Attention, les choses deviennent sérieuses là. Aussi je mets un petit TW : violence et gore.
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Le soleil était déjà levé, ses rayons caressaient délicatement les étagères de livres. Lorsque vint l'heure de midi, sa chaleur lumineuse glissa enfin sur le visage de Laurasia, et elle ouvrit les yeux. Elle était pelotonnée en position fœtale dans l'un des fauteuils, cachée sous son énorme cape, improvisée en un simulacre de couverture. Elle se redressa lentement, moins engourdie que la veille, mais toujours aussi ramollie par le changement de climat.
Des voix s'élevaient depuis le rez-de-chaussée. Les enfants avaient déjà bien entamé leur journée. Après quelques minutes de réveil laborieux, elle se leva et rassembla ses affaires, prête à reprendre la route. Elle quitta la bibliothèque sans lui accorder un regard et descendit les escaliers en silence. Cette fois, les enfants qui s'étaient amusé à l'épier la veille prenaient garde à ne pas se trouver sur son chemin et fuyaient dans leurs chambres à son approche. La punition de Bill avait eu son petit effet sur les pensionnaires de la Maison rouge.
Arrivée devant la porte d'entrée, elle se demanda si elle devait avertir Alice de son départ. Peut-être était-ce plus poli ? Mais en même temps, elle n'avait jamais pensé devoir quoi que ce soit à qui que ce soit, et elle ne comptait pas changer. Inutile de lui faire perdre son temps, elle posa sa main sur la poignée.
Quand des cris courroucés attirèrent son attention.
- Mais c'est pas vrai, vous le faites exprès !
C'était la voix d'Alice.
Elle pencha la tête pour observer ce qu'il se passait dans la pièce adjacente. Quelques gamins, dont Guénolé, affichaient une mine contrite. Alice, toujours parée de ses vêtements jaune criards, se pinçait sévèrement l'arête du nez et soupirait bruyamment.
- Désolé Alice. On croyait que...Commença l'un des enfants.
- Ca va, ça va. Ne vous justifiez pas, ça va m'énerver, râla-t-elle en le coupant. Il en restait pour au moins trois jours, vous devez vraiment apprendre à rationner.
Elle désigna Guénolé.
- Et toi là, avec ton pote vous n'avez pas pensé à acheter un peu de bouffe pour la maison avec tout ce que vous aviez ?
- Euh, si mais... Bafouilla-t-il, tout en rougissant violemment.
- Vous avez déjà tout dépensé pour vous et c'est Léni qui a le reste, c'est ça ?
Il hocha la tête à l'affirmative puis fixa ses pieds tandis que la honte le submergeait. Les autres enfants, plus jeunes, se rassemblèrent autour d'Alice.
- Qu'est-ce qu'on va faire ?
- J'ai faim, dit une petite fille en lui tirant la manche.
Elle les tempéra doucement.
- On se calme. Je vais me débrouiller pour récupérer à manger. Il y a le marché ce midi, je vais bien réussir à négocier un peu de bouffe.
Laurasia comprit aussitôt pourquoi il y avait tant d'agitation.
Les réserves de nourriture communes étaient vides. C'était fréquent dans les orphelinats de quartiers surpeuplés. Quand elle était petite, les enfants comme elle étaient sous-alimentés et volaient fréquemment leur nourriture dans le cellier des adultes pour subsister. Et évidemment, seuls les plus forts avaient le droit de garder une part raisonnable du butin. Les plus petits devaient se débrouiller, ou se mettre sous la coupe d'un plus âgé pour espérer obtenir une ration.

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Le Cimetière des Chats
FantasiLaurasia a quitté le désert pour se lancer sur la piste des dragons. Après un épouvantable voyage en mer, elle découvre le continent et sa nature discrète avec curiosité, avant de débarquer dans une ville touristique étonnamment délabrée : Le cimeti...