Les clés nous permettent d'ouvrir des portes, chacune sa serrure. Devant nous se dressent des millions et millions de portes, certaines plus essentielles que d'autres, et certaines plus superficielle. Elles nous ouvrent ou nous ferment un chemin vers notre avenir.
On se souvient que notre première porte pour tous nous a mené vers la naissance, et on apprend qu'un jour, une autre nous mènera vers la mort.
L'avenir est un fantôme aux mains vides qui promet tout et qui n'a rien. Il est crée par ce qu'on fais aujourd'hui et pas demain, et la seule chose que nous savons sur lui c'est qu'il s'agit d'un seul jour à la fois.
" - Juvia ! S'écrie une voix derrière moi."
Je me retourne en entendant cette voix masculine que je ne connais que trop bien. Grey s'approche de moi en trottinant un sourire aux lèvres.
"- J'étais venu te chercher à la boutique mais ton patron m'a dit que t'étais partie depuis une heure."
Son sourire s'efface lorsqu'il me demande subitement :
"- Est ce que tout va bien au moins ?"
Je m'empresse de lui sourire et de me rapprocher de lui.
"- Oui Grey, tout va bien. Lui répondis-je d'une voix apaisée.
- Viens là."
Il ouvre ses bras, m'incitant à venir me réfugier contre lui. Il caresse doucement mon crâne et vient déposer un baiser sur ma tempe. Si il savait à quel point il était tout pour moi. Je n'hésite pas à profiter de cette étreinte pour m'enivrer de son odeur tandis qu'il resserre ses bras contre mon dos.
"- Tu fais quelque chose ce soir ? Me souffle-t-il.
- Comment ça ?
- On peut passer la soirée ensemble si tu veux. Me propose-t-il.
- Heu... C-C'est pas que je veux pas mais...
- T'as encore quelque chose de prévu ce soir c'est ça ? Me coupe-t-il froidement.
- C-C'est pas ce que tu crois, j'te l'assure tentais-je, en vain.
- Nan ça va j'ai compris. Cherche pas. Ecoute ça va presque faire un mois qu'on a pas passé de moments à nous tous seuls. Tu prétends être occupée c'est ça, tu n'avoue même pas que tu m'évites. Crache-t-il. Tu sais quoi ? Un jour si t'as envi de venir passer du temps avec moi tu viendras me chercher, en attendant je perds pas plus de temps, j'y vais.
Il se retourne, n'attendant même pas une réponse de ma part et s'en va, ne jetant pas même un regard en arrière.
Quoi ?
Je me sens flancher. C'est donc notre première dispute ? Mes mains se mettent à trembler. Je vous en pris, pas maintenant...
C'était bien le seul à me rendre encore vivante aujourd'hui. Je m'apprête à me diriger vers l'école, mais mon téléphone se met à vibrer.
"- Allô ?
- Lévy ? Que t'arrive-t-il ? Lui demandais-je surprise.
- Bah, on t'attends. Dit-elle sous une pointe de reproche."
Mes yeux s'écarquillent. J'avais totalement oublié. Wendy va chez Cherria, je devais rejoindre les filles chez Lucy. Petite soirée entre filles, ça devient de plus en plus fréquent chez nous.
"- Heu... j-je-
- Grouille. Tu veux que je vienne te chercher ?
- L-Laisse, j'arrive."
Je raccroche aussitôt. Je souffle et entame ma marche vers chez Lucy. Ca tombe bien j'ai pas besoin de prendre le bus pour m'y rendre. Ma boutique est à quelques pas de chez Lucy. Je prends mes écouteurs, et démarre ma playlist "coup de blues".
Grey m'en veut vraiment. C'est vrai, en réalité, je n'ai fais que l'éviter depuis plusieurs semaines. Entre ma mère, mon concours de fin d'année et Wendy, je l'ai totalement délaissé, lui qui a toujours été là pour moi. Je me rends compte que j'ai vraiment agis comme une idiote.
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"- Te voilà enfin ! Crache Lucy.
- Désolée."
Lévy vient à l'entrée avec nous et lorsqu'elle voit mon visage totalement défiguré par mon voile de tristesse, elle pousse légèrement la blonde pour me demander inquiète :
"- Tu vas bien ?
- O-Ouais, désolée par mon retard.
- T'avais zappé, me lance Lucy suspicieuse.
- J'ai eu une journée chargée.
- Je sais pas comment on doit le prendre... souffle Lucy.
- Luce, t'es plus une lycéenne, c'est bon. Tu viens Juv'? Renchérit Lévy, me prenant la main."
- C'est pas la première fois qu'elle nous le fais. Continue la blonde. Faut pas nous prendre pour des pigeonnes non plus, tu vois pas qu'elle nous trouve des excuses à chaque fois ? T'as pas l'impression qu'on passe pour des connes à force ? Jamais elle ne nous dit la vérité, et tu sais quoi ? Continue-t-elle. T'as toujours l'air d'une inconnue tellement je ne te connais pas.
Je retire violemment mon poignet, touchée par ses paroles, lorsque je perçois le regard surpris de toutes les filles dans la pièce. Je recule, jusqu'à percuter la porte.
"- Non mais, qu'est ce qui te prend ? Lui demande Lévy à l'entente de ses mots si durement dits.
- Faites la soirée sans moi. Chuchotais-je."
Je fuis de la maison, en claquant la porte. Je cours à en perdre haleine. Le ciel gris commence à cracher sa peine lorsque je sens des perles transparentes glisser et venir s'éclater sur le sol en "plic, plac, ploc". Mon coeur tambourine dans ma poitrine puis le sens se fissurer à nouveau. Je vais finir par le briser à force. Ma respiration s'accélère, puis mon souffle devient saccadé. Mes cheveux mouillés se collent à mon corps et mon visage, mes yeux se brouillent, enfin, mes jambes lâchent brusquement.
Je tombe lourdement sur le sol, criant presque un gémissement. Mes coudes et genoux sont écorchés, je rassemble mes mains ensemble, les sentant trembler à nouveau puis les appuie contre ma bouche, m'empêchant de hurler en pleine rue. Je suis souvent silencieuse quand je crie intérieurement. Les cafés sont encore ouverts à une heure pareille mais aucun client. Les rues sont désertes, tout comme la chaleur qui réchauffait mon coeur il y a des années.
Et là maman, que dois-je faire ?
Encore à ce moment là, une porte se ferme devant mon nez. Et j'ai peur. J'ai peur que toutes choses que j'ai aimé deviendront des choses que j'ai perdu. J'ai cassé deux clés d'or en un jour.
Il m'est difficile de respirer.
Il m'est difficile de penser.
Il m'est difficile d'exister.
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Une pluie marécageuse
Fiksi PenggemarLorsque la pluie s'abat sur les cadrants des fenêtres, une jeune fille ne semble pas y prêter attention. L'amour et le temps sont sous l'emprise de cet orage grisâtre. Un souffle divin s'approche lentement de cette bleutée, inondant son cœur de perl...