APHRODITE

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Aphrodite n'a pas tenu longtemps avant d'aller trouver Ethae  pour lui régler son compte. Sauf que je ne m'attendais pas DU TOUT à ce qu'elle décide de le faire en présence de tous les dieux. Un espèce de combat entre les deux déesses qui seraient à la vue de tous. Quand elle m'a annoncé la nouvelle, mon sang s'est glacé. Trop pris dans ma jalousie, je n'ai pas pesé les conséquences de cet affrontement qui allait sûrement prendre des proportions beaucoup trop importantes. Depuis cette déclaration de guerre entre les deux femmes, je n'ai pas revu Apollon et je me doute bien que nos retrouvailles vont être...électriques. Je suis parti de chez lui en coup de vent, après avoir vu Ethae, sans lui donner la moindre nouvelle. Sans oublier, qu'il est très très rancunier... Un trait de famille apparemment qu'il partage avec Artémis.

Le jardin des Hespérides a été le choix d'Ethae. Aphrodite, voulant sûrement être "gentille" lui a laissé le choix du lieu. C'est sûrement l'endroit le plus magnifique après l'Olympe. Situé dans un coin tranquille, il est réputé pour les pommes d'or que beaucoup de héros ont tenté de prendre, en vain. Elles sont beaucoup trop bien gardées par Ladon ! Quand j'étais enfant, j'y allais souvent en cachette pour éviter les nombreuses colères de ma mère. L'endroit avait été un refuge à l'abri de tout. Parfois, je voyais même Hélios. Il s'arrêtait ici avant de reprendre vers l'Occident, son voyage pour apporter le soleil (et aussi pour retrouver quelques nymphes pour scène occuper).  Mais aujourd'hui, il a une autre signification. Une tribune a été mise en place pour les 12 dieux de l'Olympe. Hadès n'est pas de la partie, bien évidemment. L'été est la saison qu'il déteste et puis, il ne peut sortir qu'une fois par an des Enfers. A mon grand étonnement, Hestia est là. Sa présence est discrète, elle est simplement assise à côté de Déméter mais je sens son regard sur moi, comme si elle avait quelque chose à me reprocher.

Les sièges se remplissent et je suis assis, fièrement, en habits de guerre aux côtés d'Aphrodite. Celle ci a mis ses plus beaux vêtements ; une longue robe en mousseline rose brodée de fleurs. Ses cheveux longs sont finement tressés et son teint pâle fait ressortir son visage de poupée. Sa beauté éblouie mais son regard est froid, mauvais. Sa beauté extérieure est entaché par ce besoin terrible de vengeance. J'essaie de rester le plus calme possible quand je vois Apollon arriver en compagnie des Muses et d'Artémis. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi élégant. Les rayons du soleil mettent si bien en valeur son corps embelli par son chiton très court. Chiton que j'ai adoré retiré la dernière fois dans le pavillon... C'est tellement dur de le savoir à la fois si proche de moi, mais aussi si loin. Il ne relève pas la tête dans ma direction et part directement s'asseoir à l'opposé.

Ethae finit par arriver, dans la robe verte de la dernière fois. Tous les regards se tournent vers la jeune nymphe qui fait déjà chavirer tous les coeurs. Si mon cœur et mon esprit n'étaient pas déjà pris, je l'aurais sûrement charmé. Mais, cette femme est la cause de ma profonde jalousie dévorante. Je n'ai pas de scrupules à la voir ici. Aphrodite se lève, et lui dit d'un ton menaçant :

— On m'a rapporté que tu avais la prétention de dire au monde que tu étais la plus belle femme du monde, sais tu ce qui t'arriveras en t'opposant à moi ?

— Avec tout le respect que je vous dois, Aphrodite, je n'aurais jamais osé prétendre de telles choses ! Je ne suis qu'une nymphe et vous une déesse. Je suis face à un piège que l'on me tend ! De ses yeux larmoyants, elle tente de se défendre.

—  Je te propose un marché. Tu as jusqu'à la nuit pour ramasser toutes les pommes de ce jardin et venir les déposer à mes pieds. Si tu réussis, je te laisse la vie sauve et tu seras à jamais sous ma protection. Si tu échoues, tu seras bannie à jamais de l'Olympe, ton corps ne sera plus que douleur et souffrance. Acceptes-tu ce défi ?

