24. Liar, liar
Prompt : « Comment est-ce que tu t'es blessé ? »
Je te regarde, tu es à l'aguet. Tu conspire sur ton tronc qui te sert de siège. La flamme éclaire dangereusement ton visage, tu es prêt à dévorer le monde et il n'en aucune idée. Oh tu vas tout ravager, mais personne ne le sait. Tu es en colère. Ta rage te consume.
Harper m'a contredit, tu déteste cette harpie, mais tu déteste encore plus ceux qui se mettent sur mon chemin. Et comme le bon second, tu rumines ta haine, et je vois dans tes yeux que tu es prêt à te venger. Tu attends la nuit, tu as toujours été à l'aise dans l'ombre, c'est là où tu as érigé ton royaume. Le jour, tu te tiens à mes côtés comme si j'étais son souverain, mais je sais que tu es bien plus puissant. Tu es de ceux qui surplombent mais se taisent, et dans le silence et le noir tu tires les ficelles pour que tout se passe comme je le souhaite. Tu penses que je suis dupe. Je ne le suis pas. J'ai les mots, j'ai les idées, j'ai le charisme. Tu as la force. Tu gouvernes dans l'ignorance, tu ne réclames aucune reconnaissance ou remerciement. Je t'ai dit de ne rien faire de dangereux ou stupide. Tu cherches vainement comment faire payer l'affront sans m'attirer des ennuis. Tu trouveras, tu trouves toujours, et tu me protégeras comme tu me protèges toujours. Tu détestes que je puisse savoir comme tu œuvres pour ma belle gueule. Ça saloperait ta réputation. Je deviendrais complice.
« Murphy, où est passé le sac de couchage d'Harper ?
– Je sais pas. »
Menteur.
Tu es ennuyé. Je le vois sur ton visage, tu voudrais te distraire. Tu pourrais venir me parler, je suis ton activité préférée, mais tu es fâché. Tu joues le fier. Ennuyé et énervé, ce n'est jamais un bon mélange, tu as noyé une gamine la dernière fois que c'est arrivé, pratiquement tué, pas méchamment, juste avec cette violence qui te caractérise. Tu n'es pas méchant. Tu t'en fous, c'est différent. Peut-être même est-ce plus dangereux. Tu jettes des sales regards à Jasper et Monty qui se taquinent, l'amour ça t'agace, tu trouves ça mièvre et facile. T'as la nausée qui transparaît dans tes yeux et je paris que si tu pouvais, tu leur vomirais dessus. A la place, tu prends Jasper à part et tu disparais. Quand tu reviens, tu souris et Monty pas du tout. Jasper l'évite et tu ricanes avant de marcher loin d'eux. Je mettrais ma main à couper que tu l'as plus que galoché, et je sais que tu sais que je sais. Je sais que tu adores m'emmerder. Tu me fais un clin d'œil. Salop.
« Tu sais pourquoi Monty et Jasper ne se parlent plus ?
– Pour que je sache faudrait que j'en ai quelque chose à foutre Blake. »
Menteur.
Tu te penches et tu embrasses la commissure de ma bouche. Tu fais ce rictus narquois et tu me regardes avec moquerie. Tu attends que je réponde, tu me mets au défi. Tu sais que je ne recule devant rien, tu sais que j'en meurs d'envie et tu sais que je ne te laisserais pas gagner. Tu profites. C'est trop facile. Je t'embrasse, parce que j'en ai envie plus que pour te prouver tort, et tu as ce petit bruit rauque qui sort de ta gorge qui me retourne l'estomac. Tu me murmures des saloperies et tu me provoques, tu veux que ce soit agressif, l'amour c'est pas ton truc. Je passe une très bonne nuit et toi aussi, mais tu ne l'admettras pour rien au monde. À la place, tu te rhabilles et tu sors de ma tente avec désinvolture sur un clin d'œil.
« Je te revois ce soir ?
– Dans tes rêves Blake. »
Menteur.
Tu t'es fait tabassé aujourd'hui. Je le sais parce que j'ai entendu Finn en discuter avec Jasper et ils semblaient embêtés. Il n'y a pas besoin d'explications, tu as des ennemis, tu te spécialises dans l'emmerdement du monde et la violence gratuite, il faut bien que ça te revienne à la gueule un jour ou l'autre. Tu penses que tu n'as besoin de personne, tu blesses et tu mords, un pauvre clébard battu. Sans avoir vu la scène, je sais que tu as craché, que tu t'es tus, tu n'as pas crié, pas protesté, tu as pris et tu as attendu que ça s'arrête. Tu penses que ce qui compte, c'est que je garde ma place. Le gentil toutou de Bellamy est une cible de premier choix, être mon chien de garde t'expose à bien plus de haine que tu ne l'admettrais. Quand je te retrouve dans ta tente, tu as l'arcade fendue et trop de bleus et de coupures pour que je les compte.
« Comment tu t'es blessé ?
– Je suis tombé. »
Menteur.
Il fait noir. C'est à ton tour d'être roi, mais tu m'utilise comme ton trône avec indifférence. Assis sur mes jambes tu m'embrasses et je suis heureux de ne pas être debout ou je m'écroulerais sûrement. Mais tu ne descends pas dans ma nuque comme à ton habitude, tu détaches tes lèvres des miennes et tu te niches dans mon cou sans un mot. Quand tu t'éloignes à nouveau, tu sembles en colère. En colère contre toi, contre moi. Alors je fais ce que tu ne t'autoriseras jamais, ce que tu n'oserais me demander, je pose mon oreille contre ta poitrine et j'attends que ton cœur me parle. Je m'écroule contre toi, je me laisse aller parce que le soir, c'est toi qui combats les monstres et les doutes. Je m'agrippe à ton t-shirt, et je te dis qu'un jour je n'aurais plus la force de mener. Que je dois me tromper, et que si ce n'est pas le cas, ce sera vrai plus tard. Que je ne suis pas fait pour ça. Je ne pleure pas, on n'a jamais pleuré, mais c'est bien plus parlant qu'avec des larmes et tu me serres contre toi comme tu n'as jamais osé me serrer. Tu caresses mes cheveux, tes lèvres pressent contre mon crâne, tu es là, tel un roc, immobile et inatteignable, immortel et immuable. Tu m'autorises d'être faible comme tu m'as toujours autorisé de faillir, tu me soulèves du torrent et tu me gardes loin de la tempête, te me protèges du monde et de ces remous. Tu murmures des mots, des mots qui chassent le trouble et l'inquiétudes, qui réchauffe le cœur et rassure l'esprit. Je me demande ce que serait l'univers sans toi pour m'empêcher de m'envoler. Une ancre. Je ne sais pas pourquoi tu t'évertues tant à soutenir le piètre roi que je suis. Je le dis à voix haute et tu prends ce sourire railleur qui te vas si bien et m'agace tant.
« – Il n'y a qu'à toi que la couronne sied, Blake. Ça doit être les bouclettes. »
Je passe une main dans ta tignasse.
« Je suis sûre que ça t'irait bien. »
Tu me regardes comme si j'étais la personne la plus stupide que tu n'aies jamais rencontré.
« Les gens ne veulent pas de moi comme roi. Ils te veulent toi. »
Je tire sur une mèche.
« Les gens sont stupides. »
Tu ne réponds rien, j'ai raison. Tu ricane et tu t'empares de mon menton avec défi.
« Dans ce cas, je ne vois pas pourquoi je continuerais à te suivre, souverain des imbéciles.
– Parce que tu m'aimes.
– Il faudrait que je sois fou pour m'éprendre de mon roi. »
Et malheureusement pour toi, tu ne mens pas cette fois.
–––
Enfin un texte que j'apprécie.
Désolé pour les trentes-milles motifs d'un coup, j'ai pris du temps à publier tout ça. Je suis aussi en retard sur le calendrier, tant pis.
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Romance30 petites histoires, douces ou amères sur the 100 [ couples divers ] [Escapril]