ℋ𝓪𝓻𝒆𝓶 ℛ𝒆𝓿𝒆𝓻𝓼𝒆 𝓖𝓪𝓶𝒆 ★~ 𝓱𝓪𝓻𝒆𝓶 𝔁 𝓻𝒆𝓪𝓭𝒆𝓻 [=dossier]

♪ Aux premières loges d'un premier spectacle ♪

Ronsard ajusta un nœud papillon sur son col, il porta ensuite un miroir de poche devant son visage, à peu près satisfait de l'allure qu'il renvoyait : une aura d'artiste. Antonio qui n'était pas pas bien loin lui asséna un coup amical dans le dos avant de se pencher par dessus son épaule, un poil plus jovial qu'à l'accoutumé. 

« Tu es prêt pour le spectacle bambino ? »

Pierre sourcilla pour lui manifester son mécontentement. Il lui fit un geste impatient de la main, comme pour chasser une mouche, sauf que cette mouche en question lui pinça les joues en retour, il se dégagea en grognant :

« Je n'aime pas quand tu agis tactilement avec moi.

– Oh, mi dispiace. Je suis un peu nerveux, je l'avoue.

– Ni quand tu causes en italien d'ailleurs...

– Ah ? s'étonna son ami. Tu ne me l'avais jamais reproché avant, pourtant.

– Maintenant tu le sais. ( il se radoucit ) Je n'entends rien à l'italien moi... C'est perturbant.

– Je comprends. Je ne te toucherai plus va ! ( il leva une main solennelle )

– Bonsoir. salua Baudelaire qui était arrivé en plein ébat.

– Bonsoir Charles.

– Bonsoir vous trois ! »

Cette troisième voix les firent sursauter, elle se répéta comme un écho, répercutée contre des parois souterraines. L'instant suivant, une plaque ronde de métal fusa à travers la voûte assombrie du ciel pour venir s'écraser juste aux pieds des trois musiciens. Vivaldi poussa un cri de stupeur. Il avait bondi de dix mètres en arrière. Un homme surgit de la bouche d'égout, il lévita un moment avant de se poser gracieusement sur les pavés. Néanmoins, ce fut à son tour de laisser échapper un cri strident, il avait perdu sa perruque en vol, il s'accroupit donc dans les flaques d'eau afin de mettre la main sur son bien couvrant. Quand la chose fut faîte, il se racla la gorge, mal-à-l'aise.

« Eh oui, haha ! s'écria ce dernier. Je suis revenu à la vie !!

– C'est un drôle celui-là, intervint Baudelaire en le toisant avec défi.

– ( il poursuivit ) Donnez-moi un Jean, donnez-moi un Jacques ! Oui, vous m'avez reconnu, c'est moi, l'authentique Jean-Jacques Rousseau.

– Qui êtes-vous ? demanda Vivaldi.

– Un personnage lambda qui aurait dû être au centre de cette histoire. Voulez-vous entendre mes confessions ? C'est très intime vous savez.