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— Je vous souhaite que du bonheur ! crie Reyna en les saluant avec la main.

Lahna lui lance un sourire crispé mais n'a pas cette bonne humeur de tout à l'heure. Non, tout s'est évaporé.

Elle se retourne et couvre son visage avec le foulard sans vraiment comprendre ce qu'il se passe en elle.

Kader remarquant le silence anormal de sa partenaire, l'observe longuement.

— Tu es bien silencieuse pour une fois, constate-il en enlaçant la taille de Lahna.

Celle-ci déglutit et ravale ses larmes qui se forgent au coin de ses yeux.

— Je suis fatiguée, dit-elle avec la gorge serrée. J'ai hâte de retourner au palais.

Il fronce ses sourcils mais ne pose aucune question par rapport à ce comportement étrange.

Arrivés au palais, Lahna se presse d'aller  dans sa chambre. Elle s'allonge sur son lit et puis, se frappe son front plusieurs fois à l'aide sa main.

— Mon dieu, dans quel bordel je suis, soupire-t-elle de frustration.

Elle touche son ventre avec un goût acre dans sa bouche. Avoir un enfant n'était jamais dans sa liste de souhait, du moins, elle n'en a jamais pensé à en avoir. Et cerise sur le gâteau, c'est sa chère amie qui lui annonce qu'elle est enceinte.

Lahna se pose plusieurs questions en se retenant vraiment de pleurer. Pourquoi elle n'a rien remarqué ?

Elle fixe son reflet dans le miroir et ne remarque aucun changement sur son physique.

Que va-t-elle faire ? Comment va-t-elle annoncer cela à Kader ? Sera-t-il heureux ou pas ?

Une angoisse grandit en elle alors que des milliers scénarios défilent d'une rapidité impressionnante devant ses yeux. Elle se hâte à aller boire de l'eau et pose ses deux mains sur le bureau.

— Lahna, tu es vraiment dans un gros merdier, vraiment, chuchote-t-elle.

Elle respire fortement et entend la porte s'ouvrir.

— Mademoiselle.

N'ayant pas envie de voir personne, elle se retourne et voit une servante. Une nouvelle ? se demande-t-elle en l'examinant de la tête aux pieds.

La servante détient des yeux d'un vert ensorcelant et d'une chevelure blonde. On aurait même l'impression qu'il s'agit d'une poupée tellement elle est belle.

Lahna se renfrogne et croise ses bras.

– Je dépose où vos vêtements ?

Lahna désigne sur son lit et observe chaque gestes de la servante.

— Vous êtes donc nouvelle, conclut-elle froidement. Vous êtes quoi ?

La servante lui sourit chaleureusement.

— Une sang-mêlé. Ma mère est une sorcière et mon père est un humain.

Elle acquiesce longuement.

— Comment vous vous appelez ? insiste Lahna.

La servante l'observe silencieusement et une lueur passe rapidement dans ses yeux.

— Vaia, mademoiselle.

Lahna lui fait signe de partir.

Quand la porte se referme derrière la jeune servante, elle trouve cette servante étrange. Elle a la drôle impression de connaître cette femme et l'aura qu'elle dégage en elle, est bien étrange.

Lahna chasse ses pensées et décide de se téléporter dans la palais de sa mère avec bien l'intention de se plaindre. Après ces mois passés, sa mère et elle se sont rapprochées. Évidemment, il y a encore quelques tensions, mais moins importantes.

Elle ouvre la porte du bureau de sa mère à la volée et la retrouve derrière son bureau.

— Lahna, toujours avec une entrée fracassante, soupire la souveraine.

La blonde se précipite vers elle et pose les mains sur le marbre de la table.

— Mère, je pense que c'est la fin du monde, j'ai fait une connerie. Enfin, pas une connerie, mais c'est vraiment grave ! Et je ne sais pas quoi faire. Je pense que je vais me terrer en Sibérie, chez ta cousine comme ça Kader, me retrouve plus et... et j'ai très peur !

Lysandra lance un regard incompréhensible à sa fille et fixe un point derrière elle. La mère se lève avec une mine sérieuse et baisse son regard sur le ventre de sa fille.

— Tu attends un enfant. Il n'y a rien de grave, Lahna. Parfois, j'ai encore l'impression de voir un gosse de huit ans devant.

Lahna ouvre grand ses yeux, outrée.

— Comment tu le sais ? Quelqu'un te l'as dit ? Pourquoi je ne le savais pas ? assène-t-elle, sur le bord d'une crise.

Elle ne comprend plus. Tout ce qui se passe actuellement, file une migraine à Lahna et elle se sent obliger de s'asseoir sur le canapé pour se calmer. En vrai, elle souhaite que cela est une blague, une mauvaise blague.

— Ton aura a changé de couleur, répond sa mère d'une voix tranquille.

— Mais cela explique peut-être pourquoi j'étais fatiguée certains jours, soupire Lahna, à bout du souffle. Mais qu'est-ce que je vais faire maintenant ? Je n'ai jamais occupé un enfant et attendez, mon malheur n'est pas encore terminé. Kader n'en sait rien du tout !

— Eh bien, tu dois le dire et rapidement, annonce sa mère. Ne crois pas qu'un enfant est une torture, tu l'aimeras. Vu ton état, je pense que tu l'as appris hier ou aujourd'hui, mais tu vas vite remarquer que tu vas aimer cet enfant dans ton ventre.

Lahna relève ses yeux embués de larmes.

— Mais j'ai peur. J'ai plus d'ennemis que d'alliés ici. Quand le monde sauront que j'attends un enfant, ils vont dire que cet enfant va achever le travail de Naphtali.

Sa mère s'approche d'elle et prend ses mains dans les siens.

— Lahna, on vit pas dans un monde merveilleux. Tu devras te combattre pour les personnes que tu aimes, comme moi je l'ai fait.

La Captive De Kader Où les histoires vivent. Découvrez maintenant