On dit toujours que l'enfance est quelque chose de marquant. Qu'il détermine le vie future, nos actions, nos comportements amoureux et sexuels, nos rapports avec les autres, notre rapport au monde tout simplement. Pour moi, l'enfance a été déterminante pour la suite. Et pourtant, sur le papier, tout était parfait. Né de l'union presque sacrée d'Héra, déesse du mariage, de la fécondité, du couple et des femmes enceintes. Une des plus belles femmes du monde avec ses longs cheveux noirs, sa peau claire et ses yeux d'un bleu ciel. Et de Zeus, le dieu des dieux, le roi des cieux qui fait danser les éclairs et déchaîne ses colères sur les Hommes. Ma naissance n'a pas été une joie comme on pourrait l'imaginer. Aucun de mes parents n'a sauté de joie en faisant un banquet énormément pour annoncer mon arrivée, personne n'a décoré une chambre avec soin en attendant que je vienne au monde, aucun moment privilégié que j'aurais pu avoir avec ma mère où elle écoutait les battements de mon cœur en me chuchotant des mots doux. Non, rien de tout ça est arrivé.
Ma mère m'a détesté dès que j'ai poussé mes premiers cris me voyant comme une énième charge pour elle, comme quelque chose qui éloignerait Zeus d'elle ou un moyen de le rappeler à ses obligations de père. Déjà que Hephaistos n'a pas été un cadeau, j'étais loin d'en être un ! Si elle avait pu, elle m'aurait jeté du haut de l'Olympe en attendant que je sois dévoré par des loups. Mais c'est sûrement par pitié et par dégoût qu'elle a décidé de me garder. Zeus n'a pas non plus fait éclater sa joie quand il est revenu sur l'Olympe et qu'il a vu un petit berceau. Il a préféré repartir sur le champ pour s'amuser à coucher avec des mortelles pour faire des demis-dieux dont il n'allait même pas s'occuper.
Les querelles de mes parents sur leur vie amoureuse ont marqué mon enfance. Pas une journée sans avoir à supporter les vengeances de ma mère contre les maîtresses mortelles ou les créatures divines qui osaient répondre aux avances des Zeus. Quant à Zeus, il préférait se jeter sur des faibles jeunes femmes pour les mettre en cloque. Alors je me suis forgé un caractère. Sûrement le plus détestable de toute l'Olympe. Me battre était instinctif pour moi. Tuer aussi. J'exprimais les rancœurs de mes parents par la violence. Toute la haine qu'ils ont mis dans ma conception est ressortie dans ma personnalité. Tordre le cou d'un lapin ne me gênait pas. J'aimais même ça. On me détestait. Non pas comme on détestait un enfant mal élevé, non, on vouait une haine sans merci pour moi, et je m'y accomodais. J'étais Arès, Mars pour les romains, dieu de la guerre. Le dieu de la guerre sanglante, puissante, qui venait des tripes, qui venait de l'inconscient qui était assoiffé de vengeance. Et puis, il manquait un siège sur l'Olympe donc je tombais à pic. L'enfance ne nous définit pas en tant que dieu même si je pense que s'être fait dévorer par son père laisse de sacrés séquelles. Je n'ai pas eu la merveilleuse chance de finir dévoré par mon père mais finalement, je reproduis inévitablement les mêmes conneries que mon père.
J'ai reçu une lettre. Enfin plutôt un message. Un message qu'Hermès m'a donné. Il n'était pas venu pour moi au départ, puis quand il m'a vu dans les bras de mon amant, il m'a donné le fameux message. Un message écrit en grec ancien de plusieurs pages qui m'ont au départ vraiment intrigué. Une jeune fille qui se prétend être ma fille m'a écrit ce message. Ambre Tanglerose. Je n'ai pas lu la lettre, je l'ai jeté après avoir lu les premiers mots. Parce que c'est clairement que cette femme soit ma fille. Les seules relations que j'ai eu en tant que mortel, ont été avec des hommes et au vu de son âge, elle est beaucoup trop jeune pour que ça soit ma progéniture avec Aphrodite. Mais même si c'est faux, quelque chose ne va pas. Comment elle a pu me retrouver sachant que rien ne me rattache à l'Olympe ? Comment elle a réussi à reconnaître Hermès sous sa forme humaine ? Les demis-dieux ne peuvent pas interagir avec les dieux. La seule exception est la rencontre avec la Pythie ou par le biais des enfers, donc presque impossible. Un nouvel acteur qui arrive sur la scène et ça ne me rassure pas du tout.
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Quand Arès rencontre Apollon
Fanfiction« Quand le guerrier rencontre le soleil » Pendant des années, même des siècles, ils se sont vus, évités, et détestés. Il a fallu un regard, un instant, une caresse pour que tout explose. Tout l'équilibre du cosmos en a été chamboulé, sans vraiment l...