Quand Arès rencontre Apollon

ATHENA

La musique est trop forte, trop puissante, trop tout. Rien ne va. Il n'a pas vraiment envie d'être là de toute façon. Il veut le retrouver. Il veut partir loin, prendre le premier avion et quitter cette soirée de merde qui a mal commencé. Le corps poisseux, l'esprit embué d'alcool, il sort. La fraîcheur de la nuit le frappe comme une gifle. Décidément, Zéphyr fait tout pour l'emmerder ce soir. Il cherche à taton son paquet de cigarettes et en fume une. Puis, deux, puis trois, puis quatre. Le paquet se vide, mais son coeur reste engorgé de tristesse. Il est nostalgique de ces bonnes années, de ces bons moments. C'est peut être à cause des nombreux litres d'alcool qu'il a ingurgité dans la soirée, ou juste parce qu'il en a marre. Les larmes lui viennent mais il les repousse d'un geste de la main et se relève. Pas le temps de pleurer, il doit rentrer chez lui. Il n'a pas à être ici au milieu de la population, perdu. Il n'est pas n'importe qui.

Il arrête le premier taxi et saute dedans. La destination ? La Grèce. Sa tête lui fait un mal de chien, son organisme est de plus en plus faible et il a l'impression que le monde tourne. Mais tant pis, il prendra le prochain avion et partira. Que les dieux en décident autrement, il montera dans ce putain d'avion et il ira le retrouver. C'est plus qu'un simple manque, c'est un besoin. Le taxi s'arrête devant Heathrow. Il ne remercie même pas le chauffeur et court dans le hall. Heureusement, il a pris son porte monnaie. Haletant et dans un sale état, il prend le prochain vol pour Athènes.

Une fois assis dans l'avion, il décuve. Il se demande si c'est la meilleure des solutions de rentrer sur un coup de tête. Il n'est plus le bienvenu là bas. Mais il ne tient plus. Ce n'est pas grave si Zeus décide de le foudroyer dès qu'il aura posé le pied sur le sol grec, il aura essayé de le revoir. Le regard perdu dans le vide, il se souvient. Il se souvient des bons moments, des heures où ils étaient cachés, mais heureux. Tout était si bien, si beau, si éphémère. Ils le savaient tous les deux mais le temps les a rattrapé, les a tué. En y repensant, ils ont pris ce risque parce qu'ils s'aimaient. Beaucoup trop peut être. Rien ne peut effacer tout ce qu'il s'est passé. Il ne veut pas grand chose, il veut juste quelques instants. Une dernière fois, cette sensation de bonheur. Il se doute bien que c'est un rêve, une idée, quelque chose qu'il veut depuis des années.

La ville d'Athènes s'étend à perte de vue devant lui. Il n'aime pas cette ville. Il ne l'a jamais aimé. Trop de monde et puis c'est la ville d'Athena. Il ne faut pas en demander plus. Cette fille est le diable en personne, ils se sont toujours détestés et ça ne s'est pas arrangé avec le temps. Enfin, avant qu'il ne soit banni, c'était déjà tendu. Il ne s'attarde pas, sûrement pour éviter d'attirer l'attention. Les dieux sont assez rusés pour se douter qu'il reviendrait un jour ici.

Il prend le premier train jusqu'à Sparte. Sa ville n'existe plus. C'est un champ de ruines qui sont visitées par d'étranges touristes. Le monde a changé, et parfois, c'est dur de se dire que tout ce qu'on a connu n'est plus qu'un tas de pierre. Il déambule à travers les anciennes rues reconnaissant des morceaux de fresques à sa gloire. C'est une époque révolue maintenant. Il reste encore une petite heure à regarder les ruines de ville et prend un taxi pour Delphes. Là bas, il pourra sûrement le retrouver. C'est étrange de redécouvrir un paysage qui a tellement changé. En un siècle, le paysage a été marqué par la guerre, les nouvelles constructions pour attirer le plus de touristes. Et pourtant, à Delphes, il n'a devant lui qu'un tas de ruine, comme à Sparte. Tout ce qui a pu faire la gloire de la Grèce Antique a disparu. A cet instant, il se demande si le revoir sera un jour possible.

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