APOLLON

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— J'aimerais que tu sois ma muse. Il me dit, alors que je suis à califourchon sur lui, embrassant son corps.

—  Vraiment ?

— Tu serais magnifique, ton corps à moitié nu, triomphant avec tes armes, sculpté à merveille dans du marbre. On garderait une empreinte éternelle de toi.

Je suis toujours gêné de l'attention et des compliments de sa part. Nous nous voyons souvent pour ne pas dire tout le temps. Après lui avoir demandé de rester dans la clairière et la réunion chez le roi de Salamine, il est revenu plusieurs fois pour me voir  à Thrace. Sa première visite a été étonnante. Je revenais de guerre et j'ai vraiment été surpris de le voir, face à l'une de mes statues, le regard admiratif. Cette visite a marqué le début de tout. Régulièrement, il revenait me voir quand je rentrais à Thrace. Sous notre forme mortelle, on se rejoint dans le sanctuaires ou dans les temples de l'un ou de l'autre. A part les quelques prêtres ou la Pythie, personne n'a vraiment remarqué notre présence. Ils doivent croire que nous sommes des croyants très pratiquants. Enfin, ce que l'on pratique relève plus du culte d'Eros... Parfois, on va à la clairière et on passe du temps ensemble. On ne se doute de rien parmi les dieux. Ma double vie n'a pas attiré l'attention d'Aphrodite qui pense que je suis très pris par les nombreuses guerres qui secouent le Péloponnèse en ce moment.

— Et qu'est ce que tu feras de ma statue ensuite ?

— Je la mettrai au milieu de Delphes et disant à tout le monde que je suis amoureux de toi. Il rit.

Amoureux. Il est amoureux de moi. Ce mot est lourd de sens, aussi lourd de conséquences. Ce mot me fait peur parce qu'il est lié à Aphrodite indirectement. L'amour est son domaine, la chose qui régit le monde depuis des siècles, ce pourquoi on fait des guerres et que l'on sauve d'autres vies. Aphrodite est puissante rien qu'avec ce sentiment. C'est un sentiment puissant et fort qui peut peser dans la balance et tout faire tomber si elle le sait. Elle va le détruire. Apollon comprend que ce que je viens de lui dire m'a perturbé.

— Qu'est ce qu'il y a ?

— Rien, je suis juste fatigué. Je m'allonge à ses côtés.

—  Elle ne le saura pas. Même jamais. Aphrodite est aveuglée par elle-même uniquement. Elle ne devinera jamais pour nous et même si elle sait, je te protégerai. Je te le promets.

Ses mots me touchent directement. Sans lui répondre, je le serre contre moi le plus fort possible.


— Retire moi cette fichue chlamyde, par tous les dieux ! Tu mets moins de temps à te déshabiller d'habitude. Il soupire agacé.

Je finis par la retirer ne gardant, que mes sandales. Il a décidé qu'aujourd'hui, il allait faire une esquisse de moi pour en faire une statue. Un orgasme et il a des projets impressionnants. Ça a été toute une organisation parce qu'aucune des muses ne devaient me voir ici. Il leur a demandé une tonne de choses à faire pour ne pas qu'elles soient ici.

— Voilà qui est mieux ! Ça me permet d'admirer ton corps au passage. Il ajoute en souriant.

— Pervers.

— Sous la forme humaine, tu es beaucoup moins impressionnant. Il me détaille de haut en bas.

— Fais attention, je pourrais t'émasculer d'un coup d'épée. Je le menace.

— L'émasculation est vraiment un truc de famille, on dirait. Tais toi maintenant.

Je fais le modèle une bonne partie de l'après-midi. J'aime le voir dans son domaine, l'art. Il est encore plus beau. Son regard est concentré, ses sourcils légèrement froncé et affichant un air très sérieux. Parfois, il repousse quelques boucles qui lui tombent sur le visage et il continue. Ses gestes sont élégants, légers et précis. Quand il a terminé la forme initiale, il affiche un air satisfait.

— C'est une ébauche mais je pense que ça sera grandiose.

Je m'approche de lui pour observer son travail. Même si ce n'est qu'un début, c'est presque parfait. J'aime le voir fier de son travail, les yeux pleins d'étoiles et un grand sourire sur les lèvres. Si c'est pour voir ce sourire sur le visage, je pourrais être tous les jours sa muse.



Et il n'a pas menti, il l'a vraiment mise dans un de ses temples. Pas celui de Delphes, mais celui de Délos, sa résidence principale.  Elle est plus grande que je ne le pensais et contrairement au modèle de base, il m'a fait en mouvement. On ne peut pas nier que c'est le dieu des arts.

— Je suis impressionné, elle est vraiment magnifique. Je lui dit lorsqu'il arrive à mon niveau.
— Je suis content qu'elle te plaise, elle m'a pris assez de temps.
— Les Muses n'ont pas été surprise ?
— Non pas vraiment, elles se doutent que c'est l'un de mes nombreux amants mais elles ne savent pas que c'est toi.

Un de mes amants. La phrase fait un peu mal. Cela me fait dire que je ne suis pas le seul et ça me dérange. Encore un trait de caractère hérité de ma très chère mère. Cependant, je ne peux pas m'empêcher de lui en demander plus.

— Et tu en as combien d'amants ? Je lui dit, curieux de sa réponse.

Apollon descellé tout de suite la petite pointe de jalousie dans ma voix et s'en amuse.

— Hum...si on compte bien, je crois que j'en ai eu une dizaine ces derniers siècles mais bon, rien de très sérieux.

Je lui lance un regard noir en resserrant le verre en cristal que je tiens.

— Sauf avec un. Il est différent. Il fait semblant de se rappeler.
— Et en quoi ? Je lui dis froidement
— Contrairement aux autres, il est plus chiant, plus têtu et un peu impulsif parfois et extrêmement jaloux même s'il ne veut pas se l'avouer. Et puis, il est vraiment magnifique. Un dieu vivant. Il se met à rire et je comprends vite qu'il parle de moi. Il m'a même servi de modèle pour cette statue.
— Idiot. Je lève les yeux au ciel.
— C'est pour ça que tu m'aimes.

Les mots ne sortent toujours pas. Je ne peux pas lui dire où peut être que je ne veux pas lui dire. Il le sait alors il ne se vexe pas.  Il sait bien ce que tout ça pourrait impliquer alors il n'insiste pas. En échange, je lui embrasse le front. C'est une réponse plus physique à ses sentiments. Mon regard se porte encore une fois sur la statue. Elle a le regard tourné vers l'Est, le regard dur, prêt à viser de sa lance, le ciel. Ici, le fait que la statue soit tournée vers le ciel a une signification. Je connais Apollon et toutes les nuits que nous passons, nous sommes face à Ouranos, le ciel. C'est comme une menace pour les cieux. Seul le silence pourra nous éviter le châtiment.

#QARAfic

Quand Arès rencontre ApollonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant