Chapitre 8

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A la pause de midi, je m'attelai à chercher un recoin tranquille et isolé pour manger lorsque j'entendis des pleurs. Cachée derrière un escalier de service, une jeune fille bien trop maquillée était accroupie pleurant à chaudes larmes. En me voyant venir vers elle se serra un peu plus dans son coin.

- Va-t-en ! Je ne veux pas qu'on me voit comme ça ! Va-t-en !

- Eh du calme, du calme... , dis-je doucement, tiens. Désolée je n'en ai pas beaucoup mais déjà tu pourras te moucher.

Je lui tendis un mouchoir en papier que je gardai dans ma poche en cas « d'incident ». Elle me scruta un petit moment, méfiante, puis finit par prendre le mouchoir.

- Je peux faire quelque chose pour toi ? , tentai-je de demander.

- Je... non, je ne veux rien. ... merci.

Je la sentais se calmer un peu et cela me fit plaisir. J'avais envie de l'aider malgré tout, mais je ne savais pas quoi faire. Maintenant que j'étais une victime je comprenais l'importance d'avoir quelqu'un qui ne vous traite pas comme un déchet.

- Je ne peux pas faire grand-chose mais si jamais tu as besoin de quoique ce soit tu peux me demander, dis-je en faisant un faible sourire.

Toute trace d'animosité avait disparue, elle semblait réfléchir en me regardant.

- Ah heu... je m'appelle Athéna.

- Je sais, dit-elle, tu es la souffre-douleur de la Vipère.

- Oh... oui je suppose que tout le lycée doit être au courant.

Je me frottais la tête embarrassée.

- Tu... comment tu arrives à le supporter ?

- Ben j'ai pas trop le choix, lui avouai-je, je veux avoir mon diplôme, je veux faire quelque chose de ma vie alors je supporte, ce n'est que passager.

- Oh non ! , dit-elle vivement en se relevant, quand la Vipère jette son dévolu sur quelqu'un, et une fille en particulier, tu peux être sûre que ça va durer bien au-delà du lycée !

- Tu m'as l'air bien renseignée... il t'a fait quelque chose à toi aussi ?

- Moi non, murmura-t-elle, mais à mon frère il en a fait baver. Mon frère a deux ans de plus que moi, il était en Terminale quand nous sommes arrivés. La Vipère c'est acharné sur lui jusqu'à ce qu'il change de lycée, je n'ai jamais su pourquoi.

- Oh je... je suis désolée.

- Tu n'y es pour rien, s'étonna-t-elle, c'est plutôt moi qui devrait être désolée.

- Comment ça ?

- Je... j'ai eu beau savoir ce que la Vipère avait fait à mon frère j'ai fini par... par tomber amoureuse de lui.

La mâchoire m'en tomba, et ce n'est pas une image. Je la regardais sans parvenir à comprendre le réel sens de ses mots, c'était une blague, forcément.

- Ne me regarde pas comme ça !, hurla-t-elle visiblement blessée.

- Pardon !, m'excusai-je aussitôt, c'est juste que je n'arrive pas à croire qu'on puisse tomber amoureuse de ce genre de...

Je n'osa pas finir ma phrase, par respect pour ses sentiments.

- Il... il m'a fait l'amour.

Alors là c'était le bouquet. Des larmes roulèrent sur ses joues.

- Mais tout n'était qu'un jeu pour lui ! Il m'a jeté juste après m'avoir dépucelée ! Il m'a dit qu'il... qu'il n'avait fait ça que parce qu'il voulait s'amuser une dernière fois avec les affaires de mon frère.

Je t'aimerai autant que tu me détestesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant