57 - Sureau

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4x03 - Isolation

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*pov Y/n*

"Dis moi qu'il va bien... implorante.

Je me retourne alors que je laisse la porte du bloc A se refermer sans que je sois rentrée.

"Je ne l'ai pas encore vu, Maggie... me tournant vers la jeune femme frémissante d'inquiétude. Pour l'instant, je ne ramène que l'eau chaude de la cuisine pour aider ton père ... Il dit que la tisane au sureau est antisept...

-Je sais les vertus du sureau, Y/n ! agacée.

Maggie se tient à plusieurs mètres de moi et je vois son désarroi évident.  Comment lui en vouloir ? Elle ne sait rien et se laisse ronger par l'inquiétude qui nous tient déjà tous.

"Les enfants sont couchés, Lizzie dort et sa fièvre est encore montée... Sasha...ne retenant pas un soupir, Sasha reste tranquille... amorphe plutôt...

-Ok, bien... prenant un peu plus sur elle de toute évidence.

-Je n'ai pas encore vu Glenn. C'est ton père qui l'a installé dans une cellule de la mezzanine... Mais depuis que Caleb est...

-Quoi, Caleb ?! relevant la tête à mes mots malheureux.

-Il est couché aussi depuis quelques heures maintenant...

-Vous n'êtes plus que tous les deux pour vous occuper de tout le monde alors ?!

-Oui... non... Certains sont encore assez vaillants, Janet nous aide encore un peu pour distribuer les gobelets de tisane... ou pousser la table à roulettes... baissant le ton à mes mots que je sais alarmants.

Je me dandine sur mes pieds, mal à l'aise, tenant la casserole chaude que j'observe comme si un poisson rouge nageait à l'intérieur en me tenant un discours silencieux.

"'Faut que j'y aille Maggie... Mon eau... Je te promets que je vais voir Glenn dès que je peux et je te dis...

Elle hoche la tête, ne me regardant même plus. Je vois sa bouche retenir une grimace, céder aux larmes.

"Prend soin de toi... de Carl... et de son père...

Elle remue la tête encore une fois, sans émettre un mot alors que ses yeux humides me regardent une seconde de plus, avant de s'éloigner rapidement. Je sais que je n'ai pas pleinement répondu à ses véritables attentes, et j'en suis désolée, c'est tout ce que je suis en capacité de fournir pour le moment.

D'un soupir lourd, je tire la porte du bloc A rageusement et pénètre dans le couloir plongé dans le noir. Les toux, sèches ou grasses mais surtout répétées, m'accueillent les premières.

"Te voilà ! s'écrit Hershel. Caleb n'est pas bien du tout...

Il ne prend même plus de gant pour m'épargner, on n'en est plus là, lui et moi.

"Et tu ne portes plus ton foulard sur la bouche non plus, Vieil Homme...

-Plus besoin, haussant les épaules. Tiens, mets le, toi...

-Fais ce que je dis, pas c'que j'fais ! souris-je tendrement en lui prenant quand même le carré de tissu des doigts. C'est vrai, j'ai toujours respecté mes aînés... surtout les plus anciens...

-Merci... sourit-il à son tour.

-Même quand ils font des conneries...

-C'est la meilleure des tactiques... valide-t-il d'un ton léger.

Il me fait doucement pivoter et noue le tissu d'un gros nœud derrière ma tête. Je retiens une protestation aiguë quand il tire mes cheveux par la même occasion. Puis je lui fais à nouveau face pour le voir bien plus préoccupé.

"Y/n... Caleb ne passera pas la nuit...

-Ils vont revenir avant  la nuit, Doc !

-Ca m'étonnerait que ce soit suffisant... il vaut peut être mieux garder les comprimés pour ceux qui ont encore un peu de temps...

-A ce point ?! Mais... ! Il allait pas si mal tout à l'h... !

-C'était déjà hier ça, Y/n... soupire-t-il. Va là-haut, vers Glenn... Déménage Sasha à l'étage et la gamine blonde aussi...

-Lizzie...

-Oui... Elles semblent moins avancées... peut être qu'en les mettant encore un peu à part... et espace leurs cellules...!

Il me prend la casserole des mains et s'éloigne lentement de moi, vers une des tables qu'il a réquisitionnées pour installer tout son attirail. Un véritable rituel du thé, avec l'ambiance zen en moins. Quelques thermos ouverts ont le goulot qui fument faiblement. Une lassitude lourde me prend soudain les épaules et le creux de l'estomac. Les volutes sont dérisoires face à l'ampleur de notre épidémie.

"Y/n... j'ai besoin de toi ma fille... ne traîne pas...

Je décide de m'occuper d'abord de Lizzie que je trouve assise sur son lit, regardant simplement le mur devant elle, droite, comme absente.

"On monte à l'étage... Viens, je t'accompagne...

J'attrape la couverture en boule sur le matelas, posée dans son dos et tend la main vers elle pour l'inviter à se lever.

"On va tous mourir ici ? sans quitter la peinture grise et écaillée en face d'elle.

Je me tends pour ne pas montrer mon mouvement réflexe au frisson qui me hérisse l'échine. Cette enfant me met mal à l'aise depuis le début et ses mots n'arrangent pas mon sentiment à son égard. Mais je me dis que ce n'est d'abord qu'une enfant, traumatisée au possible.

"Non... on ne va pas mourir... calmement.

-Carol ne vient plus à la porte pour me parler... Elle a dit qu'elle partait... Et je vois bien tous les gens qui sont allongés sur la table à roulettes que vous vous amusez à pousser rapidement, comme si j'allais pas les voir... Tu peux me le dire, tu sais...

-Plus personne ne va mourir, Lizzie... et... Carol est partie ?... intriguée.

-Comment tu le sais ? se levant enfin lentement pour venir à moi. Carol est partie, tes amis sont partis, et ils ne reviendront PAS !

-Biensûr qu'ils vont revenir ! Où est Carol ?!

-Elle a dit qu'elle partait en ravitaillement avec Rick... mais Carol ne reviendra pas ! Et c'est la seule qui me parle normalement ! Alors les autres... ! Ils s'en foutent de nous !

-Ils vont revenir... ! plus ferme à mon tour en la saisissant par les épaules. Ils vont revenir et ramener les médicaments, et tout va aller bien !

Je me penche un peu pour lui faire bien face, pour appuyer mes mots dont je veux me convaincre moi aussi, pour la fixer et m'assurer qu'elle s'en convainc elle-même. Ses yeux d'un bleu clair presque dérangeant restent insondables sur son visage qui se referme à nouveau.

Elle me suit enfin sans plus dire un mot jusqu'à l'étage, dans la cellule qui est l'équivalente de la mienne dans le bloc C. Elle se laisse tomber sur le matelas et fixe à nouveau le mur gris face à elle. Je sais que je n'existe plus à ses yeux d'enfant névrosé. Mais pour l'instant, je m'en contente, j'ai d'autres personnes à m'occuper.

Imagine - * THE WALKING DEAD *Où les histoires vivent. Découvrez maintenant