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treize

Quand Samuel releva les yeux de la tombe de Violette, il tomba sur le visage souriant de Rose.

-Hey.

-Salut. Ça fait longtemps que tu es là ?

-Non, je suis juste passée faire un coucou à Lilith. Je voulais pas t'interrompre.

Samuel haussa les épaules avant de se lever, passant ses mains sur son jean pour enlever les éventuelles traces de terre.

-Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda Rose comme si elle ne savait pas qu'il était là.

En vérité, elle le savait très bien : Samuel lui en avait parlé dans les messages qu'ils s'échangeaient en continu depuis plusieurs mois maintenant.

-Je suis venue pour le boulot, répondit-il, comme à chaque fois, et Rose hocha la tête.

Elle entendait cette justification une fois toutes les deux semaines, quand Samuel débarquait à Lyon pour quelques jours ; deux, en général, parfois trois.

Pourtant, plus le temps passait, moins elle en était convaincue.

-On va manger une glace ? proposa-t-elle.

C'est là-bas qu'ils finissaient toutes les deux semaines ; ils représentaient une sacré partie du chiffre d'affaire du glacier à eux deux. Mais c'était leur truc, un peu comme un rituel. Le cimetière pour voir ces femmes qui les avaient quittées physiquement mais pas mentalement ni émotionnellement, puis le glacier, rien que tous les deux ; Samuel avec sa glace au café, Rose avec n'importe quel fruit pour parfum.

Ils s'installèrent sur leur banc habituel et entamèrent leurs glaces en silence. Mais ce n'était jamais un silence gênant, plutôt un silence apaisant. Un silence qui signifiait qu'ils étaient assez confortable l'un avec l'autre pour se permettre de dézoner complètement et de partir dans leurs pensées.

-Je pars en Équipe de France, la semaine prochaine.

Rose hocha la tête, pas surprise.

-On a deux matchs amicaux. Je suis content de retrouver l'équipe.

-Tu t'entends mieux avec eux, ou avec ceux de Barcelone ?

Samuel sourit.

-Je peux pas choisir. Ce sont deux ambiances complètement différentes. Des objectifs différents aussi, c'est pas la même échelle pour un club que pour une équipe. Mais peut-être que l'équipe de France a une plus grande place dans mon coeur parce qu'ils m'ont rendu champions du monde. J'ai gagné des trophées avec le Barça aussi, mais rien ne peut dépasser une Coupe du Monde dans la vie d'un joueur de foot.

-Samuel.

-Ouais ? demanda-t-il, regardant Rose, et il fronça les sourcils en voyant qu'elle jouait avec ses doigts, comme si elle était anxieuse.

-Tu viens pas ici toutes les semaines pour travailler, dit-elle, et Samuel se figea, la dévisageant. Il ne pensait pas qu'elle le savait, même si cette excuse était vraiment légère.

En la dévisageant, il vit qu'elle avait bien compris pourquoi il continuait de venir.