Chapitre 9

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Cette fois mon sang ne fit qu'un tour, et je compris à quel point j'étais loin du compte quant à cette pourriture. La jeune fille s'accroupit et se remit à pleurer. A voir son état son histoire ne devait pas être bien vieille. Je me sentais sale, sale de n'avoir rien pu faire et de ne pas pouvoir l'aider. Mais je ne voulais pas le laisser gagner, pas question ! Il avait fait trop de mal. Je m'accroupis à mon tour et pris les épaules de la jeune blonde.

- Écoute... ce que je vais te dire va te paraître bizarre mais écoute-moi. Est-ce que tu l'aimais quand vous avez... heu hm, quand vous avez couché ?

- Q... Quoi ?

- Réponds moi s'il te plaît.

- Je... oui bien sûr.

- Est-ce que tu as aimé ce moment?

- J'ai... adoré.

- Alors ne regrette pas. Cet abruti est peut-être une ordure mais il t'a fait un cadeau. Si tu voulais faire ta première fois avec lui parce que l'aimais et que tu as apprécié ce moment alors ne regrette pas.

Elle me regarda un moment, un air stupéfait sur son visage inondé de larmes et de maquillage coulé.

- C'est tellement bizarre ce que tu dis..., bredouilla-t-elle, mais je... je crois que je comprends.

Je lui souris tendrement. Elle se releva et continua de sécher ses larmes. Elle avait l'air de reprendre contenance et parvint à esquisser un sourire. Ce mec est peut-être un merveilleux salaud mais j'eus tout de même la satisfaction de deviner qu'il ne l'avait pas brutaliser pour le plaisir de tirer un coup. Il avait quand même dû faire ça bien pour qu'elle soit dans cet état. Ou bien elle devait vraiment en pincer pour lui. Dans les deux cas tout ça me paraissait surréaliste et ne me concernait en rien.

- Je... je vais aller me débarbouiller aux toilettes, me dit-elle.

- Très bien. Profites-en pour te passer un bon coup d'eau froide sur le visage je te promets que ça fait du bien.

- Merci...

- Je t'en prie, heu...

- Anissa, répondit-elle en levant la main que je serrai amicalement.

- Enchantée ! Bon eh ben je te laisse je vais manger dans un coin avant que deux molosses au crâne vide ne rappliquent.

- Attends !

- Heu oui ?

- Je... je peux manger avec toi ? Je n'en ai pas pour longtemps aux toilettes promis !

Interloquée je finis par bredouiller une réponse qui parut lui satisfaire et elle me planta dans le couloir pour aller se démaquiller. Je me sentais un peu stupide mais aussi débarrassée d'un poids que je n'avais pas senti peser sur mes épaules. Nous nous installâmes un peu loin du lycée et dégustâmes un maigre repas, mais le meilleur que j'ai mangé depuis un mois. De toute façon ma boule au ventre m'empêchait d'avoir un réel appétit. Les quelques formes que j'avais commençait nettement à disparaître, j'avais même peur que ma grande-tante finisse par le remarquer.

En fin de compte la journée ne se déroula pas si mal que ça. Je découvris qu'Anissa était même dans ma classe et elle me raconta en détail tout ce que je ne pouvais pas savoir. En réalité les gens étaient moins indifférents qu'ils ne paraissaient l'être mais personne n'osait vraiment m'approcher de peur de devenir la nouvelle cible de la Vipère. Tout à coup, une question stupide me vint en tête. En descendant les escaliers avec Anissa je me décidais à la lui poser.

- Anissa j'ai une question.

- Oui ?

- Est-ce que tu connais le vrai nom de la Vipère ?

Son visage prit une teinte pâle.

- Non... , souffla-t-elle, très peu de gens connaisse son nom. Il paraît qu'il le déteste, alors il s'est créé ce surnom pour que personne ne sache son prénom.

- Il doit s'appeler Robert ou Roger... ou même Bertrand-Louis-Gérard.

Mon amie ne pu s'empêche de rire à mes hypothèses. Je le voyais moi aussi très mal s'appeler Robert ou Roger mais pour le détester à ce point il devait vraiment ne pas lui aller. Je rentrai chez moi le cœur léger. Mais bientôt je réalisai que je devrai encore une fois me tenir éloignée d' Anissa afin d'éviter qu'il ne s'en prenne à elle aussi. A cette pensée mon cœur se remplit de tristesse. Je venais enfin de me faire une amie depuis mon nouveau statut de souffre-douleur et voilà que j'allais devoir encore une fois me séparer d'une amie.

Je t'aimerai autant que tu me détestesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant