9. Focus on the color
Prompt : « Ça te plait de blesser les gens ? »
En fait j'avais pas remarqué comment le ciel était bleu. C'est fou, que ça m'ait échappé. C'est fou que je ne le remarque que maintenant, à quel point c'est fluide et satisfaisant comme couleur, comment ça illumine et ça apaise en même temps, et surtout c'est fou que je ne saisisse que maintenant que ce grand drap qui nous sourit tous les matins, il est du même azur que tes yeux qui me sourient tout autant. Je suis un peu bête, mais quand tu les poses sur moi, tes yeux, j'ai le cœur qui se gonfle et j'ai l'impression que le monde n'est pas aussi foutu qu'il en a l'air. Parfois, c'est égoïste, mais je suis presque heureuse que tu ne me connaisses que moi, et parfois je suis soudainement monstrueuse mais je suis soulagée qu'il n'y ait personne d'autre pour nourrir ton âme, ton âme si bleue. Parce qu'alors ton âme reste aussi limpide et renversante que le ciel et je sais que rien ne les remplirais jamais de sang ou de peine. Je voudrais que tes yeux restent aussi clairs que le ciel pour toute ma vie, même si je dois en rougir les miens.
C'est aussi dingue, parce qu'avant que tu n'y roules, je n'avais jamais compris à quel point l'herbe était verte. De ce vert aussi vif que ton esprit et aussi joyeux que ton rire. Contre la peau claire de ton doigt qui s'y entortille, c'est comme si les brins soudainement s'éclairaient, et je crois que si l'herbe est aussi verte, c'est qu'elle est jalouse du soleil qui la délaisse pour jouer dans tes cheveux.
Avant que tu ne t'en coiffe avec fierté, les pissenlits n'avaient jamais été aussi jaune, et c'est la faute au sombre de ta chevelure qui n'avait jamais été aussi profond que ce jour-là. Tu aurais dû les voir, ces pissenlits, fiers et rayonnants qu'ils étaient de te faire honneur ainsi. Ils en auraient rougis d'orgueil. Mais ils sont restés jaune, jaune bonheur.
Parfois tu me fixe, avec tes yeux d'enfants et tes taches de rousseurs qui ont éclaboussés ta peau de lait et je sens comme un reproche dans ton regard qui est aussi bleu que le ciel. Je crois que tu sais, au fond, ce que je suis et ce que j'ai fait, et parfois, même si tu ne fais pas danser ta langue, j'entends tes interrogations quand même. « Qu'est-ce que ça fait de tuer des centaines d'innocents ? », « Est-ce que ça te plait de blesser les gens ? », « Est-ce que moi tu m'aurais tué si j'avais été du mauvais côté ? » et je fais la bêtasse, « Qu'est-ce qui a ? » je demande et tu secoues la tête pour regarder l'herbe bien plus verte maintenant que tu t'y prélasses.
Peut-être que je n'aurais pas dû t'en raconter tant, peut-être qu'au fond je t'effraie. Mais tu ne sais pas, tu ne sais pas comme le monde peut être dangereux, tu ne sais pas comme la vie peut tout avaler et recracher entre ses mâchoires émaciées, tu n'as aucune idée des paroles qui tuent et des gestes qui écorchent.
Je voudrais que tu vives à jamais ainsi, les mains dans l'herbe et les pieds dans l'eau, sans voir les hommes et leur bêtise, j'aimerais que mes leçons et mes avertissements restent à jamais des fables pour enfants. Que tu craignes dans le vide. Mais ils reviendront, ils sortiront, au fond on ne peut pas vivre à deux, il faudra des âmes pour nous séparer. On nous séparera. Tu ne le sais pas. Tu l'apprendras.
C'est fou parce qu'avant que tu n'apparaisses dans la forêt, il n'y avait plus de couleur ni de joie, et je crois que j'avais oublié ce que c'était qu'aimer. Aimer plus que sa vie, plus que sa raison, savoir qu'on se tuera pour une autre vie. Daltonienne, cœur de pierre, et te voilà qui renverse le monde. Tu le comprendras un jour, ce truc qui serre mon cœur quand tu ris ou pleure, ce truc qui rend toute les couleurs pétillantes et fabuleuses, cet amour qui surpasse tout. Quand tu auras trouvé un homme – ou une femme, tu choisiras, tu as le meilleur exemple pour aimer sans frontière – et que de ton cœur qui bat, tu en créeras un autre, petit et fragile, pompant le sang contre le tien. Tu regarderas ce drôle de nouvel être et tu auras le cœur qui se serre et se gonfle, et tu regarderas le ciel et tu te rendras compte à quel point il est bleu.
Le ciel est bleu. Tu le savais ça ? Une main dans tes cheveux. Le ciel est bleu. Faîtes que personnes ne sortent de ce bunker. Ils ne comprendraient pas comme l'herbe est verte sous ta paume. Le ciel est bleu, Madi. Un jour j'aurais le courage de te l'expliquer.
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Une histoire d'amour un peu différente pours aujourd'hui, mais il y a quelque chose dans l'attachement de Clarke à Madi qui me chamboule le coeur à chaque épisode. Je crois qu'elle l'aime plus qu'elle n'a jamais aimé Finn ou Lexa, et je trouve ça absolument magnifique. <3
Aussi, j'adorais ce morceau et je viens d'apprendre qu'il avait été volé par "Bon entendeur" et la version originale a été supprimée des plateformes parce qu'elle n'était pas protégée, j'en ai l'âme déchirée.

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30 days to love
Romance30 petites histoires, douces ou amères sur the 100 [ couples divers ] [Escapril]