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11. Not from your perspective

Prompt : « Ça signifiait la guerre. »

Tu sais, dans les livres, elles crient. Elles pleurent, tapent du pied, s'époumonent dans des oreilles sourdes, elles se roulent à terre et appellent à la pitié. J'ai regardé un film, pas plus tard, qu'hier, et elle prenait sa revanche avec assurance, et j'ai pensé que moi je ne pourrais jamais faire ça. Dans mes romans, tes regards doux et tes sourires amourachés, ça signifierait la guerre, et tu te sentirais bien bête si je me lançais dans un combat.

Mais je crois qu'au fond, tu le sais que je n'ai pas les armes pour me livrer à une bataille, et tu profites cruellement de mon pacifisme pour battre des cils et rêver en silence, et dans ton sommeil parfois son nom t'échappe et vient écorcher mon âme. C'est pas grave. Je cicatrise vite, j'ai la santé fragile mais je suis prompte à me remettre des peines de cœur. Au fond, qu'est-ce que ça change pour moi ?

Je sais pas Jasper, je crois que je n'ai plus la force de me battre, peut-être même que je l'ai jamais eu, peut-être qu'au fond ça m'arrange, de ne rien dire. Si tu savais alors tu partirais, si tu te rendais compte de la manière dont tu frôle son dos, si tu voyais tes yeux s'illuminer, si tu comprenais, si tu comprenais Jasper alors tu partirais. Pas vrai ?

Mon silence est tout aussi cruel, je t'arrache à la révélation, je t'arrache à lui, tes œillères je les réajuste quand tu te tentes de tourner ta tête et je souris innocemment quand tu me parle de lui avec cette voix que tu n'utilises jamais avec moi. Peut-être que de nous deux, je suis la pire, peut-être même que tu n'attends que ça, que je dise les mots que tu ne peux pas prononcer. Mais tu vois, Jasper, je n'ai aucun courage, et je me tairais ; nous sommes condamnés à errer dans notre malheur ridicule ; en équilibre dans cette situation précaire qu'un seul mot briserait. Mais moi, tu m'aime, tu ne m'aime pas assez et jamais tu ne m'aimeras comme tu l'aimeras mais à choisir, je préfère ton cœur qui bat pour un autre contre le mien que de te savoir dans des bras qui ne seraient pas les miens.

Ce n'est pas comme si tu l'embrassais, même si tes yeux le caressent tous les jours, ce n'est pas comme si tu lui murmurais des mots d'amour même si ceux que tu me confie lui sont dédiés. Me voilà bien hypocrite à me plaindre d'une situation que je ne changerais pourtant pour rien au monde.

Je me terre, je me terre dans un déni qui nous bouffe tous les trois et je laisse la peur m'engloutir qu'un jour vous vous rendiez compte que tout est plus simple quand vous vous aimez au grand jour. Je m'effraie à l'idée que l'un de vous deux craque ou réalise comme vos cœurs sont faits pour se superposer.

Mais ce n'est pas grave Jasper, tu ne m'aime peut-être pas avec autant de passion que tu l'aimes et tu ne m'aimeras peut-être jamais comme je t'aime, mais je suis prête à m'en contenter. L'amour c'est l'amour, qu'importe si je dois te partager avec un fantôme, incapable que tu es de le voir alors qu'il se dresse entre nous. Je m'en fous Jasper que ce soit de lui dont tu rêves parce que c'est moi qui habite ton lit, et je m'en fous de qui tu vois quand tu m'embrasse tant que ce sont tes lèvres qui pressent les miennes.

Dans les livres, elles crient, elles pleurent et tapent du pied, mais Jasper, dans les livres, leur homme n'est pas aussi aveugle et elles ne sont pas aussi faibles que moi.

Et tant que tu fermeras les yeux, je prétendrais qu'ils n'existent que pour moi.

Mais regarde-moi. S'il te plaît, jasper, regarde-moi.

––– 

Je déteste Maya, mais il faut sortir de sa zone de confort pas vrai ? Je trouve juste que c'est un personnage affreusement triste sous toute ces facettes, mais manquant cruellement de profondeur. 

30 days to loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant