10 - LE CHARMEUR DE SERPENTS

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Elle pivota brusquement sur ses talons et revint vers Alice

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Elle pivota brusquement sur ses talons et revint vers Alice. Ses yeux lui faisaient l'effet de deux grosses loupes orangées.

- C'est la vérité ?

Alice, plutôt surprise que son annonce se montre efficace, ne put que bégayer.

- Hein ? Euh, oui.

Elle avait dit ça dans un sursaut de désespoir, jamais elle n'aurait cru que ça marcherait. C'était si inespéré. Elle avait maintenant plus de temps pour la convaincre de l'aider à percer le mystère de la forêt. A cette pensée, une envie de vomir s'empara d'elle. Elle contint sa nausée autant que possible. Mais Laurasia ne le remarqua pas, elle était plongée dans ses pensées.

Voilà donc quel était ce rugissement triomphant qui l'avait presque fait tomber du toit hier soir. C'était un dragon.

Un vrai dragon. Pourquoi n'y avait-elle pas songé plus tôt ? Elle eut honte de ne pas avoir deviné sa présence et oublia aussitôt le meurtre du jeune enfant. Désormais, rien n'avait plus d'importance que la proximité du reptile légendaire.

- Il faut que j'entre dans ce cirque, dit-elle.

Elle se précipita dans la direction opposée. Alice, déboussolée, lui emboîta le pas, ne sachant que dire de plus. Trottinant derrière Laurasia, elle fut étonnée par la médiocrité de son sens de l'orientation. Au lieu de passer par le bourg, elle suivait les ruelles les plus étroites et les enchevêtrements les plus compliqués de la ville.

- Attends, tu ne sais même pas où tu vas ! Lui cria-t-elle.

Mais elle n'écoutait pas. Elle était entrée dans une sorte de transe. Le dragon avait effacé toute trace d'intérêt pour quoi que ce soit. Pour sa dent, comme pour la mort de l'enfant. Aussi, Alice se fit la réflexion que Laurasia devait avoir d'énormes difficultés de concentration. Pourtant, elle semblait déterminée ; elle bifurquait dans les ruelles avec tant de rapidité qu'Alice se demanda si un énorme aimant ne l'attendait pas à la fin de son parcours.

Lorsqu'elles se retrouvèrent en face du chapiteau, elle se rendit à l'évidence, la pearlienne ne devait pas être si perdue que ça. Tandis que Laurasia se dirigeait à grandes enjambées vers l'entrée, Alice remarqua de nouveau trois hommes en uniforme à boutons, les mêmes qui avaient dispersé la foule, en train de discuter avec l'un des travailleurs du cirque. D'après les gestes échangés, la discussion était houleuse.

Alice se précipita sur Laurasia et l'attrapa par le coude avant qu'elle ne se retrouve elle-même devant l'entrée.

- Stop ! Stop !

Laurasia sursauta, comme si Alice avait les mains brûlantes.

- Lâche-moi !

- Attends, je veux entendre ce qu'ils disent.

Laurasia tourna la tête et comprit pourquoi elle l'avait arrêtée en pleine course. Les trois officiers insistaient pour entrer dans le cirque. Face à la détresse de l'employé qui gardait le portail d'entrée, une autre personne au physique androgyne s'interposa. Alice et Laurasia s'approchèrent discrètement et se dissimulèrent derrière une palissade afin d'entendre plus distinctement l'échange en cours.

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