07 bis | MERDE, MERDE, MERDE

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Pdv de Kyrel

« 𝔸ℙ𝕆ℙ𝕃𝔼𝕏𝕀𝔼 »

« Merde, merde, merde. Ai l'air naturel, Kyrel, m'intimé-je mentalement. »

Magdalena ne s'en va pas avec les autres et reste là, plantée devant moi, la mine sombre.

— Tout va bien ? demandé-je alors d'un ton que je veux enjoué.

— Écoute moi bien, Kyrel, gronde la jeune femme en pointant sur mon torse un doigt accusateur. Si, peu importe comment, pourquoi ou autre, si tu blesse mon ami, si tu t'avise de faire le moindre mal à Ambrose...

Un bref rire énervé sort de sa gorge.

— Je te réduis en charpie. Je te découpe en petits morceaux avec mes dents. Je brise tout ce qui peut l'être chez toi et lorsque j'en aurai finis, il ne restera pas assez de matière pour remplir une boîte d'allumettes.

Je la regarde bouche bée, connaissant la bête, c'est qu'elle en serait bien capable ! Puis sans savoir trop quoi dire, je baisse la tête tout penaud.

— C'est clair ?

— Limpide, bredouillé-je.

Elle me regarde doucement, la colère a désormais disparu de ses grands yeux.

— Est-ce que tu l'apprécies un tant soit peu ?

— Oui, je crois...

Je me frotte le visage.

— J'en sais rien, Magda... Je suis complètement perdu. Il m'a chamboulé, l'imbécile. Je ne suis plus sûr de rien, avoué-je un peu honteux.

Elle pose une main rassurante sur mon épaule.

— Ça va aller, réfléchis au calme. Vas-y au feeling, comme à ton habitude, Ky...

Et elle tourne les talons pour rejoindre Ambrose.

Je ne sais plus ni quoi faire, ni quoi penser, ni quoi dire, ni rien du tout.
Je suis complètement déboussolé.
Magdalena a compris, et les autres ? Que diraient-ils ? Magdalena est pansexuelle et tout le monde le sait alors sa compréhension ne m'étonne pas vraiment, mais les autres gars... comment réagiraient-ils si moi j'étais...

Je m'assois sur un transat en massant doucement mes tempes avant de plonger mes mains dans un des sauts en faisant semblant d'y chercher une bouteille d'alcool.

J'observe discrètement l'échange entre les deux jeunes gens à l'intérieur.

Ambrose semble triste, Magda ne fait que de le serrer dans ses bras. À un moment, il éclate même en sanglot et mon cœur éclate dans ma poitrine. Je n'ai qu'une envie, sauter dans l'eau le rejoindre pour lui dire que tout ira bien, que je suis désolé aussi.

Et voilà que moi aussi je me mets à chialer. Quelques larmes glissent sur mes joues bien malgré moi.

« Bordel, Kyrel, dans quelle merde tu t'es encore foutue ? pensé-je. »

Puis la voix de ma conscience murmure :

« Non, ce n'est pas la bonne question que tu te pose. Tu dois plutôt te demander, mais qui es-tu, Kyrel ? »

Je sèche mes larmes et repense à tout plein de petites choses. Mon doigt qui ripe sur l'onglet d'à côté au milieu de la nuit et moi qui viens sur deux mecs qui s'amusent, mes yeux qui glissent sur une paire de fesses avant de se rendre compte qu'elle n'appartient pas à une gonzesse, les tripes qui dansent dans les vestiaires de sport ou à la piscine et des dizaines d'autres choses.

Mais qu'est-ce que ça veut dire ?

Je crois qu'Ambrose a déverrouillé quelque chose en moi. Il a réveillé un truc qui était là depuis toujours sans que je n'ose me l'avouer.

Et je ne sais pas si je dois le remercier ou pas.
De toute façon, je n'ai pourtant, presque étrangement, aucun regret.

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