Chapitre 4

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Le bus s'arrête devant le grand portail métallique du lycée:l'empire de mes cauchemars.

Nous descendons un par un.
Quand je vous dis qu'il est bizarre aujourd'hui, Badara refuse de lâcher ma main qu'il sert fermement comme si j'allais m'envoler.
C'est parti pour deux heures de cours avec Monsieur Dramé, mon professeur de SVT. C'est un homme d'une cinquantaine d'années environ au tempérament chaud. Il ne tolère aucun bruit même des moindres. Ses désirs se traduisent automatiquement en ordres dans nos têtes. Il a le respect ou plutôt la crainte de tous et même de la haine pour certains, sentiments que nul n'ose manifester.
Monsieur Dramé est très rigoureux et a l'amour du métier.
Pour une raison qui m'est inconnue, malgré son air de vieil homme sévère, j'ai beaucoup d'affection pour sa personne.
Nous, élèves, sommes souvent ingrats et quelque peu inconscients alors il nous faut quelqu'un qui puisse nous indiquer le droit chemin et nous y maintenir. Et puis "Qui aime bien châtie bien".
Et cette personne obtient malheureusement en retour tout notre hourrou.
La sonnerie retentit mettant ainsi fin au cours.
Je profite de la pause pour terminer un de mes poèmes.
Certains ont besoin de manger pour vivre. D'autres trouvent épanouissement dans leurs passions de diverses natures. Moi, ma force c'est l'écriture. Avec ma plume, je me glisse aisément dans vos coeurs pour repérer vos maux et tenter d'y remédier par la magie des mots. Il me faut écrire pour déverser, sur le support fade, la saveur de mes peines.
A travers l'art, je m'exprime et mes peines je les supprime. Il me suffit de quelques rimes pour évacuer la déprime. Ecrire, c'est moi.
Revenons à la réalité, ce texte ne va pas s'écrire tout seul.
Bismillah!
A peine ai-je commencé à écrire que se pointe devant moi Abdou Karim.
C'est un garçon de ma classe. Il est ,disons, chétif. L'autre jour, un de ses amis voulait me dire quelque chose à son sujet mais ce dernier l'a littéralement forcé à se taire. Et il a dit à toute la classe qu'il m'aime d'amour.
Alors tout le monde est au courant de ses sentiments sauf la principale intéressée. Les autres viennent me parler dès fois de la sincérité de son amour pour moi mais bon je n'y crois pas trop. Qui peut m'aimer moi?
A la pause, il était avec ses trois amis en train de faire messe basse au fond de la classe. Il n'y avait qu'eux et moi. A un moment, les autres se sont éclipsés nous laissant que tous les deux. (Wa gnii daniouy maquereau nii waleu je me trompe 😂)
Je sentais son regard sur moi et il était en sueur (toujours à sa place bien sûr) ,je n'en fis pas cas et me concentrais sur mon poème.
Il trottait sur sa chaise avant de sortir. De la porte entrebâillée, je voyais ses potes lui parler avec des gestes de coachs: c'était drôle à voir.
Et là il se tient devant moi

Abdou karim: Euh Nafissatou ... euh ... je peux te parler?

J'appréhende déjà ce dont il veut parler.

Moi: oui, je t'écoute

Abdou karim: ....

Je le vois ouvrir la bouche et la refermer. Je sais qu'il veut dire quelque chose mais la peur le tenaille. Ça se lit dans son regard. Je décide de le mettre en confiance.

Moi: Vas-y! (d'une voix que je veux rassurante)

Abdou karim: Veux-tu sortir avec moi?

Le moment fatidique!
Je l'apprécie énormément mais je n'irais pas jusqu'à dire que j'en suis amoureuse. Non pas à ce point.
Je suis en classe de Terminale mais je n'ai jamais eu de petit ami. Cela ne fait pas partie de mes priorités. Et puis pff qui pourrait m'aimer?

Si tu ne t'aimes pas d'abord toi-même, ne t'attends pas à ce que les autres t'aiment.
Pff! Stupide Conscience chuuttt!
Je me dis que si j'accepte, je vais trahir la confiance de mes parents, mais d'un autre côté si je refuse, il sera peiné et aura honte devant ses amis et même toute la classe. Je suis sûre qu'ils sont en train de l'attendre derrière la porte et s'il rentre bredouille, ça le mettra mal à l'aise de raconter comment il s'est fait recalé.
En d'autres circonstances, j'aurais pu lui dire de me laisser réfléchir en étant sûre de refuser. Mais me connaissant, il me serait vraiment presque impossible d'aller le voir et d'entamer la conversation à ce sujet. Timidité pourrie!
Il me fixe nerveusement alors que je suis dans une profonde reflexion.

"JE T'Aime" n'est pas Un Gros MotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant