Chapitre 29

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C'était un message de ma chère maman.

- Besoin urgent de te parler. Appelle.

Quelle chaleur maternelle, vraiment. Je me fichais qu'elle ait une chose importante à me dire ou non, moi je n'avais rien à lui dire et plus j'étais loin d'elle mieux je me portais. Je fourrais négligemment mon portable dans la poche et reprenais ma route mais je m'arrêtai quelques pas plus loin, happée par la présence d'une silhouette sombre en face de moi. Apparemment lui non plus ne s'attendait pas à me voir sur son chemin, à en juger par la tête qu'il fit. Néanmoins un large sourire se dessina bientôt sur sa face. Moi je me décomposais sur place. Il fit quelques pas de plus et vint se poster devant moi. Il me jaugea de sa hauteur puis se pencha à mon oreille.

- La petite souris rentre seule ? C'est dangereux tu sais.

- Le seul danger que je cours c'est celui de t'envoyer mon poing dans la figure.

Je fus étonnée de mon aplomb, mais je me devais de m'en sortir. Entre lui et ma mère c'était déjà deux problèmes de trop.

- Arrête de couiner petite souris je ne suis pas là pour toi... enfin, pas encore.

Mon portable se mit à vibrer avec insistance, mais je préférais soutenir le regard de la Vipère, sachant pertinemment que je ne résoudrais pas un problème en répondant à un autre. Le portable continua de vibrer mais je ne décrochais toujours pas. Visiblement surpris de ma réticence la Vipère ajouta son grain de sel.

- Tu ne décroches pas ? Il m'a l'air d'être pourtant bien accroché celui-là.

Je ne pus réprimer un sourire en imaginant que la Vipère pouvait penser qu'il s'agissait d'un prétendant un peu trop collant. Son regard se fit plus perçant, plus sombre. Son sourire avait disparu et je me sentais désormais comme une souris de laboratoire qui passe un examen. J'allais une nouvelle fois le rembarrer lorsque quelqu'un eu l'intelligence de crier mon nom.

- Athéna !

Je tournais la tête et vis Romain qui arrivait à pas de course. Il s'immobilisa un court moment en réalisant qui se trouvait avec moi mais ne se démonta pas et se plaça devant moi en arrivant. Il se tourna d'abord vers moi et me lança un regard chaleureux.

- Heureusement que Any m'a envoyé un message me disant de passer sur la route, dit avec un clin d'œil.

Puis il se tourna vers la Vipère et sa voix se fit plus froide, plus distante.

- Qu'est-ce que tu fiches ici la Vipère ?

- On se connaît ? , répliqua l'intéressé en arquant un sourcil, les mains dans les poches.

- J'étais au lycée de Cambria avec toi et Athy, je sais le genre d'ordure que tu es.

- Athy... , répéta calmement le jeune homme.

Dans sa bouche ce diminutif sonnait étrangement.

- Ne t'avises pas de t'en prendre à elle la Vipère, ou sinon je te garantis que tu le paieras franchement.

La Vipère afficha un franc sourire puis s'approcha de l'oreille de mon ami.

- Tu veux prendre le risque ?

Je perçus Romain tressaillir un bref instant, mais dès que la Vipère remit un peu distant entre eux il reprit contenance.

- Tu n'es plus la terreur du lycée maintenant, dit courageusement le jeune homme, grandi un peu et laisse les gens en paix !

- Oh mais je ne faisais que passer, s'exclama la Vipère en levant les mains l'air moqueur, à moins que tu ne sois propriétaire de ces rues.

Mon ami ne répondit rien mais serra le poing. Je posais ma main sur son épaule, signifiant que j'allais prendre le relais. Dans un élan de courage, ou d'inconscience, je balançai d'un ton ironique avec un sourire :

- Ça m'a fait plaisir de te revoir la Vipère. Maintenant, si tu le permets, on va aller respirer ailleurs, tu nous pompes l'air.

Je sentis que Romain réprimait un rire. Il me prit la main et nous passâmes à coté du jeune homme qui s'était figé comme une statut. Alors que Romain regardait droit devant lui, je ne pus m'empêcher de couler un regard vers la Vipère en le dépassant. Il tourna la tête et soutint mon regard. Il y avait quelque chose dans ses yeux, de fascinant je l'avoue, comme une promesse. La promesse de se revoir.

Je t'aimerai autant que tu me détestesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant