HERA

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La paix n'a pas duré longtemps. Nous avons pu rester dans l'ombre plusieurs siècles, en se rencontrant de temps en temps en coup de vent. On a commencé à avoir des soupçons quand ma statue a été déposée à Delphes. Les Muses, un peu trop bavardes, ont colporté des rumeurs qui sont revenues aux oreilles des dieux. On a dû se séparer avec Apollon. Se voir beaucoup moins, même sous notre forme humaine. On se croisait au conseil des dieux deux fois par an, en faisant semblant de s'ignorer. C'est la meilleure des solutions, même si c'est douleur. Je n'aurais jamais cru quelqu'un qui m'aurait dit que je tomberais un jour, amoureux d'Apollon. Et pourtant, je n'ai pas honte de le dire, je suis amoureux de lui. Beaucoup plus que je ne l'ai été d'Aphrodite. Sa beauté ne me fait plus rien, son corps ne me donne plus envie. Elle est belle, personne ne peut le nier mais le désir n'est plus là. Je la regarde comme une belle femme, pas comme la personne que j'aime.

En cette belle journée d'été, je me balade dans les forêts luxuriantes de la région de Delphes, entourée de montagnes. Apollon ne devrait pas tarder. Exceptionnellement, on s'est donné rendez vous ici. Même si ça devient compliqué de se voir, je n'ai pas pu résister à lui proposer de se voir. Il me manque tellement.

Quand je mets le pieds dans le pavillon, des voix résonnent. Je reconnais tout de suite la voix mélodieuse d'Apollon mais pas la seconde voix. Plus je m'approche, plus je remarque qu'il est en bonne compagnie avec une très jolie femme. A sa silhouette fine et élancée, ses longs cheveux bruns bouclés et sa peau hâlée, j'en déduis que c'est dryade. Ses yeux violets dévorent littéralement le dieu qui discute avec elle. Comme une bouffée de chaleur, la jalousie s'empare de moi. C'est un sentiment tellement affreux et douloureux à la fois.  L'impression que le cœur se noircit et que l'on va finir par ne plus rien contrôler.
J'arrive à leur niveau, réfrénant comme je peux, ce sentiment qui me dévore. Apollon remarque ma présence et se fige. Ses joues prennent une couleur rosée, comme s'il était gêné. Tous mes sens sont en alerte. Est ce qu'il se sent coupable ? Est ce qu'il a tenté quelque chose avec cette nymphe ?

— Je... je vais y aller. Elle a la décence de dire quand je lui lance un regard noir. Elle a dû comprendre qu'elle avait meilleur temps de fuir et de ne pas subir mes colères.

— Au revoir Ethae.

La fameuse Ethae. Cette nymphe si belle qu'elle fait trembler les dieux. Une petite sœur des Hespérides.  Effectivement, on ne peut pas dire qu'elle passe inaperçu avec ses  cheveux bruns et ses traits très fins. Intérieurement, je ne décolère pas, ma jalousie a décidément pris le dessus. Une fois seul avec Apollon, je ne le quitte pas du regard, voulant trouver la moindre petite faille dans son regard qui me dirait qu'il a flashé sur elle.

— Pourquoi étais-tu avec elle ?

— Elle est venue me voir avant que tu arrives.

— Elle est belle.

— Ne sois pas jaloux. Il me dit, agacé. Tu ressembles à Héra, quand tu es comme ça.

— Je ne suis pas comme ma mère ! Je me lève, furieux.

Les crises de jalousie d'Héra ont toujours été démesurées et beaucoup se moquent de son statut. Une femme sans cesse baffouée qui passe son temps à se venger. Hors de question que l'on me compare à elle. Elle a été la pire mère possible avec moi, me faisant honte à chaque fois que l'on prononçait son nom.

— Écoute, on ne s'est pas vu depuis six mois, ce n'est vraiment le moment d'être jaloux non ? Il soupire.

Il a raison. Je suis idiot à réagir comme ça. Un dernier regard en arrière et je pars l'embrasser tendrement. Il m'a manqué, ses lèvres m'ont manqué. Nous prenons un grand risque en se voyant ici, mais ça ne peut plus attendre. Mon corps appuyé contre le sien, je passe ma main sur sa cuisse à l'endroit sensible de sa cicatrice. J'ai appris, avec le temps que c'était  un point très sensible, presque érogène. Un gémissement s'arrache de ses lèvres quand je remonte ma main jusqu'à son sexe, décrivant des mouvements de vas et viens très lents. Apparemment, c'est beaucoup trop lent, pour amant qui d'un regard suppliant me demande d'accélérer. Mais cette fois ci, je prends tout mon temps. Je veux le voir se languir de plaisir, que celui ci monte en flèche, qu'il soit totalement pris par son orgasme. J'aime voir son regard humide, ses lèvres entrouvertes et ses mains qui griffent mon dos. Je retire ma main et l'allonge sur le sol froid.

— Je ne te savais pas exhibitionniste. Il plaisante, haletant

—  Tais toi et profite.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre, parce que je m'enfonce petit à petit en lui. Nous gémissons à l'unisson de plaisir. D'un geste brusque, je déchire son chiton doré. J'ai besoin de le voir nu, de pouvoir pleinement admirer son corps se tendre sous moi comme la première fois. Mes coups s'intensifient, j'ai envie de lui montrer qu'il est mien et uniquement mien. Son souffle devient de plus en plus erratique au fur et à mesure que j'accélère mes coups de bassin.

— Abandonne toi à moi. Je lui souffle. Montre moi que tu es mien.

En guise de réponse, il m'embrasse passionnément. Ses gestes de tendresses calmeront peut être ma jalousie. Nos regards se croisent et je vois le plaisir traverser son regard. Il se tord, resserrant plus fort mon corps pour finir par jouir. Je m'effondre contre lui, quelques minutes après. Haletant, le corps en sueur, nous nous remettons de nos ébats.

— C'était quoi ça ? Il me demande, encore épuisé.

— Des retrouvailles après 6 mois de séparation.

— C'était différent des dernières fois.

— Tu n'as pas aimé ?

Il mord sa lèvre inférieure et affiche un sourire en coin.

— J'ai adoré.










Ethae est revenue, ne faisant qu'attiser encore plus ma jalousie. Quand je suis venu pour voir Apollon à Délos, elle était là. Au milieu des muses, elle portait une superbe robe verte qui mettait en valeur sa beauté. Quand elle m'avait vu, elle a souri. A cet instant, je m'étais retenu de lui transpercer le corps. Apollon m'a prévenu qu'elle avait été un modèle pour l'une de ses peintures. Cette fois-ci, ça avait été la goutte de trop.

C'est à cause de ça que je suis ici aujourd'hui. Le palais d'Aphrodite est resplendissant. Presque aussi beau que celui d'Apollon. Connaissant le palais par cœur, je m'avance jusqu'à sa chambre. Elle est allongée dans son grand lit, un voile couvrant très peu son corps nu.

— Quel bonheur de te revoir, Arès. Ça fait tellement longtemps. Elle se tourne vers moi pour se jeter dans mes bras.

— Tu me manquais.

— Vraiment ? Ces six derniers mois, je ne t'ai pas tellement manqué. Elle me dit plus froidement.

— J'étais très occupé, tu le sais.

— Sûrement. Pourquoi es-tu venu ? Mon corps te manquait ?

— J'avais quelque chose à te dire.

— Je t'écoute.

— Une femme se prétend être plus belle que toi.

Le regard de la déesse devient noir. Aphrodite a un ego énorme et savoir qu'une femme se prétend plus belle qu'elle, elle devient folle.

— Qui est cette fille ?

— Une jeune nymphe qui a la prétention de dire qu'elle est plus belle que toi. Je l'ai rencontré une fois. Elle s'est approchée de moi en disant que je tomberais amoureux d'elle parce qu'elle pourrait dépasser ta beauté.

—  Quel est son prénom ?

Tout marche comme prévu. La colère de mon épouse fait éclater les nombreuses roses disposées dans la pièce, laissant une forte odeur presque écoeurante.

— Ethae. Elle s'appelle Ethae.

#QARAfic

Quand Arès rencontre ApollonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant