Il est compliqué de dire adieu quand on veut rester, il est difficile de rire lorsque l'on veut pleurer. Mais ce qui est impossible c'est d'oublier quand on veut aimer. L'ignorance et la distance sont bien les pires souffrances.
J'agrippe doucement sa petite main frêle et l'incite à déposer le tout premier bouquet que l'on vient déposer sur sa tombe. Je m'accroupis lentement devant la pierre et effleure de mes mains tremblantes l'écriture gravée. J'entends à mes côtés des sanglots étouffés et je sens sa main se décrocher de la mienne pour venir joindre ses lèvres. Elle serre sa peluche contre elle et dépose son dessin qu'elle lui avait dessiné pour sa dernière visite à l'hôpital, il y a de cela déjà quelques semaines. L'enterrement s'est déroulé qu'avec Wendy et moi, ainsi que la mère de Cherrya et sa fille.
Je pense qu'avoir sa copine auprès d'elle a libéré un poids en moins pour Wendy. Le crépuscule colore d'une couleur rose les feuilles d'arbres ainsi que les herbes du cimetière, tandis que les fleurs de notre bouquet restent colorées comme elles l'étaient. La nature porte toujours la couleur des esprits. Je n'ai jamais été une grande amatrice de fleurs, à vrai dire je n'ai jamais vraiment compris à quoi ça pouvait servir. Ma mère ne cessait de me répéter que chaque fleur n'avait pas de signification mais bel et bien une existence. Malgré sa grande passion pour les plantes, nous n'en n'avons jamais eu une seule chez nous. Mon père ne voulait pas, il trouvait ça d'aucune utilité.
A l'hôpital je n'ai jamais fais l'effort de lui en apporter, et pourtant je savais qu'elle en voulait. Qu'elle rêvait d'avoir au moins une pétale de rose devant ses yeux. Mais jamais. Et jamais elle ne s'est plaint ou n'en a réclamé. J'ai toujours pensé qu'il y avait plus important que ça.
Au contraire, je me suis rendue compte à quel point j'ai pu être égoïste auprès d'elle. Ô combien voulait-elle sentir des orchydées, ces fleurs au parfum si envoutant. Je savais que toutes ces senteurs pouvaient la rendre heureuse, je savais que toutes ces senteurs la réjouiraient plutôt que ma présence.
Je suis désolée, maman.
J'ai toujours essayé de comprendre ton amour pour les fleurs. La seule chose que tu me répondais était "C'est en croyant aux roses qu'on les fait éclore".
"- Dis? Émit une petite voix derrière moi.
Je sens une légère pression sur ma manche.
"- Wendy ?
- On peut rentrer ? Souffle-t-elle dans mon avant bras."
Je remonte mon regard vers la tombe de ma mère, et décide après quelques minutes de réflexion qu'il était temps pour Wendy de s'en aller de cet endroit.
Nous marchons le long du trottoir, la nuit pointant à présent le bout de son nez. Les lampadaires éclaires d'un faible halo de lumière les ruelles de notre quartier. La main de Wendy est toujours accrochée à la mienne, et elle ne risque pas de se défaire de si tôt. Nos chaleurs mutuelles nous rassurent l'une et l'autre, et je sais qu'à présent plus rien ne pourra me séparer de Wendy plus d'une journée.
« - Juvia ? Demande-t-elle après avoir laissé le début du trajet silencieux. Il est où Gray ? »
Mon corps se fige tout entier. Je resserre automatiquement mes doigts sur sa paume de main et tente de trouver une réponse, en vain.
« - Il me manque, avoue-t-elle en abaissant sa tête vers ses pieds.
- A moi aussi."
Nous remontons vers la rue de la maison, lorsqu'une vibration attire mon attention. Je sors mon téléphone de ma poche arrière et aperçois le destinataire du message.
De Lévy à 19:00 :
Coucou c'est moi... Je sais tu n'as surement pas envi d'avoir de mes nouvelles après ce qu'il s'est passé. M'enfin bon, j'aimerais m'assurer que tu vas bien Juvia... Mirajane s'inquiète pour toi aussi.
Lu à 19:00
"- C'est lui ? Il t'as envoyé un message? S'exclame soudainement ma soeur.
- Non Wendy, tu ne verras surement plus Gray pendant un moment d'accord ? Je me tourne doucement vers elle et ralentis la marche.
- M-Mais et pourquoi ? Gémit-elle une pointe de déception dans la voix.
- Parce que. Demain tu n'iras pas à l'école, et je verrais pour essayer de ne pas te faire sortir de la semaine.
- Hm... Murmure-t-elle.
- Je prépare des pâtes ce soir. Tu veux les manger à quoi ?"
Je peux vraiment être idiote dans la vie. Ma soeur a besoin d'un réconfort que je ne pourrais jamais lui apporter, et la seule phrase correcte que je peux lui placer c'est savoir ce qu'elle veut manger ? Juvia décidément Dieu ne m'a pas épargné. Je suis désolée Wendy, d'être une soeur pitoyable à ce point.
Quand je regarde l'horizon, je réalise que je suis seule.
"- Wendy ?"
Elle laisse ma question en suspens mais relève le regard vers moi, les yeux étouffés par le chagrin.
"- Je veux que tu me promettes une chose. Tu m'écoutes bien d'accord ?"
Elle lâche ma main, et prends une légère avance devant moi. Puis, je la vois s'arrêter et se retourner tête baissée.
"- Moi aussi, je veux que tu me promettes quelque chose." Avoue-telle la voix faiblissante à travers la peine.
Surprise, je m'arrête à ses côtes et plonge mes pupilles à travers les siennes.
"- Tu me le promet d'accord ? Redemande-t-elle les mains à présent liées devant son torse.
- C'est promis. Assurais-je un sourire bienveillant.
- Promets moi de ne pas m'abandonner comme maman l'a fait."
Ne promets pas lorsque tu es heureux, ne réponds pas lorsque tu es en colère et ne décide pas lorsque tu es triste. Mon être se sent subitement tiraillé, je suis fatiguée Wendy, mes yeux sont cernés et mon coeur est balafré.
Wendy, si la vie n'est qu'un passage alors au moins sur ce passage, semons des fleurs.
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Une pluie marécageuse
FanficLorsque la pluie s'abat sur les cadrants des fenêtres, une jeune fille ne semble pas y prêter attention. L'amour et le temps sont sous l'emprise de cet orage grisâtre. Un souffle divin s'approche lentement de cette bleutée, inondant son cœur de perl...