Pretty boys

08 | PEUR ET REGRETS

Pdv d'Ambrose

« 𝐿𝑒 𝒸œ𝓊𝓇 𝓆𝓊𝒾 𝑔𝓊𝑒𝓊𝓁𝑒
𝐻𝒶𝓁𝓁𝑒𝓁𝓊𝒿𝒶𝒽. »

Magdalena me laisse seul. Je suis complètement pantelant, vidé de toute mon énergie, comme si la fatigue de toutes mes nuits blanches me retombait d'un seul coup sur les épaules.

Je me gratte la nuque, vieux tique que j'ai lorsque je suis stressé.

Je commence à regretter de toutes mes forces ce qu'il s'est passé ce soir. Kyrel est un bad boy coureur de jupons, il va m'étriper...

« Merde, hurlé-je sous mon crâne. Mais pourquoi tu as fais ça, Ambrose ! »

Le voilà qui arrive. Est-ce que je dois dire quelque chose ? M'excuser ? Baisser le regard comme je le fais si bien, m'aplatir ?

J'ai peur, que va-t-il faire ? Me cracher à la gueule et m'insulter comme un petit hétéro touché dans ses convictions intimes ? M'insulter de tout les noms possibles et imaginables ? Ou peut-être m'ignorer ?

Je ne sais franchement pas ce qui est le pire...

Lorsqu'il s'arrête en haut des marches, j'en monte deux avant de redescendre aussitôt. Mieux vaut me faire microscopique, c'est moi qui ai merdé après tout. J'ai mal interprété son baiser, je l'ai interprété de la façon dont je le voulais tellement au plus profond de moi.

Kyrel ne dit rien, il ouvre et ferme la bouche comme le font les poissons rouges dans leur bocal. On dirait bien que pour la première fois de sa vie, Kyrel ne sait absolument pas quoi dire, ni quoi faire. C'est une grande première. Pas même une blague idiote ne dépasse ses lèvres si bien faites.

Je le vois qui replace machinalement son septum qui bouge sans arrêt.

Doucement, je relève ma tête que j'avais baissé pour le regarder dans les yeux. Je me noie dans ses iris incolores. Ses yeux diamants, on dirait la surface tranquille d'un lac en hiver.

Et il fait la chose qui m'étonne le plus au monde.

Il me sourit. Il me sourit de toutes ses dents, de toutes ses forces. De tout son cœur, il met toute son âme dans ses zygomatiques.

Et ce sourire il veut dire un million de choses. Il veut dire tout ce qui n'arrive pas à dépasser nos lèvres mystérieusement soudées. Et c'est beau.

Puis il tourne les talons et s'en va rejoindre les autres.