"JE T'Aime" n'est pas Un Gros Mot

Chapitre 6

«Un seul être vous manque et tout est dépeuplé»

Le visage larmoyant, les jambes flageolantes, je déambule dans les couloirs de l'hôpital. Je me perds dans ses murs à la couleur blanche, symbole de cette paix que je voudrais tant avoir au fond de mon être.
Je suis dans un hôpital, n'empêche j'ai mal. Ce que je ressens c'est une douleur intérieure. J'ai besoin d'un pansement au coeur. Les infirmiers défilent par-ci, par-là. J'entends les cris d'une voix féminine qui précèdent les pleurs d'un bébé.
Dans cette salle, quelqu'un est venu au monde et dans une autre, quelqu'un a quitté le monde des vivants.
En l'espace de quelques petites heures, j'ai vu mon existence se faire chambouler. Je suis en état de choc. Je n'ai jamais pensé perdre l'homme de ma vie si tôt.

Papa, tu m'avais promis de toujours être là. Peu importe, le nombre d'années que j'aurai, j'aurai toujours besoin de sécurité dans tes bras.
Quand l'astre du jour apparaîtra ou que le ciel grondera, je penserai à toi. J'ai besoin de toi père, tu es mon repère.
Mon coeur sera ton éternelle demeure.
Je te fais la promesse, moi ta princesse, de bien tenir le flambeau en bon aîné.

Je lance un regard furtif à Abdou Karim. Dans les bons moments, on est bien entouré de beaucoup de gens mais parmi eux, rares sont ceux qui restent durant les mauvaises passes.
Il a mis en pause toutes ses occupations pour me soutenir. Ma reconnaissance lui sera éternellement destinée. Dans un dernier effort, je cours me jeter dans ses bras.

Moi(hoquetant): Merci Abdou Karim. Je t'aime!

Il se tait un moment, stupéfait.

Abdou Karim: Répète, tu... tu as dit quoi?

ABDOU KARIM

Je n'en crois pas mes oreilles. Pour la première fois, je l'entends prononcer ce doux cocktail de mots. Depuis le temps que je l'attends de sa part.
Je soulève délicatement sa tête.

Moi: Répète, tu... tu as dit quoi?

Elle lève les yeux vers les miens

Nafissatou: Je t'aime Abdou Karim

Moi: Je t'aime plus que ma propre vie. Je ne te ferai jamais de mal volontairement. Tu as perdu ton papa aujourd'hui mais je te promets une chose. Je ferai tout pour que tu ne ressentes presque pas l'absence d'une figure paternelle. Je serai ton papa, ton frère. Je te protègerai de tout. Je prendrai soin de toi comme la pierre précieuse que tu es. Je t'aime mon émeraude. Sèche moi ces larmes ma belle. Allah est Celui qui décide de tout. Il nous l'avait prêté, Il l'a repris. Dis Alhamdoulillah(rends gloire à Dieu) et prions pour Papa.

Elle efface ses larmes.

Nafissatou: Alhamdoulillah

....: Vous êtes des membres de la famille de la patiente Abibatou?

Nafissatou serre fermement ma main. Elle est anxieuse.

Nafissatou: Oui! Oui Docteur, je... je suis sa fille. Comment va ma mère?

Dr: Veuillez me suivre dans mon bureau.

Nafissatou: Comment va ma mère docteur?

Je lui tiens la main pour qu'elle se calme.

Moi: Docteur, comment va Mme Diallo? Son état s'est-il amélioré?

Docteur: La patiente était inconsciente à son arrivée. Dans la salle de réanimation, le travail avait commencé. Les contractions devenaient moins espacées mais elle n'avait pas la force de pousser pour faire sortir le bébé.