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[ Je me suis laissé porter par la musique, c'est très dramatique, mais ça m'a plut à écrire ]    


      28. Reflection

Prompt : « I can't see you. »

          Des grands balcons, le royaume s'étend sous l'or qui coule du soleil naissant. Il baisse le regard sur les maisonnées qui bruleront bientôt bien d'une flamme plus rouge que celle qui nait sur les tuiles sous l'astre montant. Il pense à ceux qui dorment encore sur leur matelas inconfortable à rêver de jours meilleurs, à rêver de jours qu'il veut leur offrir. Tout est pourri. Le monde est pourri, l'odeur de charogne se mêle à celle dorée des colonnes de marbres qui l'encadrent. Sa main se renferme sur la broche royale qui retient sa cape ivoire, la broche qu'il a portée des années durant avec fierté, le menton haut, au dessus de la plèbe quémandante. Sous la pulpe de ses doigts, le métal est froid et cruel et il tente de se souvenir d'un jour où sa présence réchauffait son coeur. Des jours qui ne sont pas si loin, où son titre de commandant en chef lui donnait un prestige qui motivait sa violence et loyauté. Des jours qui lui ont échappés.

« Nous allons pouvoir commencer, Majesté. »

Il a craché le dernier mot avec tout le fiel mielleux qu'il a pu accumulé à leur côté. Il regarde celle qu'il a servit avec honneur, si certain de choisir le chemin de la justice. Il suit les courbes voluptueuses de sa robes, vagues sur les dalles lisses sur lesquelles il l'a jetée. Son regard suit les volutes et tombe sur la couronne qu'il a adulé avec toute sa passion. La couronne qui a fait brillé ses rêves d'enfants et lui a donné une raison de vie. Renversée sur le sol, elle ne lui jamais semblé si pathétiquement vide de sens.

« Blake -

– Non. »

Il n'écoutera pas. Il a trop écouté. Aveuglé par les belles paroles et les joyaux, piégé dans cette cage d'ornements, incapable de voir dans quel monde il évoluait. Les yeux grands ouverts, les murs et les tapisseries n'ont jamais semblé autant se refermer sur lui. Il mettra le royaume à feu et à sang, il décimera la descendance et versera leur hémoglobine sois-disant bleu sur le parvis de la cathédrale. Il est si proche du but.

Il essuie son épée sur les draps de soie du lit à baldaquins, laisse ses doigts caresser le tissu devenu pourpre, ce tissu qu'il a tant froissé dans les bras de celle qu'il a passé sa vie à défendre. Elle n'est pas là. Elle ne tardera pas, et il lui faudra faire face. Il voudrait que le bruit de ces pas contre le sol rutilant n'est pas la même mélodie que celle qu'il faisait quand il la rejoignait en secret quand la nuit les protégeait. Dans le reflet de la surface polie, il croise son regard noir et essaye de reconnaître celui qui a grandit une épée en bois à la main et le coeur dans l'autre, prêt à sauver sa princesse. Entre les boucles brunes et dans les taches de rousseur il est incapable de voir l'enfant qu'il a été. Incapable de reconnaître celui qu'il espérait devenir.

Blanc comme neige, il regarde le sang se répandre entre les plis du drap et tacher le matelas. Il songe aux dizaines de soldats qui gisent au sol pour ne pas avoir accepté de le suivre, il songe à tout ceux qui auront tort et qu'il faudra éliminer. Il n'a jamais voulu en arriver là, on ne lui a pas laissé le choix. Il n'y est pour rien. Il en a finit d'être un pion dans cet échiquier corrompu, il est temp de rendre justice.

« Je peux t'aider -

– Préparez-vous à ouvrir les portes. »

Derrière la reine qu'il ignore avec rancoeur, Murphy hoche la tête et pars prévenir la garde royale à se préparer à la guerre qui ne tardera pas. Clarke a toujours été intelligente. Trop intelligente, sa fuite n'est pas un hasard, il n'ose songer depuis combien de temps elle la planifie. Depuis combien de temps elle l'embrasse en traître, avec la certitude qu'ils en viendront à se tuer un jour. A l'heure qu'il est, elle a du déjà prévenir les troupes alentours de la mutinerie qui se préparait. Ils viendront reprendre leur trône. Il sera le monstre qui combattra les vaillants, le méchant qui laissera derrière lui la désolation. Celui qui trahira sa princesse. Il n'en a cure. Ils l'ont construit à devenir cet être de sang et de métal, ils ont eux-même battit leur perte et ils est temps qu'ils goutent au prix de leur vanité.

30 days to loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant