ARTÉMIS

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On m'a toujours décrit comme le pire dieu de l'Olympe. Le plus horrible, le plus bagarreur (ce qui n'est pas faux au final), le plus agressif et le plus chiant. L'homme que l'on apprécie détester. Cette étiquette ne m'a jamais dérangé. J'ai toujours vécu comme ça. Je suis en guerre avec tout le monde et on ne me vénère que pour gagner une guerre. L'on m'a toujours craint pour ma force et les conséquences de mes passages sur Terre. Alors au fur et à mesure, j'ai gardé ce statut d'homme puissant, presque aussi fort que Zeus qui faisait régner la terreur parmi les mortels. Et pourtant, une simple chose à presque remis en cause mon existence entière.

Un soir après des jours et des jours de combats des plus sanglants, j'ai décidé de rentrer sur le mont Olympe pour revoir ma épouse, la merveilleuse Aphrodite. Elle a élu domicile quelques temps ici, en attendant que les colères d'Héphaïstos se calment. Celui ci n'a toujours pas digéré la tromperie de sa bien aimée avec moi et pourtant, je suis largement plus attirant que lui. Ayant trop peur pour sa sécurité, elle m'a supplié de la mettre en sécurité sur le mont Olympe pour quelques temps. Bien sûr, j'ai usé de mes charmes auprès de ma mère pour qu'elle accepte sa demande. La cohabitation est tendue mais elles essayent de rester à une distance raisonnable l'une de l'autre pour éviter que l'Olympe explose.  Enfin, ce jour là, après avoir passé une soirée des plus agréables auprès d'elle, je pars chasser. J'ai besoin de me dégourdir les jambes. Armé de ma lance, d'un bouclier et de ma horde de chiens, je pars chasser. La journée est idéale. La douceur du printemps allait sûrement aider à faire sortir certains animaux que je convoitais dont le cerf aux cornes d'or. Il se baladait souvent dans les bois de l'Olympe avec son long corps majestueux et ses bois énormes. Les héros se pressent pour l'attraper, mais je me suis promis d'être le premier à le faire. J'ai lâché les chiens, les laissant chercher l'animal pour moi.

La chasse a duré plusieurs jours mais impossible de mettre la main dessus. Il a sûrement détecté ma présence et s'est enfui. Après des longues heures de marche, j'ai décidé de me poser près d'un immense lac à l'eau cristalline. D'un seul coup, l'ambiance a changé. Le vent s'est levé, faisant voler les quelques fleurs fragiles accrochées aux arbres, un halo divin avait envahi l'endroit le rendant encore plus beau. D'un pas élancé, presque flottant sur l'herbe fraîche, il apparaît. L'imposant cerf au pelage clair, ses bois luisants à la lumière vive de la fin de la journée. Planqué, je l'observe caché dans les buissons. Je le laisse s'approcher du point d'eau en attendant le meilleur moment pour lancer ma lance. Ne se doutant de rien, il s'est penché pour boire. Je m'apprête à lancer quand je suis arrêté dans mon geste. Une pointe froide est appuyée contre ma nuque.

— N'essaie même pas de viser cet animal ou tu le regretteras toute ta vie. A froidement lâché une voix derrière moi.

En partant chasser ce cerf, je me doutais bien que j'allais sûrement attirer les foudres de la vindicative Artémis, mais au final, c'est son imbécile de frère qui m'est tombé dessus. D'un geste vif, j'ai envoyé valser la flèche qu'il menaçait de me tirer dans le cou, pour le désarmer.

— Ne joue pas au plus malin avec moi, Apollon. N'oublie pas que je suis le dieu de la guerre.

— Et toi, arrête de provoquer tout le monde. Tu sais très bien que ce cerf est à ma sœur et que tu risques de te faire maudire.

— Pour l'instant, ce n'est pas mon problème alors lâche moi.

— Je n'ai pas d'ordres à recevoir de ta part. De son carquois, il sort une flèche, prêt à tirer.

— Ah oui ?

Je n'ai pas hésité sur le coup à sortir mon épée et engager le combat. Je ne vais pas me laisser menacer par un bâtard illégitime. Apollon est l'essence même de tout ce que je déteste. Très jeune, beaucoup trop arrogant, qui se voyant déjà comme un successeur à Zeus. Techniquement, je suis le prochain sur la liste et étant fils d'Héra et de Zeus, je suis le plus légitime à monter sur le trône, avec Héphaïstos. Jusqu'à cette putain de prophétie qui avait tout remis en cause à cause de la Pythie. « Zeus se fera détrôner par l'un de ses fils. Comme son père avant lui.» Comme tous les autres avant lui. Mon père, avec l'âge, devenant de plus en plus paranoïaque, se méfie de moi et donc, préfère m'envoyer loin de l'Olympe. Surtout depuis le remue ménage entre moi et Héphaïstos. Mon combat avec Apollon a continué jusqu'à ce qu'il réussisse à me désarmer de mon épée avant de me mettre à terre.

— Décidément, tu te fais vieux, mon pauvre Arès. Il se moque, un petit sourire en coin.

— Tu crois ça ?

Sans qu'il ne s'y attende, je me détache de son emprise pour attraper mon épée au sol avant de lui planter celle ci dans la cuisse. Un cri de douleur s'échappe de ses lèvres.

— Tu vas me le payer ! Non sans une grimace de douleur, il retire l'épée imbibée de son sang doré.

— C'est ça de surestimer le dieu de la guerre. Je lui ai murmuré le jetant au sol.

Sauf que celui ci, en a profité pour m'attraper par l'armure et m'entraîner dans sa chute. Son corps musclé contre moi, ses yeux aux couleurs multiples, son visage harmonieux presque collé contre le mien. Il sait très bien qu'en un coup d'épée, je pouvais lui sectionner la carotide et le laisser ici seul. Et pourtant, je reste stoïque. Je suis fasciné. Fasciné par une personne que je côtoie depuis ma plus tendre enfance et que j'ai toujours aimé détester du plus profond de mon être. Comment c'est possible de le découvrir ainsi ? Sous un autre regard.

Mon ventre se tord et une douce chaleur envahit mon corps. Je me détache au plus vite de lui, perturbé par ce moment qui n'a finalement duré que quelques secondes.

— Ne me menace plus, Apollon ou tu le regretteras. Je suis gentil de t'épargner aujourd'hui.

— Connard !

Je l'ai laissé jurer comme un charretier au milieu de la clairière et je suis parti, un petit sourire en coin. Ça lui apprendra de jouer au plus fort avec moi. On me reproche souvent mon impulsivité, mais je suis décidément l'un des meilleurs guerriers de l'Olympe.

#QARAfic

Quand Arès rencontre ApollonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant