ARÈS

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La Grèce a perdu de sa chaleur. Elle n'est plus ce pays resplendissant de couleur, symbole de la grandeur de l'Antiquité. Tout le prestige et le faste des nombreuses cités sont partis avec le temps. Athènes est couvert d'une pellicule de pollution qui rend l'air irrespirable, étouffant.Mon retour à Sparte a été difficile. La ville n'existe plus. Il ne reste plus rien qu'un tas de cailloux. Tout a disparu avec le temps. Je n'ai pas voulu rester plus longtemps parce que je ne voulais pas garder en tête cette image de ma cité détruite. Cette cité puissante de par sa force, cette cité que j'ai protégé pendant des siècles. Les touristes ont l'air de se contenter de photographier les ruines des différents temples qui surplombent la ville. Ils n'ont pas connu la beauté de cette ville, les couleurs rouges, la douceur au printemps et le froid mordant en hiver. Ils n'ont pas connu la vie dans cette cité, les lumières, les victoires militaires et les chants de guerres qui emplissaient les rues.

Quand je suis allé à Delphes, ça été la même chose mais je crois que ça a été encore plus dur pour moi. Le sanctuaire d'Apollon à Délos n'est plus là. Tellement de souvenirs me reviennent. J'ai passé mes meilleures années là-bas, avec lui. Et plus rien. Comme nous deux.

Il n'était pas là. J'ai traversé toute la Grèce pour le retrouver mais il n'était pas là. Je lui ai fait une promesse, il y a longtemps et je veux la tenir, je veux le retrouver même s'il me faut des millénaires. Cependant, je n'ai rien trouvé. Même pas en utilisant l'un des pseudonymes qu'il utilisait avant. C'est comme s'il s'était volatilisé. C'est finalement au bout de deux semaines que je décide de rentrer en Angleterre, le cœur lourd. Après avoir été banni, j'ai voulu rester dans mon pays natal et puis, je suis parti, tout me rappelait mon ancienne vie. Cette vie qui ne serait jamais comme avant. J'ai voyagé dans le monde entier, vivant de petits boulots un peu partout. J'ai vu le monde d'un autre œil, en découvrant des personnes formidables mais aussi les pires ordures. Un monde contrasté que l'on ne voit pas forcément quand on est un dieu. Et puis, j'ai été plus vigilant parce qu'à tout moment, je pouvais mourir. Apparemment, mon père n'a pas fait sa punition à moitié. Moi aussi, j'étais devenu mortel. La première que je m'en suis rendu compte, j'étais tombé dans un ravin en faisant une randonnée dans les Alpes. J'ai jamais autant souffert de ma vie. La douleur était affreuse, et aucun marcheur aux alentours. J'ai vraiment cru mourir. Le peu de ma vie ici a eu le temps de défiler devant mes yeux. C'est tellement rageant de se dire que l'on ne peut même pas invoquer Asclépios pour qu'il nous soigne. Non, il faut attendre un miracle.
J'ai finalement était retrouvé par un guide de montagne et direction l'hôpital. En tant que dieu, on se ressent presque pas la douleur. C'est un sentiment qui n'existe pas, gage de notre immortalité. Sauf que je ne suis plus immortel. Résultat de cette aventure, une côte cassée. Cette escapade m'a permis de me rendre compte de la fragilité de ma vie et que je suis ni plus ni moins qu'un morceaux de papiers facilement déchirable.

C'est finalement à Londres que je me suis posé. J'ai trouvé un travail en tant que barman et franchement, ça me plaît. Je travaille la nuit et le jour, je me repose. La ville est plus agréable la nuit. Les plus belles choses, les plus beaux moments sont mis en valeur par la nuit.
Mon voyage en Grèce, m'a plombé le moral. J'ai parcouru le monde sans pouvoir retrouver mon amour et ce voyage était mon dernier espoir. J'ai l'impression de revenir au début. Les premiers mois de mon exil ont été dur. J'ai noyé mon chagrin dans des choses futiles pour oublier. J'ai essayé de le retrouver, de reprendre le contact en allant même voir des voyant (oui je suis tombé très bas...) Mais rien. Le silence m'a toujours répondu. Delphes a été ma déception parce qu'il aurait pu m'envoyer un signe, me dire qu'il était là mais il ne l'a pas fait. J'ai été en colère. En colère contre lui, contre les dieux. Puis, j'ai accepté mon sort en me disant qu'un jour, je reviendrai sur l'Olympe et que je redeviendrai un dieu.






