avait tout l'air d'un ouf ! de soulagement.
Amadou était heureux en voyant la face mignonne de ce petit ange.
Il l'avait sauvé sans savoir qu'il s'agissait de sa fille.

Une semaine après, c'est le jour du baptême.
Abibatou est affaiblie et n'est pas en état d'organiser une fête grandiose comme on a bien coutume de le faire dans notre cher Sénégal. En effet, elle vient d'accoucher de son premier enfant. Premier enfant, première occasion de faire une cérémonie en grandes pompes sans oublier le téranga ''obligatoire'' en l'honneur de la belle famille.
Ses belles soeurs s'attendent à recevoir des cadeaux de tous genres: tissus de valeur, bijoux, somme d'argent etc.
Amadou avait pourtant dit à tout le monde qu'il n y aurait que le rituel du nom et qu'il se fera dans la chambre d'hôpital même.
Amadou a donné le nom de sa mère à sa fille aînée, Nafissatou. L'émotion était à son summum.

Deux semaines plus tard...

Fatim: Ah wa Abi ! Ta belle famille nous a vraiment surpris. On ne s'attendait guère à une telle attitude de leur part.

Abibatou (se redressant sur le lit) : Hum ! Comment ça ? De quoi tu parles ?

Fatim se rend compte tardivement de son erreur.En effet, ne voulant pas la ''secouer''car étant encore fragile, Amadou et la mère de Abi ont préféré taire l'affront dont la famille de Abibatou a été victime.

Dans l'après-midi, Coura, Seynabou, Adjara et leur cousine Mame Fama se sont rendues chez la mère de Abibatou avec une grande délégation. Accompagnées de la griotte de la famille khoudia Mbaye, les jeunes femmes allèrent elles-même à la quête de présents: la fameuse "Teranga" sénégalaise.
Disons que les "khews" (grande cérémonie sénégalaise) constituent une sorte de business, un commerce déguisé avec une distribution de cadeaux presque obligatoire. Oui obligatoire car ce n'est aucunement une exigence mais pour se créer une place dans la famille ça devient une nécessité. Personnellement, je pourrais le définir comme une corruption. On essaye d'amadouer les gens avec des cadeaux pour avoir leur considération, leur affection et leur respect. Au final, c'est sans sincérité car l'argent n'achète pas tout et si remettre un présent devient une obligation alors le coeur n'y est pas forcément.
A la base, un cadeau c'est une chose symbolique que l'on offre à une personne pour lui faire plaisir. Symbolique a-t-on dit certes mais dites-moi, de nos jours, qui ose se pointer chez ses beaux parents avec un paquet de sucre et dire avec tout le respect du monde :"Maman, papa je vous remets ce cadeau"?
Nous nous éloignons du sens de l'action en remettant de très grosses sommes d'argent, des bijoux en or, des tissus très chers et même des voitures oulaaa! A un moment arrêtons-nous un peu pour réaliser l'ampleur que prennent les choses.
Le respect ,le vrai ,ne s'achète pas, il se mérite. Du moins, c'est mon point de vue.