L'amour après la haine~ Ereri/Riren~

~9~ Accord de paix

Mai 1950

Je passe la matinée à écrire sur ma machine. Monsieur Smith est allé me chercher du papier au village hier, donc je peux enfin pratiquer ma passion. Ce n'est pas la marque que je prends habituellement puisque l'encre colle moins bien, mais c'est mieux que rien... cependant, je peine à écrire quelque chose qui me satisfait. Je jette un dernier regard vers la feuille que je viens de terminer, puis fini par la chiffonner comme les précédentes. C'est si ennuyeux. Je dois me changer les idées si je veux parvenir à quelque chose de bien, car je ne fais que penser à Eren, ne fais que noter toutes les différences entre celui d'aujourd'hui et l'ancien.

Dans un grognement, je me lève en écrasant le reste de cigarette qui m'aidait à me concentrer, puis passe les mains dans mes cheveux. Prendre l'air va me faire du bien... je crois justement qu'Erwin est à l'étable, donc je vais aller l'aider un peu s'il a du travail à faire. J'agrippe mes vêtements sales que j'enfile, puis sors de la maison.

La température extérieure est douce, agréable en ce mois de mai. Elle me rappelle l'époque où j'étais jeune. Quand il faisait si beau, ma mère amenait moi et Jean à la rivière pour nous laver convenablement. J'aimais beaucoup patauger dans l'eau tiède et sentir les petits poissons venir embrasser mes pieds. Lorsque j'en avais envie, je m'amusais à capturer des écrevisses. C'était une sorte de concours entre moi et mon frère pour savoir qui attraperait la plus grosse. Parfois, elles me pinçaient les mains, mais je m'en moquais. Je m'amusais et c'est tout ce qui comptait. J'aimerais bien y retourner.

Je me dirige vers l'étable et l'odeur du fumier me fauche le nez quand je rentre dans le portique. On fini par s'y habituer, même si à première vue cela peut sembler dégoutant. Des chats ne tardent pas à venir se frotter contre mes chevilles et je ne peux résister à l'envie de les caresser. Est-ce que Armin leur donne encore des noms?

Après un court moment à profiter des félins, je rentre là où se trouve le bétail. Il doit y en avoir près de 15 vaches, juste assez pour le lait, deux cochons et quelques poules qui approvisionnent la maison en œufs. Je passe ma main sur la tête de quelques vaches. Certaines sont gentilles et d'autres plus craintives. Je les comprends de ne pas aimer se faire flatter par un humain qui les maintient prisonniers.

Comme je ne vois Erwin nulle part, j'entreprends de le chercher. Il doit être dans la grange, là où ils rangent les balles de foin. Je sais que ces temps-ci, ils sont tous absorbés par le travail avec le temps de foin. Mon cousin est réellement doué pour réussir à tout gérer. Il cultive même du maïs et un jardin assez grand pour les nourrir durant toute l'année. Il faut réellement être passionné pour passer sa vie à s'occuper d'une ferme. Moi, je sais que j'en serais incapable. C'est un travail du matin au soir, 24h sur 24. Il n'y a pas de congé quand on est agriculteur.

Je pousse la lourde porte de bois pour rentrer dans la grange. Il fait si chaud dans cet endroit. J'entends un bruit ressemblant à un grognement venant d'un peu plus loin, puis la voix d'Erwin s'élève avec douceur :

-Je suis certain qu'un jour tu vas y arriver. Tu t'améliores toujours. Tu veux réessayer?

J'entends à nouveau l'espèce de grognement ressemblant vaguement à un mot. En m'approchant un peu plus, je remarque mon cousin assis sur une botte de foin près de Mike. Je suis surpris de les voir si près, genoux collés, alors qu'ils se regardent droit dans les yeux en souriant. Le garçon muet semble essayer de prononcer de vive voix un mot et c'est ce qui crée ce son curieux. Je le croyais pourtant incapable de parler? Je m'approche en croisant les bras.

-Il arrive à faire certains bruits? M'étonnai-je.

Les deux garçons sursautent, n'ayant surement pas remarqué ma présence avant mon intervention. Pourquoi semblent-ils effrayés? Mike se lève brusquement, me salue de la tête, puis retourne dans la section des animaux. Est-ce que j'ai dit quelque chose de mal?