Mais un événement a tout changé. L'invitation par une de mes collègues à une dédicace de livre. La lecture n'a jamais été mon truc mais bon, Danielle est fan d'un jeune auteur à succès qui a vendu son livre à des milliers d'exemplaires. Ne pouvant pas y aller avec sa petite amie, une française vivant sur Paris, elle m'a proposé de venir avec elle. C'est finalement des grands yeux de biches qui m'ont fait craquer et je l'ai accompagné. Armée de toute sa collection de livres, elle se présente à l'endroit où se passe la dédicace. La librairie semble sur le point d'exploser. Je passe souvent devant cette petite libraire. Elle ne paye pas de mine et semble tout droit sortie d'un de ses livres fantastiques avec des sorciers, très connus, que Danielle lit aussi.

— Imagine, je n'arrive pas à lui faire signer mon livre et qu'il n'y a plus de place ! Je vois qu'elle commence déjà à paniquer.

— Calme toi, tu vas l'avoir ton autographe. Je ne comprends pas l'engouement autour de ce bouquin. C'est juste du papier et une histoire d'amour à la con.

—  Tu dis ça parce que tu ne l'as pas lu. C'est une pure merveille. Une histoire d'amour puissante et déchirante. J'ai pleuré quand l'un des deux se transforment en constellation et que son amant continue de prier pour le rejoindre et les dieux finissent par avoir pitié de lui.

En soi, une histoire assez classique dans la mythologie grecque. Beaucoup de héros vont aux champs Élysées et sont transformés en constellation.

— C'est niais. Tu aurais dû y aller avec ta copine, elle aurait sûrement aimé.

—  Si j'avais eu le choix, je l'aurais pris à ta place parce que ton humeur de merde est épuisante. Tu dis ça parce que tu n'as jamais vécu une telle histoire.

Hélas si. Sauf que ça s'est mal fini et j'aurais sûrement préféré devenir une étoile et vivre jusqu'à la fin de mes jours à veiller sur lui depuis le ciel. Ouranos n'est pas si horrible que ça. Il a eu juste une libido, un peu trop....active on va dire et que Gaïa s'en est personnellement occupé. 
La librairie est blindée de jeunes filles au bord du malaise. Je reste en retrait écoutant Danielle me parler sans cesse de ce merveilleux bouquin. Les heures passent et c'est finalement à notre tour.

Quand on s'approche, mon cœur s'arrête. Souriant, signant et faisant des câlins à des fans en délire, il est là. Ses cheveux sont plus courts qu'avant, les traits de son visage toujours aussi doux, et ses yeux. Ses magnifiques yeux verts dont je me suis perdu pendant des heures dedans. Je suis moi aussi, sur le bord de m'effondrer. Des années et des années que je parcours le monde pour le retrouver et il est devant moi, un best-seller dans les bras. Son regard finit par croiser le mien et il laisse tomber son stylo. Je vois ses beaux yeux s'emplirent de larmes et un énorme sourire fendre ses lèvres rosées. Les autres ont disparus. Il n'y a que nous. Nous nous retenons de sauter dans les bras l'un de l'autre. Je suis au bord du malaise. Il est bien devant moi.

— Tout va bien Louis ? Me demande Danielle en voyant mon visage livide.

Je lui réponds en hochant la tête et continue d'avancer.  Danielle s'avance timidement son libre à la main, ce qui pousse mon amant à détourner son attention.

— Bonjour, je suis Danielle et je suis une grande fan de vous, monsieur Styles. Votre histoire était vraiment magnifique, j'en ai pleuré à la fin. C'était si beau et on se demande s'ils finiront par se retrouver un jour.

— Heureux que le livre ait pu te procurer autant d'émotions. Il se tourne vers moi, avec un sourire. On ne perd jamais l'amour de sa vie.







#QARAfic
Ça y est, c'est le dernier chapitre avant l'épilogue. J'ai mis plus de temps à le poster parce que je travaille sur une autre fiction et j'attendais un peu avant de vous la montrer. Elle est en préparation et elle arrivera en même temps que l'épilogue (normalement)

Quand Arès rencontre ApollonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant