BONUS III : The calm before the storm

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La douleur engourdissait mon corps. Pendant des jours et des jours, mes os ont craqué, se sont étendus et brisés. J'ai souffert sans pouvoir ouvrir les yeux, sans verser une larme. J'avais l'impression d'être Prométhée et que tous les matins, un vautour venait dévorer mon foie. Mon répit était à chaque fois court, beaucoup trop court. Des fois, j'étais Atlas qui portait le poids du monde, tellement mon corps me faisait mal. Au bout d'un moment, la douleur ne fait même plus rien. On attend la prochaine crise, la prochaine fois où l'on se tordra encore de douleur.

Les jours suivants, mes souvenirs sont revenus petit à petit. Je me suis rappelé ma naissance en tant que dieu. Je me suis rappelé de mon enfance, du goût des pommes au jardin des Hespérides. Ce jus sucré et chaud. Maintenant, je les trouverais sûrement trop sucrées, trop amer. Un peu comme ma relation avec Aphrodite. Je l'ai revu Aphrodite le corps dénudé, plongeant dans une rivière. Je me souviens de son corps fin et délicat, de sa démarche élégante. Peut être que j'en suis tombé amoureux. Je suis tombé amoureux de l'image de cette femme, pas de sa personnalité. J'étais jeune et complètement ébloui par la déesse de la beauté et de l'amour. Pendant des années et même des siècles, nous avons vécus comme des clandestins, des amants. Nous avons eu des enfants. Beaucoup d'enfants. Certains sont devenus des héros, d'autres des dieux et des déesses. J'en ai tué certains par colère, et aidé d'autres.

Le lendemain, les souvenirs de mes guerres, de mes combats sont revenus comme une violente tempête à ma figure. La gloire et le succès sont revenus à mes yeux. Je suis redevenu un dieu puissant, un dieu aimé et crainte par les Hommes. C'est ironique parce que tout ça, à disparu. Sparte n'est plus. C'est juste un tas de ruines pour touristes idiots. Plus rien de ce que j'ai eu ne reviendra.

La douleur revient et me prive de mes dernières brides de souvenirs. J'aimerais crier que je souffre, appeler à l'aide mais rien n'y fait. Je suis prisonnier de mon enveloppe corporelle. Mon corps ne répond pas à mes ordres. Alors j'abandonne et me dis que je rejoindrais peut être les Enfers et le Tartare, comme le voulait Ethae.








Mes yeux s'habituent difficilement à la lumière qui m'agresse. Je n'ai plus mal mais mon corps est ankylosé, lourd. Je suis seul dans une forêt. Les feuilles des arbres dansent au dessus de moi alors que les rayons de soleil ont du mal à percer les grands chênes. Le vent est chaud, presque aussi chaud que le Sirocco. Mes doigts serrent la mousse sous mon corps. Je reconnais cette texture, cette douceur. Je me relève après plusieurs tentatives. Je suis comme un enfant qui apprend à marcher. Comme si je venais tout juste de sortir du corps de ma mère et que la vie s'offrait à moi. Une fois relevé, je remarque que j'ai quitté Portofino. Que la maison a disparue, que ce n'est pas l'Italie, mais la Grèce. L'air est chargé de l'odeur des oliviers, du sel de la mer, de l'odeur du soleil sur la peau. Je suis de retour à la maison. Mon armure est comme neuve. Rien n'a changé, le bronze et l'or sont toujours aussi étincelants. Je me souviens de tout, des petits sentiers, des clairières où va boire le gibier. C'est comme si je n'étais pas parti.

Etant de passage sur le mont Olympe, je décide d'aller voir Hestia, la grande divinatrice.Elle a des choses à me dire, je crois. Son sanctuaire est presque envahi par la verdure. Je ne sais pas qu'elle avait la main verte... Avant d'entrer, je sens la chaleur du feu qui crépite. Le feu divin qui ne doit jamais s'éteindre. Comme d'habitude, Hestia est postée près du feu, regard fixé sur les flammes. Cependant, je remarque quelque chose a changé. Sa peau est plus hâlée, ses cheveux roux ont pris une teinte plus foncée et un air plus serein est sur son visage.

Quand Arès rencontre ApollonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant