Lorsque la créature passa juste à côté de sa cachette, Bill crut sa dernière heure arrivée. Mais elle se s'arrêta pas et poursuivit sa route plus loin dans la rue, traînant son énorme corps derrière elle en gargouillant.
Bill ne perdit pas une seconde et sauta par-dessus les tonneaux qui l'avaient habilement caché aux yeux du monstre, et se précipita dans la ruelle la plus proche. Il avait eu une chance miraculeuse de ne pas être repéré. Il n'avait pas vu quoi que ce soit, mais il était sûr d'avoir entendu des gens courir en passant à côté de lui. Il culpabilisait de penser ainsi, mais ça lui avait sauvé la vie. Le monstre s'était lancé à leur poursuite et l'avait oublié. Maintenant, il fallait qu'il fasse quelque chose, prévenir tout le monde, rentrer à la maison...
Il était perdu.
Le monstre était reparti dans la direction de la décharge, aussi il préféra ne pas emprunter le même chemin. Il avait entendu des gens râler sur le bruit, peut-être pourrait-il en alpaguer un ou deux et les avertir. Il ne voyait pas bien comment lutter contre une chose pareille, mais si les officiers avaient des armes, peut-être qu'ils pourraient se battre et faire fuir la créature. Il s'engagea dans une ruelle, frappa à chaque porte qu'il put trouver sur la route, mais personne ne lui répondit.
Il était totalement paniqué, encore sonné de ce qu'il avait vu. Si la thérianthrope ne s'était pas interposée...
Une pointe de culpabilité l'envahit alors ; elle était morte à sa place. Il ne la portait pas dans son cœur, mais jamais il ne lui avait souhaité une fin aussi brutale. Tout comme il ne comprenait pas pourquoi elle avait pris la peine de le protéger, tout cela venait s'ajouter à sa confusion mentale. Et son esprit n'était pas en état de traiter ce genre de question, il ne savait qu'une chose : il devait trouver de l'aide, toute l'aide possible.
Il déambula prudemment dans les rues, cognant aux vitrines des boutiques, sans jamais croiser personne. Ce coin de la ville était assez éloigné du carnage du monstre, les habitants ne s'étaient sans doute pas inquiétés du bruit. Désespéré, il se dirigea vers le centre de la ville, priant pour croiser plus de monde.
En dépit de l'urgence, il se montra excessivement prudent, il ne savait pas si le monstre était encore là. Il pouvait surgir de derrière n'importe quelle maison. Il se colla au mur d'une boutique et se pencha lentement pour analyser les lieux. La place du bourg était mieux éclairée que le reste de la ville grâce a quelques lampadaires. Grâce à cela, il put voir qu'un petit groupe de gens discutait sur le perron d'une grande maison blanche. Des bourgeois. Il y avait peu de chance qu'il puisse les convaincre d'agir, mais il fallait tenter. Il vérifia que la voie était libre, puis il fonça vers eux.
Ils n'avaient pas l'air alarmés, mais plutôt curieux. Il y avait trois hommes ; deux qui étaient sortis de la maison voisine, et un autre qui se tenait en haut des marches du perron avec deux femmes en robe de chambre. Ils avaient probablement entendu le bruit, mais ils ne mesuraient pas le danger. Ils étaient dangereusement exposés, si le monstre venait à leur tomber dessus, ils n'auraient aucune chance. Bill les interpella, et ils lorgnèrent brièvement dans sa direction sans pour autant cesser de discuter. Lorsqu'il arriva à leur niveau, il essaya d'agripper la manche d'un des hommes pour attirer son attention, mais celui-ci retira son bras avant qu'il puisse le faire, puis lui jeta un regard outré.
- S'il vous plaît, il faut prévenir les officiers, il y a...
Il se retint de prononcer le terme « monstre ».
- ... eu une explosion ! Il ne faut pas rester là et aller chercher de l'aide, vite !
- Allez psst, va jouer ailleurs, siffla l'homme sur le perron.

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Le Cimetière des Chats
FantasyLaurasia a quitté le désert pour se lancer sur la piste des dragons. Après un épouvantable voyage en mer, elle découvre le continent et sa nature discrète avec curiosité, avant de débarquer dans une ville touristique étonnamment délabrée : Le cimeti...