La Captive De Kader

9

Après avoir quitté subitement la sorcière, il tourne en rond dans son bureau sous les yeux de son bras droit Jamel. Le regard de Lahna a été bien trop insistant et intense pour rester une seconde de plus dans cette chambre. Il avait l'impression que ses vêtements lui serraient le corps avec l'incapacité de respirer convenablement.

— Kader, venez vous asseoir sur le canapé, souffle la voix de Jamel.

Kader, exaspéré se laisse tomber sur le sofa et ôte son turban.

— Jamel, je ne peux la laisser souffrir comme ça. Si tu as vu son visage triste et ce message au fond de ses yeux. Elle demandait de l'aide.

Jamel fronce ses sourcils et se redresse.

— Vous m'avez dit qu'elle était en quelques sortes droguée au couvent de Jordanie...

– Et je ne serai pas apte de faire cela à elle. Jamel, je me vois en elle. J'étais comme elle au départ, voire au bout d'un moment je me suis considéré comme un monstre avec mes pouvoirs.

Il se lève et part se servir un verre de bourbon.

Après avoir bu un gorgé, il dit :

– Je pense que je lui ferai un collier, comme le mien.

Jamel se dirige dans sa direction avec une mine inquiète.

Kader fixe son jardin en faisant un cul sec avec le reste de son bourbon et ferme ses yeux un court d'instant pour se vider l'esprit. Est-ce une bonne idée ?

Pourquoi fait-il tout cela ? Et surtout, pour une femme ?

– Kader, cela demandera beaucoup d'énergie, et je crains que votre force ne sera pas suffisant, contredit Jamel.

Kader lui foudroie du regard.

– Ne me sous-estime pas Jamel. Je suis capable de créer cette protection pour elle. J'ai réussi avec le temps, contrôlé ma magie, je sais l'utiliser et je sais que cela m'épuisera.

— Kader, vous serez affaibli pour deux semaines et que pensera le coven s'il sache que vous avez gaspillé votre magie pour la fille du sorcier le plus sadique sur Terre ?

Il contracte ses mâchoires et serre son verre entre ses doigts. Le défaut qu'il déteste chez Jamel, c'est qu'il ne comprend rien à la situation. Il n'est pas un sorcier, mais même un humain comprendrait la gravité des choses. Jamel n'est pas le grand sorcier, il n'est que le simple assistant.

— Le coven ne saura rien pour l'instant. Jamel, tu n'as pas intérêt de répéter tout cela au coven. Tout ça doit rester dans l'ombre, pour l'instant.

Jamel hoche la tête sans pour autant cacher son inquiétude.

— Kader, puis-je vous demander une chose pour m'éclairer un peu, demande-t-il.

Kader incline sa tête.

— Pourquoi faites-vous tout cela pour Lahna Shade ? Quelle est la place de cette femme dans votre vie ?

Kader pousse un long soupir, les yeux sur le jardin. Et il s'en rappel les paroles du roi.

— Lahna Shade sera mon épouse dans quelques mois.

Par les flammes du soleil qui traversent la fenêtre, Lahna se lève lentement avant de pousser une plainte. D'un geste vif avec sa main, elle tire les rideaux par sa pensée pour que sa chambre soit plongée dans le noir total. Mais quelques secondes plus tard, Salma débarque et lui demande d'aller se préparer.

La blonde, agacée se redresse sur son lit.

— Salma il n'est que neuf heures du matin, peste-t-elle en passant sa main dans ses cheveux emmêlés. Je pourrai savoir pourquoi on me prive de mon sommeil ?

La servante lui sourit d'un air désolé.

— Le Grand sorcier vous demande dans le salon.

Lahna roule ses yeux mais ne proteste pas. Avec nonchalance, elle part se préparer. Elle prend un jean et un simple débardeur avant de suivre Salma à travers ces innombrables couloirs.

Dès le matin, son esprit surchauffe. Pourquoi Kader voudrait la voir ? Qu'a-t-elle fait de mal ?

Elle prend une grande inspiration pour calmer sa nervosité. Elle voit le sorcier dos à elle et l'atmosphère devient déjà électrique. Elle voudrait racler sa gorge pour faire signe de sa présence mais se ravise quand Kader se retourne dans sa direction. Elle fronce ses sourcils en mirant les traits tirés de fatigue sur le visage de L'Égyptien et elle se force de garder sa langue dans sa poche.

— Vous avez bien dormi, Lahna ? demande-t-il en s'approchant d'elle.

— Ou...oui, jusqu'à Salma débarque et me demande que vous vouliez me voir, réplique-t-elle.

Elle le voit esquisser un sourire en coin.

— Je vois que vos réunions vous ont épuisée, dit-elle en essayant de combler ce silence.

— Effectivement. Mais maintenant, nous pouvons reprendre vos entraînements. Ne restez pas ici, prenez votre petit déjeuner.

Kader lui force de marcher en posant sa main dans la bas du dos de Lahna. Celle-ci, incrédule se dépêche de prendre place sur la chaise et commence à se servir.

Alors qu'elle s'apprête à prendre la carafe d'eau, Kader lui aussi s'apprête à prendre l'objet. Leurs doigts se touchent et Lahna a l'impression qu'un courant l'a traversé pour que finalement, elle  laisse tomber de se servir à boire.

— Demain, c'est votre anniversaire. Voulez-vous quelque chose en particulier ? questionne Kader.

Vivement, elle relève sa tête avec un sourire enfantin.

— J'ai toujours voulu revoir mon familier, mais à l'heure d'aujourd'hui, je pense que les sœurs sataniques l'ont brûlé, raconte-t-elle.

Son sourire se dissipe tandis que son regard se perd sur un point imaginaire. Kader, ne supportant pas voir cette tristesse sur un visage angélique, détourne les yeux.

— Je ne demande rien d'exceptionnelle pour demain à part de la tranquillité et passer du bon temps, ajoute-t-elle.

Le sorcier se lève brutalement sous les yeux bleus perplexe de la sorcière.

— J'ai pour vous un cadeau d'avance.