1. Spring cleaning
Prompt : « Ne me quitte pas. »
Il y a des brasiers qui brulent plus ardemment que les foyers de l'enfers eux-mêmes, des flammes qui dévorent la raison et la passion. La photo entre ses doigts, combien de fois aurait-il pu la jeter dans la cheminée où leurs deux cœurs venaient se réchauffer tous les soirs d'hiver, combien de fois aurait-il pu offrir le secret que chuchotait le cliché au feu tel un dernier sacrifice au nom de l'amour qu'il lui portait ?
Le papier glacé, caché entre deux pages d'un roman qu'il lui avait offert, seule relique d'une relation oubliée et ravageuse, portant en son sein le potentiel de destruction d'une arme nucléaire qu'on lâcherait sur le sol même d'une terre sainte. Bombe sans détonateur, qu'il suffirait d'effleurer pour que tout éclate en mille morceaux cristallins et meurtrier. Il l'avait conservé, le cœur étreint de la certitude qu'elle serait trouvée.
Le nettoyage de printemps, c'est tout ce que ça avait pris, qu'il range les bouquins et que la photo oubliée depuis les années s'échappe avec la grâce d'une plume pour se poser sur le sol avec légèreté, ébranlant les murs de leur vie commune.
A bien y réfléchir, il aurait pu incendier le souvenir pour que jamais il n'embrase son mariage, mais il y avait dans sa poitrine tant de culpabilité qui enflammait son cœur que la photo avait été protégée, et au fond, quelque chose au fond de lui voulait qu'elle soit trouvée. Quelque chose voulait en lui qu'il sache, quelque chose en lui voulait que jamais plus il ne mente.
La photo était trouvée, il était parti.
Bryan n'était pas un coureur, il n'était pas un mauvais esprit, Bryan était faible et dans d'autres bras il avait échoué avec la frayeur d'un enfant qui se réfugie dans l'étreinte de sa mère. Contre un autre la vie était moins terrifiante, contre un autre il oubliait pour quelques heures que Nathan ne le regardait pas comme il le voudrait, que Nathan ne regardait pas la vie avec l'amour qu'il avait tant pour l'existence, qu'il y avait dans le cœur de Nathan trop de peine pour lui y faire une place. Dans les baisers d'un autre, il y avait des promesses de lendemains moins durs et moins tristes, et des « ça va aller » que Bryan n'avait plus la force de murmurer à son mari. Dans l'amour d'un autre homme, il se sentait moins abandonné et il puisait la force de ne pas laisser Nathan seul et même si ce n'était pas une bonne excuse, au fond, s'il n'avait pas abandonné son unique et seul amour – parce qu'il n'aimait pas l'autre, non, il ne l'aimait pas, Bryan ne pouvait pas aimer quelqu'un d'autre – c'était grâce aux nuits qu'il passait avec un amant qui s'éternisait. Une année pour une décennie de passion et de mariage, ce n'était pas tant, un mensonge pour faire béquille, un silence pour trouver les mots, non, Bryan n'aurait pas dû mais Bryan n'avait pas eu la force de faire autrement et il n'avait même pas eu les tripes d'effacer les preuves.
Et Nathan était parti, et il ne pouvait s'en prendre qu'à lui.
Mais Bryan ne pouvait pas aimer un autre, Bryan ne pouvait pas vivre autrement et seul dans le salon, même la cheminée ne pouvait pas le réchauffer.
Un an, ça n'avait pas à tout briser, du sexe, des baisers, mais pas de l'amour, l'amour n'avait été créé que pour lui, embrasser, embrassern'était qu'un concept qui n'existait que dans les bras de Nathan. Il pouvait baiser mille hommes mais faire l'amourn'était que possible si celui qu'il enlaçait était le basané.
S'il fallait des mots, il les dirait, il les crierait et les chanterait, il les déclamerait sous la pluie et dans le vent, sous les fenêtres de tout Paris et il les murmurerait aux oreilles de tous ceux qui voudraient bien l'écouter. S'il fallait des mots, il les écrierait sur tous les murs et sur toutes les lettres.
S'il fallait des gestes, il les ferait plus de fois qu'il ne le pourrait, il les ferait mort et vivant, il les ferait vifs et lents, et son squelette les répéterait même mort, s'il fallait des gestes alors il cesserait de manger et de dormir pour ne faire qu'eux jusqu'à que son cœur ne soit plus que poussière.
S'il fallait des regards alors il ne regarderait plus que lui jusqu'à que ses yeux se ferment pour ne plus s'ouvrir, s'il fallait des étreintes, il l'éteindrait dans la tombe et dans la terre.
Mais il n'y avait rien, rien qu'il ne puisse faire ou dire pour qu'il revienne, pour qu'il l'aime à jamais et alors plus aucuns mots ou gestes n'avaient de sens.
Il y a des brasiers qui brulent plus ardemment que les foyers de l'enfers eux-mêmes, des flammes qui dévorent la raison et la passion. Et il y a des cendres qui silencieusement obstruent la lumière et les poumons jusqu'à que la vie et le souffle manque et que l'âme dépérisse. Nathan est parti.
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I'm back !
Désolé pour le silence, mais je vais faire de mon mieux pour rattraper mon retard malgré mon voyage pour le reste de la semaine.
J'aime Bryan et Miller de toute mon âme, imparfaits qu'ils sont et en désaccord dans leurs croyances et leurs opinions, je les trouve touchant et leur évolution est touchante. Je sais que j'ai un peu triché pour le prompt, mais pour moi c'est plus une ambiance globale que la phrase mot pour mot pour cette fois, hope you forgive me <3
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30 days to love
Romance30 petites histoires, douces ou amères sur the 100 [ couples divers ] [Escapril]