Chapitre 7

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Je montai dans ma chambre aussi vite, balançai mon sac de cours dans un coin de la pièce et m'étalai brutalement sur le lit.

Ses yeux ! Mon dieu ses yeux ! Qu'ils étaient beaux ! Horriblement beaux, cruellement beaux... mon dieu. Dès que je repensais à ce regard curieux qu'il m'avait lancé le rouge me monta aux joues. C'était la première fois qu'un mec me regardait d'aussi près avec un tel regard. C'était puissant et terrifiant. Je calmai un peu ma respiration et retrouvai un rythme cardiaque normal. J'allais payer cette soirée d'une façon ou d'une autre et c'est le bleu de l'angoisse qui me monta à la tête et aux tripes. Je tremblai puis me calmai à nouveau. Pourrais-je vraiment tenir une année comme ça ? Je commençai à en douter. Et dire que ce n'était que le lundi, une semaine entière allait s'écouler avant que je ne puisse me cloîtrer chez moi le temps d'un weekend sans avoir peur de me réveiller chaque matin pour être la tête de turc.

Épuisée je m'endormis sans dîner, et le lendemain je pris sur moi de ne pas sécher les cours.

La semaine fut tout aussi invivable que les trois précédentes. Mais je pense qu'elles auraient pu être bien pire vu ce que m'avait promis la Vipère. Je ne le voyais que peu, pendant les cours principalement et de temps en temps le croisait dans le couloir. Non ce n'était pas lui qui se chargeait du sale boulot de me pourrir la vie, mais c'était ses deux abrutis de chiens galeux. Ils n'arrêtèrent pas, que ce soit pour m'humilier en me renversant la nourriture dessus, en déchirant mes vêtements de sport ou en dégradant mon casier d'insultes et de dessins obscènes.

J'avais pris l'habitude de n'emporter que le minimum dans mon vieux sac de cours en toile déjà bien usé par le temps. Mais depuis un mois il commençait à prendre cher lui aussi. Je l'avais recousu à plusieurs endroits et collé les parties qui avait été brûlées avec des cigarettes. J'étais mentalement épuisée, mais je ne voulais pas m'avouer vaincue. Je n'avais pas traversé mon enfance sans rien en retenir, non, j'avais appris l'endurance aussi bien aux coups qu'aux insultes.

Je t'aimerai autant que tu me détestesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant