{ Pour la dernière fois }

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" Wendy, l'hôpital a appelé, descends !"

Je l'entends dévaler les escaliers quatre par quatre et elle finit par se pointer devant moi, un dessin en main.

"- On va chercher maman ? Demande-t-elle innocemment."

Mon coeur se serre, j'ai l'impression de ne plus respirer.

" E-Ecoute Wendy, c'est plus compliqué que ça à vrai dire. Avouais-je confuse, la voix tremblante. Viens, on va prendre le bus pour s'y rendre, tu veux bien ?"

Elle me regarde les yeux ronds, puis jette un coup d'oeil à son dessin. Les larmes menacent de couler, je mordille ma lèvre inférieure, l'empêchant comme je peux de trembler, puis incite ma soeur à sortir de la maison.

Le bus nous livre devant le parking de l'hôpital. Mes membres ne veulent plus bouger.

Aujourd'hui, nous allons débrancher ma mère.

Wendy se retourne et me demande, sa main tendue vers la mienne.

"- Dis, tu viens ?"

Je lui lance un faible sourire et agrippe sa main. J'ai envi de saisir mon portable, j'ai envi de l'appeler lui, j'ai envi d'avoir sa présence avec moi. J'ai plus de force sans lui. Mais lorsque je repense à la veille, tout m'en empêche. Je vais devoir me résigner à faire face ça seule, moi qui était rassurée auparavant que je ne le serais pas. Les filles me manquent, je n'ai eu de nouvelles de personne, à croire qu'elles étaient toutes d'accord avec ce qu'a dit Lucy.

Nous rentrons dans le bâtiment, et à peine ai-je traversé la porte, l'odeur de la mort vient faire trembler mes jambes.

"- Mademoiselle Lockser, le docteur vous attends dans son bureau. M'informe la secrétaire que je connais si bien."

Je déglutis puis hoche la tête. Je baisse le regard vers ma soeur et m'accroupis vers elle.

"- Tu connais le chemin jusqu'à la chambre de mama ? Wendy.

- Heu... oui je crois, me dit-elle, serrant son doudou et son dessin contre sa poitrine.

- Tu y vas ? Je t'y rejoins dans quelques minutes.

- Hm"

Elle baisse la tête et se dirige vers l'ascenceur.

Je ne pensais pas que ça allait être aussi pire que ça. Mon coeur tambourine contre ma cage thoracique. Je suis desolée, Wendy, de ne pas t'avoir laissé allée voir maman plus souvent.

Je suis désolée de t'avoir privé de ta maman.

Je suis désolée de t'avoir privé de ton amour maternel.

Je suis désolée de ne pas être restée plus souvent avec toi.

Je suis désolée de t'avoir laissé souffrir dans cette famille.

Mais sache que je serais toujours la première à t'aimer comme maman l'a fait.



Je n'écoute même pas ce que le médecin tente en vain de me dire. Je ne veux plus la laisser souffrir, je ne veux pas voir ma mère partir, je ne veux pas être seule. Je regarde par l'entrebâillement de la porte. Personne ne circule dans les couloirs, seuls quelques infirmières par-ci, par là.



"- Ma soeur est dans la chambre de ma mère. Pouvons nous lui laisser quelques minutes de plus ? Histoire de lui laisser son dernier moment auprès d'elle seule. Le coupais-je, en aillant assez de ses bourrages de crâne avec ses condoléances.

Une pluie marécageuse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant