ℋ𝓪𝓻𝒆𝓶 ℛ𝒆𝓿𝒆𝓻𝓼𝒆 𝓖𝓪𝓶𝒆 ★~ 𝓱𝓪𝓻𝒆𝓶 𝔁 𝓻𝒆𝓪𝓭𝒆𝓻 [=dossier]

Voltaire, mon ami

Voltaire était mon collègue et ami de longue date, on se connaissait depuis la classe de première L. Une simple collaboration pour un TPE avait suffit à nous découvrir une passion commune pour le droit et la justice, depuis, nous ne nous sommes plus quittés. Puis je lui ai annoncé un jour en terminale que ce n'était plus qu'un simple intérêt :

« Je veux prêter ma voix a ceux qui en ont besoin, lui avais-je simplement dit. 

–  Comment ça... ?

– Je veux devenir avocate. »

Il n'avais pas affiché le moindre étonnement. D'ailleurs, il n'avait pas vraiment manifesté de réaction non plus, son éternel sourire s'était juste élargi un peu plus. Je me souviens qu'il m'avait dit à ce moment là :

« Je te suivrai. »

Effectivement, il m'avait suivie jusqu'à la prépa, jusqu'à la fac, jusqu'à maintenant. Nous avions vécu pas mal d'épreuves que nous avions surmonté, par exemple, je me souviens qu'il avait rédigé entièrement une lettre de protestation après un procès qu'il avait perdu, contre le juge. Affirmant l'affaire truquée pour des raisons purement religieuses ( son accusé portait ouvertement une croix au cou, il s'agissait du père Mathéo Calas, un vieillard un peu excentrique ). Je l'avais beaucoup soutenu et notre amitié était devenue plus forte que tout... Peut être même trop forte. Ces derniers temps, il avait un peu changé. 

Je le voyais me jeter des coups d'œils censés être discrets dans ma direction, il se moquait moins de moi quand je commettais une gaffe ( oui, parce qu'avant, il était infernal avec mes petites bourdes ) et il était devenu étrangement... plus tactile ?

« Tiens Volt', tu peux me trier ces documents s'il te plaît ?

– Mais très certainement ! affirma-t-il. »

Je pouffai par autant de déférence de sa part en lui tendant les papiers en question. Arrivé à ma hauteur, il les prit délicatement sauf qu'au lieu de s'éloigner, il s'attarda sur mes mains, les frôlant lentement. Instinctivement, je les retirais.

« Qu... Qu'est-ce que tu fais ?

– ( il avait paru comme hypnotisé car au son de ma voix, il leva brusquement la tête vers moi, l'air interdit ) Hein ? Quoi ?

– Non, rien... »

Sentant qu'il avait peut être eu un comportement déroutant, il n'ajouta rien et partit exaucer ma demande. Plus un mot ne se fit entendre, seul le froissement du papier qu'on entassait possédait le monopole du bruit à présent. L'heure de ma pause approchait, je rangeais quelques affaires et me couvrit pour aller dehors :