D'un signe rapidement la tête, la dryade accepte et part de suite. De toute façon, elle ne pouvait pas refuser ce marché sans être foudroyée par Zeus. Elle a juré sur le Styx. Ethae est motivée au début en ramenant très vite les pommes. Et pourtant, le défi lancé par Aphrodite est purement et simplement impossible à réaliser. Il faudrait des années pour ramasser toutes les pommes du jardin et encore. Au fur et à mesure des heures, elle s'épuise et finit par tomber d'épuisement. Son corps est engourdi, ses yeux sont cernés et de nombreuses blessures apparaissent son corps frêle. Et pourtant, je ne regrette pas.  Elle a mérité tout ça.

—  Je reconnais ma défaite. Finit par dire la jeune nymphe.

— Donc tu as perdu. Tu seras maudite et malgré ta grande beauté, personne ne t'aimera plus. Tu ne seras plus que l'ombre de toi-même et comme une fleur, ta beauté se fanera à chaque fois que tu t'approcheras d'un homme.

Non seulement, elle a été maudite, mais elle a aussi été humiliée devant les dieux en personne. Zeus décide de se lever et s'adresse à la jeune femme :

— As-tu quelque chose à dire avant que les paroles d'Aphrodite prennent effet ?

—  Jamais je n'aurais pu défié les dieux, j'ai voué toute ma vie un grand respect pour eux. Son regard se tourne vers moi. Ses yeux me lancent des éclairs. Elle a compris que j'étais à l'origine de cette vaste vengeance. On m'a puni pour un crime que je n'ai pas commis, pour une vengeance malsaine d'un dieu dans l'assemblée. Alors, je m'en remets à Gaïa, déesse mère qui saura entendre mes prières et les paroles que je vais lancer contre celui qui m'a condamné.

Elle me pointe du doigt et continue :

— Tu ne trouveras jamais le bonheur, parce qu'il s'échappera. Ton cœur est noir et un jour, tu payeras le prix de ma condamnation. Les titans vengeront les âmes perdues et tu regretteras chacun de tes gestes. Il est temps pour toi d'assumer tes actes et-

—  Tu n'as pas attendu ce que l'on a dit ? Pars loin d'ici, tu n'es plus la bienvenue. Je la coupe. Tu as osé défier de vive voix une déesse, tu en payes les conséquences.

Ethae ne réplique pas et décide de s'en aller. De toute façon, c'est sa parole contre la mienne. Je ne peux pas la laisser finir déblatérer son venin ici. Nous ne restons pas plus longtemps, il est temps de retourner à nos occupations. C'est ce que je comptais faire quand, une main s'est agrippée à mon poignet. J'ai tout de suite reconnue la chaleur naturelle d'Hestia. Enroulée dans son châle comme en plein hiver, son visage normalement si paisible, semble tourmenté.

—  J'aimerais que l'on se voit.

— Je n'ai pas-

— Maintenant. Elle insiste.

Je m'éclipse avec elle dans un des recoins du jardin des Hespérides. Je sais que ni Aphrodite, ni Apollon seront jaloux. Hestia est comme une tante protectrice avec moi et en aucun cas, ça me viendrait à l'idée de faire quelque chose avec elle. C'est une femme très belle, oui mais qui a un statut particulier pour moi. Nous marchons en silence au milieu du jardin et des nombreux pommiers d'or. Hestia en saisit une et la regarde un moment, la mettant face aux derniers rayons de soleil.

— Ethae n'a jamais dit qu'elle était plus belle qu'Aphrodite. Tu as menti. Elle me dit d'un ton neutre, sans vraiment porter de jugement.

— Pourquoi j'aurais menti ?

—  Parce que tu es jaloux. Ta jalousie était tellement dévorante que tu as voulu en l'humiliant la virer de l'Olympe. Qu'est ce que je disais, tu es aussi impulsif qu'un enfant. Elle ajoute en soupirant.

—  C'est faux ! Je vois même pas pourquoi tu me parles de ça. Je commence à m'énerver, agacé.

Hestia dépose la pomme délicatement et se tourne vers moi, ses yeux verts foncés ayant une lueur étrange :

— Écoute, je t'ai prévenu. Gaïa a fait une mise en garde et j'ai l'impression que tu n'y fais même pas attention. Cette nymphe n'a rien fait, elle a eu juste le malheur d'être amoureuse d'Apollon et regarde où ta jalousie l'a mené. Apprends à contrôler tes émotions ou tu vas finir par tout perdre.Tu t'es fait beaucoup d'ennemis qui seront heureux de te jeter du haut de l'Olympe, surtout Héphaïstos donc fais toi discret.

— Hestia, avec tout le respect que je te dois, je n'ai rien à avoir de toi, encore moins les conseils d'une vieille fille. Je crache avec dédain.

— Le destin pourra peut être vous épargner. Je l'entends soupirer avant de m'éloigner.

#QARAfic

Quand Arès rencontre ApollonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant